chapitre 4

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    Cheryl :

Après avoir pleuré toutes les larmes de mon corps, je sortis de l’eau et m’enroulai dans une serviette. Lorsque je passai devant le miroir de la pièce, je fus choquée de voir à quel point mes yeux étaient rouges et gonflés. Je ne m’en inquiétai cependant pas plus que cela, sachant déjà quelle serait ma réponse si on me demandait ce qu’il m’était arrivé. Une fois habillée, je descendis rejoindre les garçons.

Alors que je m’apprêtais à passer la dernière marche, je surpris leur conversation. Apparemment, j’en étais le sujet.

- Tu crois sérieusement à son excuse de « Je voulais quitter les grandes villes » toi ? demanda une première voix, assez grave.

- Même si c’est faux, ça ne te concerne pas Charlie, répondit cette fois le deuxième qui, je supposais, était Dylan.

Je ne voulais en aucun cas que cette conversation s’étende plus que ça, de plus que le sujet était la raison de mon déménagement. Je décidai donc d’intervenir.

- Salut, les saluai-je en les faisant sursauter tous les deux.

- Salut ! me répondit Dylan. Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? s’inquiéta-t-il à la vue de mes yeux rouges.

- Du shampooing, dis-je simplement.

- Tu viens regarder un film avec nous ? reprit-il après avoir acquiescé.

- Oui, je ramène des provisions et je vous rejoins, souris-je, heureuse de sa demande.

J’allai chercher des chips et de la crème glacée dans la cuisine. Mais, soudain, je me figeai : moi, je ne mangeais jamais rien de tout ça. Je retournai finalement au salon, où m’attendaient Charlie et Dylan.

- Qu’est-ce qu’on regarde ? me renseignai-je, une fois assise et enroulée dans un plaid.

- American Sniper, me répondit Charlie, en me souriant pour la première fois de la soirée.

- Ok, acceptai-je.

Je l’avais déjà vu, mais je ne voulais pas les ennuyer. Dylan lança le film et on commença à regarder. Chacun piochait régulièrement dans les chips, alors que je n’avais touché à aucun des deux récipients que j’avais apportés.

- Tu ne manges pas ? me demanda Charlie.
Décidément, ce garçon posait beaucoup trop de questions !

- Je n’ai pas faim, rétorquai-je.

Il n’insista pas plus, et ne posa plus de question. Fatiguée par cette journée, je sentis mes paupières s’alourdir. Je ne cherchai pas à résister et me laissai petit à petit aller dans les bras de Morphée.

****
Lorsque je me réveillai, je n’étais pas dans le canapé, mais dans ma chambre. Il me faisait jour : j’en déduisis que je m’étais endormie avant la fin du film.

La honte.....

Je descendis les escaliers afin de me rendre à la cuisine. Je trouvai Jenna en train de prendre de prendre son petit-déjeuner. Elle regardait les informations que diffusait la télé de la cuisine tout en mangeant.

- Bonjour ma chérie, me salua Jenna en remarquant ma présence.

Visiblement, elle était de bonne humeur.

- Salut Jen, répondis-je, toujours honteuse de ce qu’il s’était passé.
Je pris un verre d’eau avec des tranches de citron dedans, puis m’assis à côté d’elle.

- Dis Jen, qu’est-ce qui s’est passé après que tu sois rentrée ? lui demandai-je, curieuse de savoir à quel point la honte m’envahissait.
Elle ria, ce qui était plutôt mauvais signe pour moi.

- Tu t’es endormie dans le canapé et, d’après Charlie, Dylan t’aurait rejointe peu de temps après. Du coup, c’était le seul réveillé et conscient de vous trois ! Je lui ai proposé de rester mais il a décliné : il a dit qu’il avait école et qu’il préférait rentrer avec Dylan. Avant que tous les deux ne partent, je lui ai demandé de te monter dans ta chambre, vu que j’en étais incapable et que James était déjà parti. C’était bien parti, sauf que quand il a commencé à te soulever, tu lui as donné un coup entre les jambes ! Heureusement pour toi, il n’est pas rancunier ! termina-t-elle en pouffant de rire, comme si elle racontait la blague de l’année.

- Oh mon Dieu ! dis-je en rougissant.

Tout ce que je voulais, c’était me cacher sous terre et ne plus jamais en sortir, au risque de me taper encore plus la honte !

- Tu devrais arrêter de rougir et aller à l’école, me conseilla-t-elle. Il ne te reste que cinq minutes avant d’être en retard.

- Ouais t’as raison. A ce soir ! dis-je en l’embrassant sur la joue.

J’enfilai mes Adidas à cloche pied, en tenant la lanière de mon sac dans ma bouche.
-
Passe une bonne journée ! me cria-t-elle depuis la cuisine, alors que j’ouvrais la porte d’entrée.

Je quittai la maison en courant pour attraper mon bus : le chemin à pied me prendrait beaucoup trop de temps, et je n’en avais pas. Mais bien sûr, chanceuse comme j’étais, j’avais raté le bus et n’avais plus d’autre choix que de marcher.

****
Une fois mon billet de retard dans les mains, je rejoignis ma classe. Je toquai et demandai la permission au professeur d’entrer. N’en étant qu’à mon premier retard, il m’accepta dans son cours.

Lorsque la cloche sonna, je m’empressai de quitter la salle de classe. A peine avais-je atteint les couloirs que je commençai à voir trouble, mes jambes ne pouvant plus soutenir le poids de mon corps. Je me sentis tomber en arrière alors que mes yeux se fermaient.
__________
Cette fois-ci, je ne me réveillai pas dans ma chambre mais dans une pièce aux murs blancs. Elle me rappelait étrangement mon ancienne chambre d’hôpital, ce qui me laissa penser que c’était l’infirmerie de l’école. Je restai là à fixer le vide, jusqu’à ce qu’une femme de petite taille entre.

- Oh, tu es réveillée mon enfant, me dit-elle en souriant chaleureusement.

- Pourquoi je suis là ? demandai-je, sans prendre la peine de lui rendre son sourire.

- Tu as fait un malaise, m’informa-t-elle en s’asseyant à côté de moi. Depuis combien de temps n’as-tu pas mangé un repas complet?

Et je compris soudainement la raison de mon malaise.

- Ce matin même j’ai mangé, mentis-je en priant qu’elle ne le remarque pas.

- Es-tu sûre de toi mon enfant ? me redemanda-t-elle.

- Oui Madame, mentis-je encore une fois.

- Bien, alors ça doit être dû à un manque de sommeil.

Elle se leva.

- Oui, je ne dors pas beaucoup à cause du décalage horaire, lui confirmai-je.

- Tout s’explique alors ! dit-elle en souriant. Tout ce que je peux te conseiller, c’est de bien te reposer.

- Je le ferai, ne vous inquiétez pas, affirmai-je en lui souriant à mon tour pour la première fois.

Nous continuâmes à discuter quelques temps. J’appris qu’elle s’appelait Elonie et qu’elle avait des jumeaux, un garçon et une fille. Jenna débarqua à ce moment-là, telle une furie, suivie de James, le visage déformé par l’inquiétude.

- Tu vas bien ma chérie ? me demanda-t-elle en inspectant chaque recoin de mon visage, tandis que James se renseignait auprès d’Elonie sur ce qu’il m’était arrivé.

Voir tout ce petit monde inquiet pour moi ne fît que renforcer l’idée que je devais prendre mon déménagement comme un nouveau départ.


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