At My Best

Chapitre 23

● Comment puis-je dire ça sans me briser?Comment puis-je dire ça sans perdre le contrôle ?Comment puis-je exprimer ces mots ? Quand c'est presque trop pour mon âme seule . ●
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C H E R Y L :

Même si je ne le montrais pas, j'étais très contente qu'il aborde le sujet. Je ne pouvais nier le fait que j'étais perdue. J'avais cessé de m'attacher après ce que Reece m'avait fait. Depuis m'attacher aux gens était un luxe que je ne pouvais me permettre. Pourtant je m'étais malgré moi accrochée aux personnes qui m'avaient intégrée dans leur bande comme s'ils me connaissaient depuis des années. Ils avaient pansé sans le savoir quelques-unes de mes blessures. Ils m'avaient permis de reprendre goût à cette vie qui avait perdu de ses couleurs .

Mais Charlie lui était différent. Il était différent des autres garçon que je connaissais s Il était beau, gentil, intelligent et profondément bon . Alors que moi j'étais sale et souillée par mes démons. Je transportais avec moi tellement de secrets et de malheurs que je ne pourrais tous les citer. Je ne le méritais pas. Il méritait mieux. Je venais seulement de prendre conscience de ce fait.

Je remplaçai le sourire que j'avais par un visage froid qui ne laissait aucune trace de la tempête qui venait de passer en moi.

- Je suis désolée Charlie mais pour moi il ne s'est rien passé, annonçai-je priant pour que ma voix ne tremble pas .

Il fronça les sourcils, visiblement insatisfait de ma réponse.

- Pourquoi tu te braques soudainement ? Je pensais qu'on avait réglé ce problème.

- Je ne me braque pas. Je ne fais que dire la vérité.

- Mais de quelle vérité tu parles Cheryl ? Si tu as quelque chose à dire, dis-le directement.

Je pensais qu'il abandonnerait après un petit mensonge mais j'aurais dû me douter que Charlie ne lâcherait pas aussi facilement.

- J'en ai marre que tu fasses celui qui s'inquiète et qui comprend alors qu'en réalité non . Tu te trompes Charlie. Tu trompe lourdement sur mon compte.

- Ah bon ?! Et bien dis-moi ce qui te fait dire que je me trompe sur ton compte ? s'écria-t-il .

- Non et non. Dégage Charlie j'ai pas envie de te parler. Casse toi , criai-je en le poussant de toutes mes forces .

Il ne bougea pas d'un centimètre et me laissa le frapper.

- Non je ne partirai pas, parce que je n'ai pas envie de t'abandonner. Et si tu as quelque chose qui te préoccupe dis-le moi, répondit-il en attrapant mes poignets, ses yeux verts plongés dans les miens .

Cette fois-ci je ne pus retenir le torrent de larmes.

- Tu vois c'est pour ça que je te repousse. Je ne te mérite pas. Je ne mérite pas qu'une personne comme toi me porte de l'attention, chuchotai-je désespérée.

Il me sourit timidement, puis ses yeux se posèrent de nouveau délicatement sur les miens . Il finit par prendre la parole :

- Tu as la mauvaise habitude de briser ton propre cœur jolie rousse .

Ne sachant pas trop quoi répondre à ça je me contentai de baisser les yeux.

-Je ne comprendrai probablement jamais comment une fille aussi géniale que toi se dévalorise sans cesse, annonça-t-il soudainement.

- Géniale ? Je suis tous sauf géniale Charlie. Le mot géniale n'est pas l'adjectif que les gens utilisent d'habitude pour me décrire. Grosse, baleine , assassin sont plus populaire quand il s'agit de me décrire, répliquai-je amèrement.

Il souffla en se passant la main sur le visage.

- Qu'est-ce-qui a bien pu t'arriver pour que tu te dévalorises à ce point la ? Soupira-t-il .

- Je suis sûre que lorsque tu le sauras, tu me fuiras comme la peste et tu te sentiras bien stupide d'avoir essayé d'être mon ami.

Il ne répondit pas toute de suite se contentant de sourire en coin .

- Je ne te fuirai jamais, sache-le Cheryl, annonça-t-il .

Je levai vers lui les yeux tentant de lui faire passer un message silencieux.
- Crois-moi tu le feras, assurai-je .

Il souffla agacé de mon entêtement.

- Et si tu me laissais me faire mon propre avis ? Raconte-moi et on verra .

- Je peux pas. Désolée Charlie je ne suis pas encore prête, dis-je en m'asseyant sur le sol .

Il se laissa tomber à mes côtés en soupirant.

Après quelques instants d'hésitation, je me mis à parler le regard dans le vide en priant de ne pas replonger dans mes cauchemars.

- Je me souviens de tout. Ses vêtements aussi noirs que ses cheveux épais et ternes . L'éclairage dans ses yeux bleus. Le bruit ineffaçable des mes mains moites que je frottais sur mon jean. Je me souviens avoir tout oublié. Les rumeurs semblaient s'effacer au loin. Mais le sentiment de béatitude que je ressentais avais disparu aussi vite qu'il était apparu. J'avais tremblé de tous les membres lorsque sa main avait commencé à remonter le long de ma cuisse jusqu'à mon entrejambe. Ma gorge s'était soudain asséchée et les mots semblaient prisonniers de ma bouche. Lorsque j'avais levé mon bras pour le repousser, il l'avait enserré de toute ses forces. J'aurais voulu hurler, crier pour qu'on m'apporte de l'aide, mais j'avais vite réalisé avec effroi que la maison était vide. Alors je m'étais contenté de pleurer silencieusement. Je sais que tu te dis que j'avais abandonné bien trop facilement, que j'aurais dû continuer de me battre. Mais à quoi bon ? Je savais qu'il n'y avait aucune issue.

Je posai mon regard sur lui pour jauger sa réaction. Il serrait tellement les poings que ses phalanges avaient blanchies.

- En s'apercevant que je pleurais il était entré dans une colère noire. Il m'avait violement jetée à terre. Mon visage avait heurté le sol dans un bruit sourd. Puis il m'avait craché des mots tellement durs et cruels... C'était comme si on m'avait enfoncé un couteau dans le ventre et qu'on l'avait remué dans la plaie. Mais il ne s'était pas arrêté là. Ses paroles résonnent encore dans ma tête.

Je ne vais pas te violer . Te violer serait te donner une chance de m'oublie . Mais tu vois petite pute j'ai envie que tu ne m'oublie jamais. Jamais.

- Et quoi de mieux pour marquer une personne que de lui laisser une cicatrice indélébile ? Il avait posé du fer chaud sur mon épaule. J'aurais pu m'en sortir mais comme il l'avait dit, jamais je ne pourrai oublier ce qui s'est passé cette nuit. Et dans ces moments-là, qu'est-ce qu'on peut bien faire ? Déposer plainte ? Je n'aurais jamais eu le courage de le faire. En parler ? Personne ne m'aurait écoutée. Alors on se renferme dans un silence qui nous tue chaque jour un peu plus. On se dit que c'est de notre faute et on commence à se haïr. J'avais fini par détester mon corps. Chaque fois que je croisais mon reflet dans le miroir, je me sentais tellement sale que je me dégoutais.

- Que s'est-il passé après ?

Je me tournai vers lui et souris tristement.

- Après ? J'ai tenté de me suicider.

Il poussa une série de juron avant de mettre ses mains sur mes joues et posa son front sur le mien.

- Jamais, tu m'entends, jamais je ne t'abandonnerai. Et je peux te jurer que je ne laisserai plus personne te faire du mal.

Et il écrasa brutalement ses lèvres sur les miennes pour me prouver la sincérité de ses mots.

Et pour la première fois de toute ma vie je me sentis bien. Tellement bien que j'avais eu la sensation que tant que ma main tiendrait la sienne, je pourrais combattre tous mes démons.

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