la peinture

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jaune heureux, orange coloré, rouge somptueux, bleu comme le gazon, vert comme le ciel

toutes les couleurs y sont passées. 


on peinturait les murs de nouveaux souvenirs, la tête ailleurs, le corps présent, la coloration sur nos doigts, le sourire au visage. 


d'un coup de pinceau, tu rendais tout le monde entier plus beau, plus vivant, plus frappant. 

l'aquarelle se formait sur nos larmes de joie, larmes de bonheur.

tu peinturais les murs avec une telle délicatesse que même les petits toutous doux à 7$ au Walmart étaient jaloux,

on s'regardait avec tant de tentation qu'on ne savait plus trop ce que pensait l'autre. 

les murs semi-peinturés, mon corps à moitié en flamme, mon sourire à peu près apparent, ta soif d'originalité, tes histoires racontées qui m'faisaient planer dans une autre galaxie. 


de tes doigts tu m'as peinturé l'visage, tu m'as coloré les joues et effacé mes peines,

mes lunettes tachées, mon chandail marqué d'éclaboussures de mélanges toxiques multicolore, ton cou maintenant teinté par le liquide que j'ai posé d'mes doigts luisants,

je ne savais pas trop où cette incorporation allait mener, l'ambiance maintenant changée. 


le vêtement enlevé, je commençais à paniquer, les explosions d'émotions s'entrecroisaient avec ton parfum vanillé, 

blanches comme neige, mes mains touchaient tes épaules, ta nuque, les murs colorés d'notre amour,

c'était de l'amour. 


stressée et entamant une discussion où je n'faisais que bafouiller, tu me fixais avec silence, prenant mes mains dans les tiennes, embrassant chacune de mes phalanges.

la peur dans mes yeux et le calme dans les tiens, tu m'as promis de faire de nous une des meilleures histoires du monde entier. 

du monde complet, grand comme il est, coloré de nuances et teinté de gens différents, vivant tous quelque chose de différent.


je me laissais donc aller, tu te débarrassais de mes vêtements aussi rapidement que lorsque tu te décidais à choisir ton repas au Mcdonalds, 

t'étais lente en fait,

donc c'était doucement que t'enlevais les obstacles qui te barraient la route, qui t'empêchaient de toucher mon corps. 

c'est en m'embrassant de tes lèvres rouges de désir que j'ai compris ce que tu voulais me faire,

en amour avec chacun de tes mouvements, tu mordais mon cou lentement comme si t'adorais  me voir mourir à petit feu, 

le jaune dans la pièce, le soleil plombant sur nos corps, le fait de s'allonger sur un plancher fraîchement renouvelé ne te dérangeait pas tant que ça, 

tant qu'on fasse de l'art dans cette salle, un geste à la fois, un sous-vêtement en moins et des millions d'émotions en même temps. 


la peinture n'a pas eu l'temps de sécher, tu m'embrassais partout sans me laisser le temps de reprendre convenablement mon souffle,

la musique dans la pièce d'à côté ne faisait qu'étouffer notre désir trop présent, 

les clavicules libres, mon corps coincé sous le tien, nos rêves se réalisaient tranquillement ; 

nous vivions et créions l'art, ensemble. 


tes doigts dans mon corps, mon cerveau essayant de tout assimiler, l'âme un peu endommagée des années passées, 

et ta belle humeur, ça me faisait trembler.


comme mon prof d'arts disait, il faut adopter ses tâches, donc quand on fait une erreur, il faut vivre avec. 

on l'a fait toute la journée, contre les murs, le plancher, dans la peinture, la coloration d'nos joues empourprées. 


on faisait l'amour comme deux jeunes artistes, deux jeunes êtres humains qui savaient quoi faire, 

ma peinture m'est restée permanente. 

c'est vers la fin de la journée que tu m'as soigneusement dit 

"t'es la plus belle oeuvre qu'on a jamais faite sur la terre." 

et c'est à ce moment là que j'ai commencé à me détester que tu m'admires, j'ai donc répondu

"t'as effleuré chacune des parties de mon corps comme une artiste experte."

bon bof, moi ça voulait rien dire tu vois, 

parce que être poétique, c'est pas trop mon truc,

mettons que m'faire jouir ça t'a probablement plus plu que d'autre chose. 


à la fin d'nos vies, serons-nous toujours ensemble? 

j'me suis demandée ça longtemps, 

et un jour, ensoleillé comme on dit pour s'donner un petit boost d'positivité, 

je t'ai croisé dans la rue, 

aussi souriante que moi, la couleur au visage,

le même portrait qu'avant,

on s'est fixées peut-être longtemps, quelques secondes suffisaient pour m'faire peur, 

j'voyais que la peinture que t'as autrefois mise sur moi, n'avait toujours pas disparue pour toi. 


et peut-être que moi non plus, 

j'voulais pas être la plus belle oeuvre du monde, 

j'voulais qu'ensemble nous soyons une composition digne du paradis, 

qu'on recommence à s'caresser et s'peinturer le corps dans nos salles semi-colorées. 


elle t'a manipulée comme d'largile, c'est maintenant trop tard, 

elle boit son éternel café, avec les gens importants dans sa vie, 

et toi tu restes stressée par tout.


je faisais l'amour avec la mort, maintenant. 

le désir manquait, et toi aussi. 

ton regard fier, tes limonades glacées, tes anecdotes d'étés, 

tu avais détruit mon "moi", 

que ce soit une oeuvre ou non, 

tu l'as déchirée. 

faire l'amour dans des pots de peinture c'était peut-être pas la meilleure idée du siècle, mais ça m'avait rempli l'esprit de nouvelles histoires à raconter. 


aloesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant