aloes

2014

mes cheveux entremêlés, pas très à la mode non plus, pas super longs et très mal placés. je me réveille chaque matin en souhaitant que ça va aller mieux. durant le mois de septembre, je me demande si le secondaire va tant m'affecter que ça (la réponse est oui), ma mère prépare parfois mes déjeuners pis comme ce que je sais mieux faire c'est des oeufs brouillés.

au mois d'octobre, je commence sérieusement un journal intime qui est très gênant aujourd'hui. je commence à regarder une fille dans ma classe en me demandant pourquoi je la regarde autant. mes yeux sont mes meilleurs atouts, même si je porte fuckall mes lunettes carrés et démodés. j'suis une fille démodée pis je le sais. j'ai même pas encore 12 ans et j'ai bin de la difficulté à m'exprimer. la seule façon de m'évader c'est dans mes courts d'arts plastiques où ma prof me trouve pas bin bonne pis c'est en écrivant une bonne couple de pages dans mon cahier à secrets. j'ai aucune misère à oublier les copains du primaire, je ne pense plus à eux. le bus m'apporte à mon école et j'dépose mes choses dans mon casier, toute stressée.

j'suis fucking gay, novembre et je me questionne en esti. je regarde du porn (c'est trop illégal) pour m'aider à trouver les réponses, j'trouve pas tant ça épatant mais ça passe mes soirées où j'prends mon ipod en secret dans ma chambre après mon couvre-feu. entretemps, mon père et moi font deux en titi. je rêve de la fille de mes rêves sans même qu'elle soit attirée par les filles elle aussi. c'est mon amie et j'ai toujours de la difficulté à pas lui dire.

je passe devant sa case le plus de fois possible même si j'ai tellement la chienne et que j'tune fille inoffensive. elle me trouve drôle parce que je suis souvent mal à l'aise et moi, bin je la trouve juste parfaite. un souvenir du secondaire que j'aimerais bien garder, parce que j'étais ridicule et elle, invincible. belle, imprévisible. j'analysais chacun de ses gestes en les gardant en mémoire et en les écrivant chaque soir. des crampes au poignet j'en ai eus, autant que des mouvements retenus.

ça rime pas pis je m'en caliss, je veux juste te décrire ce qu'il s'est passé dans ma vie durant mes 11-12 ans, les années où t'es laid sans même faire d'effort, où que les grands couloirs te font peur et les petits échecs te fouttent la chienne.

mes notes et les efforts qui vont avec sont inversement proportionnels : je me force jusqu'à m'ajouter des cernes pour finalement pas passer pour une cent. mes amies autour n'ont pas l'air de comprendre plus que moi, depuis toujours j'ai une gueule de bois chaque matin sans même prendre de l'alcool une fois. mon cerveau est parsemé de bibittes désagréables et je pense à me le faire nettoyer et examiner.

j'fais un projet avec la fille que j'aime bien, durant l'hiver on devait construire une sorte de boîte anti-gel. une boîte de carton, tout ce qui a de plus con. aussi con que le cœur qu'elle a dessiné dessus avec nos deux noms dedans, j'peux vous dire que ça m'a troublé assez longtemps. je l'aimais tellement, l'école nous a donné un verre de chocolat chaud que j'ai décidé de lui donner. je voulais qu'elle aille chaud au cœur en me voyant mais sérieux pas tant.

ses jokes sexuelles me tourmentaient, je sais même pas qu'est ce que ça veut dire.
ah oui merde, j'ai oublié de dire qu'elle aime seulement les garçons?

j'ai oublié des bouts et une chance, car sinon je m'enterrerais vivante jusqu'à ce que mon corps disparaisse de ce monde.  

les mois d'octobre ont toujours été très intenses pour moi.