Chapitre quinze.

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Chapitre corrigé le 15/07/2018

L’atmosphère est pesante. Le corps sans vie de Kel, plus pâle que jamais est allongé sur notre grand lit. Ses mains sont l’une dans l’autre, posées contre son ventre. Ses lèvres sont complètement sèches et bleutées. Ses cheveux ont ternis.

Quand je vois l'impact de sa blessure et le sang sec sur son corps, je prends conscience que c'est la réalité. Très rapidement, nous le débarrassons de sa tenue le laissant complètement nu. Silana est perturbée par la nudité de son fils mais elle reprend rapidement ses esprits en comprenant les enjeux à la clé. La résurrection de son fils ne dépend plus que d'elle. Pour l’occasion, ses grands parents sont ici, et même Kaeris a tenu à entendre la voix de sa fille. Nous sommes tous angoissé à l’idée que le chant de Silana échoue.

La reine des vampires ne peux chanter cette chanson qu’une fois dans sa vie, et c'est son fils qui en est l'heureux bénéficiaire. Je viens l'embrasser sur ses lèvres mortes une dernière fois, s’il venait à ne pas jamais se réveiller.

Silana me regarde dans les yeux comme pour m'assurer que tout ira bien.

Theos me prend par le bras, non sans une petite pression pour que je recule avec lui. Il est aussi grand que moi. Kel tient ses yeux de son père mais il ressemble à sa mère. Les cheveux bruns du roi tombent légèrement sur sa nuque tout en encadrant parfaitement son visage.

La peur de perdre Kel est trop grande pour tout le monde. Mais je suis sur que pour ses parents, c'est encore plus dur.

Je sens les battements frénétiques de mon cœur pulser contre ma poitrine. Je peux sentir le passage de mon sang dans ce nombre indéchiffrable de veines. Je sens un torrent d’émotions m’envahir.

—Je te confie mon fils, Kalaën.
—Theos ?
— Tes sentiments sont sincères envers Kel. Nul doute qu'il est entre de bonnes mains, dans les tiennes.

Puis, nous rejetons notre attention sur Isis. Elle est la seule à pouvoir faire un miracle à présent.

Après l’avoir fixer longuement, elle se redresse légèrement mais sans lâcher la main de son fils. Silana semble avoir besoin de ce contact pour mener à bien sa tâche. Elle le fixe avec tendresse avant de laisser sa voix sortir d'entre ses lèvres. À sa façon, elle va exprimer son amour de mère.

Sa voix est aiguë et résonne dans la pièce. La langue est la même que celle utilisée par Kel par le passé. Je ferme les yeux en me laissant bercer par sa voix.

En ouvrant mes yeux, je remarque que tous sont submergés par la voix de la reine, même Kaeris. L’émotion est grande et je suis sûr que tous ont le cœur qui bat. La reine s’approprit les paroles pour en faire un chant unique. Son visage semble serein. La pièce est pleine de particules lumineuses. Et le temps semble s’être arrêté tout autour de nous.

Pendant sa chanson, Silana me fait signe de la rejoindre. Je m’assis sur le rebord du lit en caressant le visage de Kel.

Ma main passe sous sa frange afin de dégager son magnifique visage endormi. Ce qui me fait immédiatement sourire, c’est la chaleur qui s’échappe de son corps. Je sens sa respiration, Kel commence même à s'agiter sur le lit sans pour autant ouvrir les yeux. Je laisse mes yeux s'humidifier de larmes en l'imaginant déjà les ouvrir. Et le bonheur traverse mon être en sentant la vie le regagner et sa plaie se refermer. Je serre son autre main avant d'entremêler nos doigts ensemble. Instinctivement, les siens suivent le mouvement.  Je sens la chaleur de sa main passer sous ma peau.

Puis, elle termine sa chanson dans l'émotion. Elle verse des larmes pour son fils avant d'embrasser son front avec tout l'amour qu'elle lui porte. Elle me fixe en souriant, m'indiquant qu’elle vient de réaliser l’impensable.

Instinctivement, je la serre dans mes bras en fondant en larmes rejoint par Theos qui comprend ma joie. Inlassablement, je la remercie pour avoir permi à Kel de revenir.

Puis, après une émotion forte en joue, tout le monde se retire de la pièce nous laisser dans l’intimité. Elle sait que Kel viendra vers elle plus tard pour la remercier et lui dire combien il l’aime.

Ce que j’aime dans cette famille, c’est le lien qui les unit. J’aurais aimé que mes parents soient ainsi avec moi. Je me suis toujours senti seul, parce que j’étais destiné à régner sur Ynglingard.

***

Je viens de prendre Kel dans mes bras, toujours inconscient mais bien vivant. Je me tiens debout avec lui, devant l'immense fenêtre à fixer la lune. Le ciel scintille grâce aux milliers d’étoiles. La lumière qu'elles prodiguent, illumine le visage endormi de Kel.

L'une de mes mains le soutient par l’épaule, l’autre sous le creux des genoux. Sa tête s'est délicatement mise contre mon torse, près de mon épaule. Dans mes bras, il semble si fragile mais apaisé par le sommeil et la régénération. Même s’il est hors de danger, cela n'efface pas l'acte criminel des Slaads. Si j'avais su à ce moment là que c’était Dalaël le responsable, je ne l’aurais pas laissé filer aussi facilement.

Je continue à parler à Kel de tout et de rien en espérant qu’il me réponde. Je sens son cœur battre, son sang circuler dans ses veines. Je l'entends respirer contre mon corps. Je peux voir de vilaines cernes sous ses yeux mais il reste magnifique à mes yeux. La couleur de sa bouche est plus rosée à ma plus grande satisfaction. Je suis terriblement soulagé, mes épaules se détendent enfin, permettant d’évacuer la pression.

—Kel, tu as vu comme la lune nous regarde ? Je suis certain qu'elle nous donne sa bénédiction.

J’espère qu’au plus profond de lui, qu'il m'entend.

Bat toi pour te réveiller, pensais-je dans ma tête.

—Je n’ai jamais su comment aborder le sujet. Je ne sais plus quel âge j’ai réellement mais j’ai l’impression d'avoir fuit mes responsabilités.

Je viens de déplacer le fauteuil grâce à la magie derrière moi afin de m'y installer, tenant Kel toujours contre moi comme le prince qu’il est

— Aujourd’hui, je suis capable de te parler avec franchise. J’ai bien conscience d’être un salaud mais j’aimerais que tu me laisses une chance.

Je sens mon cœur s’emballer dans ma poitrine.

—J'aime ta voix quand tu me parles, quand tu ris et me cris dessus. Tes yeux me font tellement d’effets quand tu me regardes. Tes cheveux rouges ardents sont doux, soyeux et souples. Ils sont incroyables, je les aime terriblement.

Je souris en poursuivant mon discours, mes yeux rivés sur le ciel étoilé.

Je finis par prendre sa main, celle où notre alliance encercle son doigt. Tout comme moi, il ne l’a jamais retirée. La mienne est suspendu à une fine chaine, autour de mon cou. Je fixe la bague plusieurs longues minutes avant de l’embrasser tendrement. Elle est froide sous mes lèvres mais ce geste est très significatif. C'est la preuve de mon amour pour lui. Kel est mon âme sœur.

J'étais sur le point de me confesser alors qu’il ne m'entendait pas. J’ai l'impression de profiter de la situation. Pourtant, j’ai ce besoin de lui dire ce que j’ai sur le cœur.

—Kel Yperifaéneyiah, accepterais-tu de passer ta vie à mes cotés ?

Je sens un poids se retirer de mes épaules.

—Moi, Kalaën Regiüss aimerais faire de toi, mon compagnon. Alors, quand tu seras prêt, donne moi ta réponse.

Je souris tendrement en caressant son visage, éloignant ses quelques mèches rebelles.

ROUGE ARDENT-L'HISTOIRE DE KEL (1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant