le prince charmant est sur www.rencontres.ch

- 24 a, l'expédition (imaginée) -

Rien de compliqué, après tout.

D'abord situer le terrain des opérations.

Je visualise diverses cartes et vues approximatives sur Google d'après l'adresse des deux Caroline suspectes. Leurs immeubles sont proches, sur deux rues parallèles, mais les images pas assez précises pour rendre compte des détails. Où les habitants - et leurs visiteurs - se parquent-ils? Toutes les places de parc sont-elles extérieures, ou y a-t-il des garages fermés? Il semble y avoir pas mal de verdure. Assez pour passer inaperçue, lorsque je remonterai l'une et l'autre rue pour voir les véhicules garés?

J'imagine la scène. Je descends l'artère principale, je tourne à droite, l'air dégagé - ben quoi, je me promène dans le quartier? - et là, bingo! Devant le n°16! 13003! Pour ce qui concerne le modèle, je serais bien évidemment incapable de l'identifier, mais je connais la plaque minéralogique de la moto de Daniel.

A priori, je m'attends plutôt au n°16, étant donné que celle qui a la plus grande probabilité d'être Belle Princesse, c'est miss Martin.

La blonde sur WhatsApp.

J'aurai néanmoins un petit regret à abandonner aussi sec miss Barone, sans même savoir à quoi elle ressemble. Une jolie brune, avec ce nom à consonance italienne? Un moment, je serai tentée d'aller sonner au n°4, juste pour en avoir le coeur net. Puis je renoncerai. Après tout, Daniel n'a sans doute pas pour projet de se farcir toutes les Caroline célibataires de Chexbres. D'ailleurs une seule suffit amplement à me gâcher la vie.

Il ne restera alors qu'une question à solutionner: Caroline Martin, du n°16, est-elle aussi l'Eglantine de rencontres.ch?

Je le saurais, si je pouvais la voir: je la reconnaîtrais d'après les différentes images qu'elle a postées sur le site. Mais que faire? Rester derrière la maison et attendre qu'elle sorte? En bordure de forêt on pourrait planquer, mais ici il n'y aura sans doute que des arbustes d'ornement. Même dans un gros lilas, je serai bien visible. Et peut-être incapable de redescendre.

Alors? M'installer devant le bâtiment et tenter de voir à l'intérieur, ou même prendre des photos? Trop risqué - et de toute manière, avec les reflets, il y aurait peu de chances que je capte quelque chose, et encore moins quelqu'un avec des traits reconnaissables.

Je renoncerai, sans doute. Mais au moins j'aurai déjà un nom, une adresse. Et un numéro de téléphone.

Alors je repasserai à côté de la moto. Le siège sera nimbé de buée. J'y tracerai un coeur. Et je reprendrai ma randonnée: Chexbres, Rivaz, Epesses, Cully, et puis le train du retour.

Chouette scénario, quand même.

C'est pour demain.