Chapitre 11 - L'agent

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 - Ah, je te cherchais ! s'exclame Lorenz alors que Ben et moi sommes assis autour d'une table à l'extérieur.

Il s'assied à mes côtés et commence à parler à toute allure sans même me regarder.

- Donc, je me suis dit que la chanson « Another Love » de Tom Odell serait parfaite pour nous ! Je sais qu'elle est un peu triste, mais nous y mettrons des émotions ! Je suis sûr que les fans vont adorer.

- Et bien, si elle est triste, ce sera facile d'y mettre beaucoup d'émotions, je lui dis sans entrain.

Il se tourne enfin vers moi et hausse un sourcil, comme à chaque fois qu'il me voit.

- Je sais que la chanson est triste et cetera, mais pas besoin de te mettre à pleurer Lilas, continue-t-il exaspéré.

Je n'arrive pas à croire qu'il me parle sur ce ton. Je sais que je ne devrais pas penser à ça mais si grand-mère était là, elle l'aurait vite remis à sa place... je frissonne imaginant cette scène qui ne se produira de toute façon jamais.

- Tu vas directement arrêter avec tes manières ! On t'a dit qu'on ne voulait pas de toi ici ! Tu es tellement con que tu ne remarques même pas qu'il y a un problème ! lui hurle Benjamin.

- Arrête Ben, je lui chuchote en regardant les alentours, tout le monde va nous entendre.

- Mais je me fous que les personnes ici nous entendent, il n'a pas à te parler comme ça Lilas ! Tu ne dois pas te faire marcher sur les pieds, et comme je suis là et que je serai toujours là, je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour te défendre !

- Oh... le petit ami possessif, quel cliché. Des paroles en l'air, voilà comment ça se nomme, rajoute Lorenz avec ennui.

Ben me regarde avec l'air de me dire qu'il va le frapper dans la seconde.

- Stop ! Arrêtez vous deux ! je m'exclame. Tu sais quoi Ben, ça va, je vais lui parler cinq minutes, il y a déjà eu assez de morts pour aujourd'hui.

Cette phrase pourrait normalement être anodine, mais c'est pourtant la vérité...

- Tu es sûre que ça va Lilas ? me demande mon meilleur ami.

- Et bien... je ne peux pas changer le passé. Je pourrais aller mieux, mais je dois me faire une raison de toute façon.

Il me regarde avec tristesse lorsque je m'éloigne de lui pour marcher avec Lorenz. Il ne dit rien durant quelques mètres avant qu'il décide à s'exprimer :

- Tu ne pleurais pas à cause de ma phrase j'imagine... s'excuse-t-il, si l'on peut appeler ça une excuse.

- Tu ne t'es pas demandé ce que je faisais dans un hôpital ?

Son expression me donne de suite la réponse. Non, il pensait peut-être que c'était normal pour lui. Les stars ne pensent qu'à elles, ça se confirme.

- Quelqu'un de ta famille est ici pour des problèmes de santé je pense... c'est ça ?

- Quelqu'un était... je lui réponds avec tristesse, repensant une nouvelle fois à ma grand-mère.

- Tu veux dire que... je suis désolé, je ne savais pas, s'excuse-t-il réellement cette fois-ci. Qui était-ce ?

- Ma grand-mère, mais ne nous attardons pas sur le sujet. Je n'ai pas besoin de te parler de mes problèmes, peux-tu me parler de ce que tu voulais en arrivant, avant la dispute entre Benjamin et toi.

Il fait mine de réfléchir quelques secondes tout en continuant à marcher sur la pelouse.

- Je pense que ce n'est pas le meilleur moment pour te parler de ça finalement... tu as d'autres soucis, bien plus importants.

Comme quoi, il sait apparemment réfléchir, mais bon, comme il est là, j'aimerais bien savoir pourquoi.

- Tu sais, je ne suis pas une petite chose fragile qui menace de s'effondrer à tout instant, tu avais une idée de chanson pour la première de « Sing ! », qu'est-ce donc ?

- « Another love » de Tom Odell comme je te l'ai dit plus tôt. Es-tu intéressée ?

- Pourquoi pas, je lui réponds, je connais cette chanson et j'avoue qu'elle n'est pas mal. Tu veux donc que l'on fixe un rendez-vous, c'est bien cela ?

- En arrivant... c'est ce que je voulais, mais les circonstances ne sont pas les meilleures pour que tu te concentres...

- Si. Ça peut te paraître bizarre, mais me changer les idées serait la meilleure chose qu'il puisse m'arriver !

Il me regarde avec étonnement mais ma réponse n'a pas l'air de lui déplaire.

- Je pensais à demain, pour une première fois, chez moi, dans mon studio.

Chez lui ? C'est bizarre, comme tout le concernant. Je n'arrive absolument pas à cerner ses agissements.

- C'est d'accord, mais donne moi ton adresse. Tu habites près d'ici ?

- Depuis un mois plus ou moins, dans un studio au centre-ville avec mon coloc.

Un coloc... c'est tout de suite plus intéressant ! Sauf s'il ressemble à Lorenz.

- D'accord. Envoie-moi un message avec ton adresse alors. Je dois rejoindre Benjamin.

- Mouais... le mec qui m'a répondu au téléphone et celui qui joue du violoncelle.

Je le laisse ruminer dans son coin et vais rejoindre Ben.

**

Je n'ai presque pas dormi de la nuit, ressassant tous les bons moments que ma grand-mère et moi avons passés ensemble. Ma mère s'en remet difficilement, c'est compréhensible. Étant fille unique, elle doit désormais s'occuper de tous les papiers concernant le décès. Cette atmosphère pesante est la raison pour laquelle j'ai accepté de voir Lorenz aujourd'hui même si je n'en ai pas spécialement envie. Erin est passée prendre de mes nouvelles hier soir et a finalement passé la nuit ici. Je soupçonne d'ailleurs Benjamin de l'avoir contrainte à s'occuper de moi car je ne suis pas au top de ma forme. Elle vient de partir, je me prépare donc. J'enfile une robe verte, attache mes cheveux comme presque tous les jours et prépare un sac. Mes parents viennent de partir en direction de l'hôpital pour régler quelques petites choses et mon frère passe une semaine chez sa marraine, la sœur de mon père. La maison est totalement vide, et je n'aime pas ça, c'est pour cela que je me dépêche de sortir pour aller chez ce fameux chanteur. Les rues sont désertes en cette fin de juillet, sûrement parce que beaucoup de gens sont en vacances. Ils en ont de la chance.

Lorsque j'arrive au pied de l'immeuble de Lorenz, je sonne et attends sa réponse. Ce n'est pas lui qui vient m'ouvrir mais bien un beau blond aux yeux bleus, avec un grand sourire.

- Tu dois être Lilas, enchanté, me salue-t-il, entre.

Je ne m'attendais pas à ce que son colocataire (du moins, je pense) soit si sympathique et si charmant. Ça change de Lorenz.

- Bonjour... hum, merci, lui dis-je en entrant dans l'ascenseur avec lui.

- Appelle moi Clément. Je suis l'agent de Lorenz et son meilleur ami, mais tu le sais sûrement, continue-t-il en me faisant un clin d'œil.

Lorenz ne rigolait sûrement pas avec son histoire d'agent. Ça date d'il y a un mois, mais ce détail m'avait choquée... le voilà ce fameux agent. Et bien, sa présence n'est pas déplaisante au moins !  

Tout allait si bien...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant