Chapitre 26 : Perturbant, non ?

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Dimanche 25 octobre 2015

Ces derniers temps, je ne sais pas trop pourquoi, mais je suis rapidement fatiguée. À vrai dire, le pourquoi est plutôt évident. Arriver à mêler la musique, l'école, ma famille et mes amis, est une chose qui commence à devenir compliquée. C'est très bien d'avoir accepté la chorale le lundi et les cours de chant le samedi après-midi, en plus de mes autres cours et de mon frère, car, oui, je passe beaucoup de temps avec ce petit homme, mais je ne sais pas tout faire. J'essaye de m'organiser pour tenter de réussir tout ce que l'on me demande de faire, mais ça empiète sur mon temps libre, je n'ai donc plus une minute pour moi.

Mes journées se résument à me lever, aller à l'école, faire mes devoirs et étudier, ensuite soit aller aux différents cours de musique que j'ai ou bien simplement répéter mes morceaux de violon et pour terminer, manger, me doucher et aller dormir. Comme ça, ça peut paraître normal, mais j'estime que terminer de travailler vers 22h30 tous les jours, c'est un peu tard. Chaque dimanche, je me dis que je vais me reposer, mais c'est peine perdue. Je dois étudier pour mes contrôles prévus et lorsque je n'ai pas énormément à faire pour l'école, des personnes m'appellent pour que l'on se voie ou pour que l'on travaille des morceaux, en chant ou au violon.

Vous vous demandez peut-être pourquoi je vous dis ça ? C'est assez simple, je viens de recevoir un message de Lorenz. On ne se voit pas souvent, mais aujourd'hui est apparemment un jour spécial. Je lui ai donc dit que je serai chez lui vers 16h00 après avoir prévenu mes parents. À savoir ce qu'il entend par « jour spécial », je n'en ai pas la moindre idée... Avec lui, on ne peut jamais prévoir.

**

Je m'installe sur le divan après avoir salué Lorenz, qui me propose un thé que je m'empresse d'accepter. Il revient quelques minutes plus tard avec deux tasses brûlantes et s'assied à côté de moi.

- J'ai une faveur à te demander Lilas, m'explique-t-il.

J'ai envie de partir en courant, pourquoi ne puis-je jamais dire non ? Je me sens toujours obligée d'accepter... Alors que j'ai d'autres choses à faire...

- Je t'écoute, je soupire.

- Je sens la joie dans ta voix, ça me réchauffe le cœur !

- Tu sais Lorenz... Je suis un peu débordée en ce moment et je sais qu'avec toi, je peux m'attendre au pire. Je commence à te connaître vois-tu.

Une lueur malicieuse brille dans son regard et je sens qu'il va faire une blague qui ne sera malheureusement pas drôle. Lorsqu'il se tourne vers moi, cette lueur disparaît. Mon air exaspéré aurait-il fonctionné ?

Je ne devrais pas l'admettre, mais, même si ses blagues ne sont a priori pas très recherchées, elles me font toujours bien rire. On s'amuse comme on peut, n'est-ce pas ?

- Je ne vais pas relever cette phrase Lilas... Et je ne veux pas t'embêter comme je sais toujours le faire. Je sais parfois être calme et sérieux comme mon cher colocataire, mais bon, passons outre. Mon premier album est sorti en avril dernier, tu es au courant ?

- Grâce à ma meilleure amie, je le suis, je lui réponds, tu pourras la remercier en la voyant, elle en sera ravie.

- J'y penserai ! Elle aime bien s'amuser en tout cas, je l'ai bien vu à ta fête d'anniversaire. Heureusement que Tori avait pensé à tout car toutes les boissons sont parties. Erin est une gentille fille, c'est grâce à elle qu'on a pensé à t'organiser une fête.

- Je m'en doutais un peu. Elle ne vous a pas trop embêtés pour préparer tout ça ?

- Oh non ! Elle a seulement croisé Clem dans les couloirs de votre école un lundi et lui a un peu parlé, c'est comme ça qu'il a su que c'était ton anniversaire. C'est lui qui a eu l'idée de t'organiser une fête et qui a voulu qu'on te fasse un mini-concert.

J'ai tendance à faire abstraction des défauts des gens pour me concentrer sur leurs qualités, mais Clément est un vrai gentil... Je suis conne parfois. Aucun de nous deux n'a mentionné l'épisode interrompu par Lorenz après mon anniversaire et je sens bien à la chorale que rien ne déroulera plus comme avant cette fameuse soirée. Nous sommes tous les deux distants et je le suis peut-être même un peu plus.

Voilà comment Lilas Dubois réagit quand quelque chose de bien fait irruption dans sa vie. Elle contourne la chose. Ce n'est pas moi qui disais que je n'aimais pas les gens qui ne réglaient pas leurs problèmes comme il le faut, c'est-à-dire sans les ignorer ?

Apparemment, je fais partie de cette catégorie... Quelle joie !

- Lilas ? me questionne Lorenz, tu vas bien ? Tu es fort blanche. Serais-tu malade ?

Mis à part un affreux mal de tête, je vais bien.

- Oui, oui, ça va Lorenz. Pas besoin de t'inquiéter pour moi, je vais toujours bien ! je lui dis avec un sourire franc.

Je n'aime pas lorsque les gens s'intéressent trop à moi, ça me donne l'impression de ne pas savoir me débrouiller seule, c'est bien plus simple de faire comme si tout allait toujours bien. D'une certaine façon, ça ne va pas mal, je me trouve dans un magnifique appartement, auprès d'un chanteur que des millions de filles adorent. Petit à petit, Lorenz laisse tomber son masque de dur à cuir en ma présence et lorsqu'on apprend à le connaître, on se rend vite compte qu'il s'agit d'un chouette type.

- D'accord Lilas, mais si ça ne va pas, je peux toujours contacter un infirmier en formation, il sera heureux de t'aider.

Je pouffe avant de lui répondre :

- Non merci, je vois tous les efforts que tu fais pour moi, mais ça ira. Je ne suis pas encore mourante !

- Pas encore... ça peut me donner des idées ça, plaisante-t-il.

- Ah la la, Lorenz ! Nous parlions de ton album. Continue ! je le réprimande.

- D'accord Mam'zelle. (Je lève les yeux au ciel mais ai du mal à contenir un sourire) Cet accent ne me va pas du tout au fait mais bon, passons ! Ma maison de disques m'a proposé de créer un album « live » de musiques enregistrées lors de concerts et si tu le souhaites, ou plutôt si tu acceptes mon offre, la chanson que nous avons jouée pour la première de « Sing ! » pourrait en faire partie.

- Connaîtrai-je un jour la raison de tout ça ? je lui demande en faisant de grands gestes.

- Quelle raison ?

- Mais enfin Lorenz ! Je ne suis personne et ne suis pas une chanteuse à la base ! Pourquoi faire ça pour moi ? Je n'ai rien à t'offrir en retour... alors je ne vois pas ce qui te pousse à faire ça.

- Parce que j'ai besoin d'une raison particulière pour réaliser de bonnes actions ?

Je le fusille du regard mais son expression ne change pas.

- C'est un oui Lilas ?

Que pourrais-je bien lui dire d'autre ?

- J'imagine... Pour être sûre, nous ne devons rien enregistrer ? Car si c'est le cas, ce ne sera pas possible pour moi, je te le dis déjà.

- Non, ils vont seulement récupérer ce qu'on a chanté le 8 août.

- Je dois demander l'autorisation à mes parents car je ne suis pas encore majeure mais je te donne leur réponse rapidement. Je te laisse car il est déjà 18h00 et je vais à l'école demain. Bonne soirée Lorenz !

- Merci beaucoup Lilas, au revoir !

Perturbant ce Lorenz, non ?

Tout allait si bien...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant