Chapitre 14 : Perdu

3 1 0
                                    

25 juillet 2015

Ce matin s'est déroulé l'enterrement de grand-mère. J'en suis toujours assez chamboulée, c'est bien trop récent pour que j'arrive à prendre du recul. Et puis, tous ces témoignages ont montré à quel point elle était une femme exceptionnelle. Erin et Benjamin étaient là pour moi et je les en remercie du fond du cœur. C'est dur de s'imaginer que je ne la reverrai plus jamais. Je ne sais même pas ce que je lui ai dit la dernière fois que je l'ai vue... je n'aurais jamais pu penser que c'était pour la dernière fois ! Cet après-midi, j'ai décidé de me rendre au parc avec Théo pour me changer les idées. Mon frère ne comprend pas ce qui se passe, et c'est bien mieux comme ça même s'il me pose parfois des questions. Comme je lui ai dit, grand-mère est partie au ciel et veille sur lui. Que j'aimerais croire ça ! La vie quand on est enfant est tellement plus simple ! Je me rends dans la chambre de mon frère alors qu'il joue avec de petites voitures.

- Théo ?

- Lala ! se réjouit-il en venant s'accrocher à mes jambes, manquant de me faire tomber.

- Tu veux aller te promener avec moi ? On irait au parc et puis on mangerait une glace.

- Ouiiii !

Il a un sourire rayonnant et ses yeux verts pétillent de joie. Je l'aide à enfiler ses chaussures et lace ses lacets.

Lorsque nous sommes tous les deux prêts, je décide de tout de même prendre la poussette de Théo car on ne sait jamais, les enfants sont rapidement fatigués. Ce n'était pas voulu mais le parc dans lequel nous nous rendons est à quelques pas de l'appartement de Lorenz. Je n'ai envie de croiser personne en tout cas. Je vais directement dans la plaine de jeux pour Théo et le laisse s'amuser en lisant un livre. Les livres ne me quittent presque jamais, comme quoi, les clichés sur les musiciens classiques ne sont pas totalement faux, nous sommes bizarres ! Du moins, c'est ce que la plupart des ados pensent... Pas tous, heureusement, mais je suis moi et ne vais sûrement pas changer pour eux ! Quand mon frère est au-dessus du toboggan, il me fait à chaque fois signe avec son petit sourire mignon. Mes parents sont d'ailleurs heureux que je m'occupe très bien de lui car ces temps-ci, ils ont eu d'autres soucis, vous pouvez le comprendre.

Quelques minutes plus tard, je cherche mon frère du regard mais ne le vois sur aucun jeu. Je me lève donc rapidement et l'appelle, sous les regards étonnés des jeunes mères se trouvant sur le banc sur lequel j'étais assise. Et si quelqu'un avait enlevé mon frère ?! « Ne dramatise rien Lilas, me dicte ma conscience, il est dans les parages et n'a pas pu s'enfuir si vite. » Facile à dire ! Je cherche dans la plaine de jeux mais ne le vois pas. Ce n'est pas possible bon sang, où est-il parti ?!

Je prends une des allées du parc, avec une poussette vide, et vois Théo tenir la main d'un homme aux cheveux clairs que je ne distingue pas bien d'ici. Voyons le bon côté des choses, ils s'approchent de la plaine de jeux, ce n'est donc sûrement pas un pédophile ou quelque chose dans le genre.

J'accours vers mon frère (en courant comme une folle avec la poussette, évidemment...) et trébuche. Je me vois déjà faire un vol plané et me prépare au choc, mais à la place, je sens deux mains tenter de me retenir. N'étant pas un poids plume, la personne et moi nous retrouvons par terre en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Ma chute a été amortie, mais je plains la personne qui a essayé de m'aider. J'ouvre les yeux et rencontre deux yeux gris clair qui me disent quelque chose.

« Ce n'est pas possible Lilas ! Pourquoi es-tu si maladroite ?! Mer** ! Non ! Pas d'insultes Lilas, calme-toi et dis quelque chose ! »

- Hum... Salut Clément... ça va ?

Et dire que je n'avais même pas remarqué qu'il n'avait pas des yeux bleus ! « Mais on s'en fout Lilas ! » Et oui, je parle toute seule maintenant ! Rien ne va plus !

- Et bien, me répond Clément en se relevant et en m'aidant, Lorenz m'avait déjà dit que tu étais un peu maladroite, mais je ne m'attendais absolument pas à ça ! Je ne savais pas que je faisais cet effet-là aux filles ! ( Je m'empourpre très sûrement... mince !) Elles tombent sur moi maintenant, ça, c'est nouveau !

Pensez-vous que ça ira si je fais semblant de l'ignorer ? OK... peut-être pas... Je frotte mes mains pleines de terre sur mon pantalon pour perdre un peu de temps.

Mon frère, lui, n'a rien trouvé de mieux que s'installer confortablement dans sa poussette comme si rien ne s'était déroulé.

- C'est lui ton petit frère trop mignon dont Lorenz m'a parlé ? me questionne Lorenz.

Il lui a parlé de mon frère, il lui a dit que j'étais maladroite, y a-t-il des choses qu'il ne connaît pas à propos de ma vie ? Je dois un peu m'inquiéter, non ?

- Oui, il s'appelle Théo. Où l'as-tu trouvé ?

- Il était là-bas plus loin, me montre-t-il en fixant la mare, et pleurait assis contre un arbre. Ne voyant personne près de lui, je lui ai demandé où était sa maman mais il m'a dit qu'il ne savait pas où était « Lala ». Je lui ai donc proposé de retrouver « Lala » et ai voulu me rendre à la plaine de jeux, me disant que ce serait peut-être logique. Et puis, tu as déboulé comme une folle, ne daignant même pas me jeter un regard et en fixant Théo. Pour finir, tu sais ce qui s'est passé.

- Oh, mais tu ne t'es pas fait mal ? je le questionne.

- Mes habits sont sûrement très sales, mais je vais survivre, m'affirme-t-il en hochant la tête.

- Je suis désolée... je m'excuse sincèrement, mais ne trouvant pas mon frère, j'ai réellement paniqué.

- C'est normal, c'est un vilain chenapan !

Je souris.

- Je comptais emmener mon frère manger une glace, veux-tu nous accompagner pour te remercier ? je lui demande.

Après tout, je n'ai rien à perdre, et c'est une très bonne excuse pour rester quelques minutes avec lui.

« Non Lilas, tu ne dois pas penser comme ça ! »

Oh, et puis zut ! Un si charmant garçon, je ne vais pas laisser passer une aussi belle occasion !

- Avec joie !

Attendez ! Ai-je bien entendu ou mon imagination me joue des tours ?

**

Il a pris les mêmes goûts que moi, c'est-à-dire menthe et tiramisu, c'est un signe ! Je rigole... (et oui, toute seule, je suis un cas un peu désespéré... ce n'est pas nouveau !)

Oh... notre chanson, ou plutôt la chanson que je vais chanter avec Lorenz, passe à la radio ! Je me tourne vers Clément et il me fait un clin d'œil. 

Tout allait si bien...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant