Lundi 7 décembre 2015
- Vingt jours Lilas, tu ne m'oublieras pas, pas vrai ?
- Erin, je te connais depuis au moins dix ans, donc, non, je ne t'oublierai pas...
- Ok... Quelque chose ne va pas. Ne me prends pas pour une conne, depuis ton anniversaire, quelque chose a changé en toi, et puis, en deux mois, tu es devenue distante avec nous et tu as l'air d'un zombie.
Elle a raison... J'ai trente minutes avant d'aller à la chorale, je terminerai à 17h00 si tout va bien, donc autant compter 17h30 et j'ai ensuite cours de violon à 19h30, ce qui me laisse 1h30 environ pour déjà étudier pour mes examens, faire mes devoirs et travailler mes morceaux de violon.
Je sens des larmes m'embuer les yeux même si ça ne sert tout bonnement à rien. Je pense comme un ordinateur.
Au mois de septembre, j'arrivais à m'arranger avec cet horaire de fou, mais là, j'en ai marre. Je n'ai pas une minute pour moi. Je vais dormir très tard chaque soir puisque je dois travailler pour l'école car je suis en dernière année. Tous les mercredis après-midi, je dois également m'occuper de Théo car mes parents travaillent et je suis épuisée. Je remarque mes cernes s'approfondir de jour en jour mais ne sais rien y faire. Je me suis même éloignée de mes meilleurs amis par manque de temps alors que je les adore.
- Lilas ? Explique-moi tout, je suis là pour ça, me rappelle ma meilleure amie. Si quelque chose ne va pas, je vais t'aider.
Là, je craque. Ce n'est pas prévu dans mon horaire, j'essaye donc de me reprendre mais rien n'y fait.
- Ce n'est rien de grave... j'essaye de la convaincre, ou plutôt, j'essaye de me convaincre.
Ma réaction est tellement puérile...
- Lilas, dis-moi quel est le problème. Ça a un rapport avec un garçon ?
- Même pas... Je ne pleurerais pas pour ça quand même ! Ma vie est juste foireuse en ce moment. En début d'année, je pensais que je saurais tout faire et bien... ce n'est vraiment pas le cas !
- Comment ça « tout faire » ?
Je n'aime pas parler de mes problèmes aux autres, mais là, c'en est trop. Elle ne saura rien faire pour moi de toute façon, mais lui dire pourquoi j'ai l'air absente est important. Je ne veux pas qu'elle s'imagine que je change à cause de Lorenz, la fameuse star que je vois de temps en temps...
- Je pensais que je saurais tout gérer parfaitement. Les cours, la musique, mes horaires de malade, ma famille, mes amis,... Ce n'est pas le cas Erin ! Je me suis éloignée de vous sans le vouloir car je suis débordée ! Je vous vois tous les jeudis, mais tu as raison... j'ai changé.
- Oh Lilas... Pourquoi n'en as-tu parlé à personne ?
- Tu penses vraiment que c'est facile à dire ? Et puis... je n'avais pas le temps de dire ça à quelqu'un.
- Tu ne comptes pas aller à la chorale aujourd'hui, si ?
- Si... je me suis engagée, alors voilà. On travaille avec les solistes aujourd'hui, donc, je dois y aller.
- On peut en parler à Clément, je pense qu'il comprendra.
- Je sais, mais ça ne sert à rien de l'inquiéter à mon sujet... Je lui ai bien fait comprendre qu'il ne devait pas s'intéresser à moi, même si c'est compliqué, du moins, pour moi.
- Tu l'aimes vraiment ?
- Je ne sais pas... il a toujours été gentil et attentionné en ma présence, et il peut être drôle. De toute façon, il travaille ici, alors ce n'est pas possible. Oh Erin... je pleure, je pleure mais il est 15h35. Je suis en retard !
- Je t'accompagne jusque là ma vieille, mais on en reparlera vite, d'accord. Je suis là pour toi, ne l'oublie pas.
- Je sais... merci.
**
Lorsque je me faufile dans la classe, une fille et un garçon de treize ou quatorze ans chantent la chanson « Just give me a reason » de Pink, bien évidemment accompagnés de Clément au piano. Cependant, son regard se détourne d'eux pour se diriger vers moi qui m'installe dans le fond de la classe, en sachant que c'est inutile. J'ai une tête affreuse, de près et de loin, voilà ce que ça rapporte de pleurer. Je dois avoir les yeux et les joues rougis par mes larmes. Magnifique !
Comme plusieurs élèves se trouvent dans la classe, Clément les laisse passer avant moi pour travailler avec eux leurs solos et les conseiller. Clem a trouvé bon de me faire passer après les autres, il ne reste donc plus que lui et moi dans la pièce. Quelle chance... J'imagine déjà toutes les questions qui vont fuser...
- Qu'y a-t-il Lilas ? Tu as l'air fatiguée.
- Quelle gentillesse Clem, j'adore les compliments de ce genre. En réponse à ta question, ce ne sont pas tes affaires et puis, nous sommes ici pour répéter, pas pour que je te raconte ma vie tu sais.
Il se lève de son siège pour aller s'asseoir sur son bureau. Mauvais signe...
- Lilas... Lorsque tu es arrivée dans la classe, tu étais en retard, tu avais l'air perdue et tu venais de pleurer. Depuis un petit temps, je remarque de petits changements en toi, tu n'es plus aussi joyeuse et pleine de vie qu'avant. Je pensais que c'était de ma faute et qu'il n'y avait qu'ici que tu étais comme ça à cause... de ce qui s'est passé à ton anniversaire. Tu as raison, c'est impossible entre nous, mais je suis toujours ton ami, j'ai besoin de savoir ce qui ne va pas.
Je m'appuie contre un banc et passe ma main dans mes cheveux. C'est vrai, quel est mon problème ? J'allais bien avant...
- Le stress des examens ? je propose.
- Tu admets au moins que quelque chose ne va pas... Tu ne dois pas rigoler avec ça Lilas...
- Je vais bien... Je suis un peu fatiguée, mais les vacances approchent. Je vais bien travailler pour mes examens et je me reposerai après. Je suis juste un peu débordée en ce moment.
- Si tu le dis... As-tu le courage de répéter avec moi à tes côtés, ou non ?
- Clem ! je m'indigne, je ne suis pas une petite chose fragile.
- Je sais, je sais... Tu es bien plus courageuse que moi ! C'est pour bientôt le concert avec ton groupe, non ?
- Ce sera en fin décembre, pas besoin de stresser. Je pense que ce sera le 20 ou quelque chose dans le genre.
- Je serai là alors, et sûrement Lo et Tori si je les préviens. (Il réfléchit quelques instants avant de continuer:) Ça se déroulera donc deux jours après la sortie du nouvel album de Lo... sur lequel tu figures. Tu peux te préparer à une salle comble !
- Je ne vais pas trop compter là-dessus. T'ai-je déjà dit que je détestais les choses trop connues, la popularité, et cetera ? je le questionne.
Il pouffe.
- Tu ne l'as pas dit clairement, mais Lorenz l'a bien compris ! Voyons le bon côté des choses, tu l'as un peu bousculé et il est plus calme et plus tranquille maintenant. Il est content de t'avoir dans sa vie...
Suis-je la seule à continuer de trouver ça bizarre ?
- On la commence cette chanson Clément ?
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Tout allait si bien...
Ficção AdolescenteJ'avais tout. Une famille, peut-être pas parfaite ni modèle, mais c'était la mienne, mon petit frère, des amis, une scolarité assez bonne et la musique. Elle était ma raison de vivre, ma façon de m'exprimer sans crainte, naturellement. Une vie peut...