nothing but you

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"Je fixe le vide.
Je fixe le vent.
Je te fixe.

J'ai beau fixer tout ce qui se déroule autour de moi je ne vois rien. Je distingue juste des visages flous. Des vagues images de paysages en noir et blanc. J'entends des voix étouffées mais je n'ai plus envie, ou plutôt plus la force d'écouter. Je veux juste voir les vrais visages de toutes ces personnes qui se prennent pour nos proches. Je veux juste voir la réalité de ce monde. La vérité cachée derrière les sourires de tous ces passants.
Je fixe tout ce qui passe ou bouge, tout ce qui serait susceptible de me distraire.
Je ne me souviens de rien tu sais ? J'ai tout oublié après beaucoup d'efforts. Oublier qu'elle m'avait aidé à remonter la pente. Oublier que je souffre. Oublier que je suis au bord du gouffre. Oublier que j'ai une famille, des amis. Oublier que je t'aimais même en sachant que jamais tu ne serai mien.

Je t'ai oublié.
Enfin, j'essaye de t'oublier.

Je ne veux plus me souvenir de rien.
Je passe mes journées avec des cigarettes entre les lèvres, des bouteilles dans les mains, des drogues a mes pieds. Tout cela pour ne plus être lucide. Pour tout oublier. Pourtant à chaque gorgée de vodka, ton nom résonne de plus en plus dans ma tête. J'oublie tout mais jamais qu'un homme a fait de ma vie quelque chose de beau, de splendide, de majestueux, d'étincellant, de verdoyant. Je n'oublie jamais la sensation de tes lèvres contre les miennes. Je n'oublie jamais tes mains sur mon corps. Je n'oublie jamais ton sourire à chacun de tes pas. Je n'oublie jamais tes petites fossettes qui apparaissent toutes les fois où tu souris. Je n'oublie jamais ta main au creux de la mienne. Je n'oublie jamais tous les "Je t'aime" que tu as murmuré de ta voix rauque. Je n'oublie jamais que ton coeur battait contre le mien. Je n'oublie jamais les lettres que nous avons échangé. Je n'arrive pas à oublier les semaines que nous avons partagé.

Je ne peux pas t'oublier.

J'ai beau m'efforcer à me faire comprendre que jamais un "Nous" ne sera envisageable. Nous aurons beau nous compléter, nous aimer plus que tout, nous promettre l'éternité, nous sauver l'un et l'autre, jamais nous ne serons unis.
Alors je fais défiler les cigarettes, les bouteilles, les drogues, les garçons. Je les enchaîne. Peut être qu'une seule fois je pourrai ne plus penser à toi. Peut être que pour une fois je pourrai me dire "Ça y est, je l'ai peut être enfin zappé" .
Sauf que tu persiste. Tu insistes pour rester dans mon coeur, pour rester gravé dans mon âme.

Je ne vais pas te le cacher, j'ai fini à l'hôpital plusieurs fois. Pourquoi ? Quelques overdoses ici et là. Aujourd'hui, je ne bois plus, je ne fume plus, je ne me drogue plus. On m'a dit que une overdose de plus me serait fatale. Alors aujourd'hui ce n'est plus juste ton nom que j'entends, non, maintenant tu m'apparaît en entier, je te vois me supplier de revenir, parfois tu m'insultes même. Tu essayes de me frapper mais tu ne peux pas. Ce n'est qu'une illusion. Et certaines fois, j'ai fais l'amour avec cette illusion. Ça avait l'air tellement vrai. Tellement réel. Sauf que ça ne l'était pas. J'ai l'air d'une folle, je sais. Et pourtant je te jure que je me suis sentie revivre. L'espace d'un instant j'ai vraiment tout oublier. Je me suis dis qu'avec toi je pouvais tout oublier, que je pouvais me sauver, que je pouvais me préoccuper que de nous deux. Et tous les matins, ton illusion se volatilisait comme si j'avais tout rêvé. Cependant, j'étais toujours dénudée. Je suis devenue folle sans toi. Vraiment folle.
Ça a beau être moi qui ai voulu notre séparation, j'en pleure toutes mes nuits solitaires. J'en hurle.
J'ai fini par voir différents psychologues et psychiatres. Apparemment, d'après eux, je risque de virer à la folie si ce n'est pas déjà le cas. Je ne leur ai pas raconté toutes les misères qui se sont produites dans ma vie. Je leur ai juste parler de toi, de ton sourire, de ton visage, de ton rire, de tes mains, de ton coeur. lls m'ont dis que je devais vivre en t'oubliant. Ils m'ont donné des vagues conseils qui ne serviront jamais. Ils ne peuvent pas m'aider, ils doivent l'avoir compris maintenant, après toutes ses heures de thérapie.

Ils ne connaissent rien de moi. Le seul qui me connaissait et comprenait vraiment est loin, très loin.
Et c'était toi.
À présent, je suis juste un dossier parmis tant d'autre que des vieux doivent traiter. Je ne suis plus qu'un vague souvenir dans ta mémoire. Je ne suis plus qu'une suicidaire dérangée qui se drogue.
Je ne suis plus rien.

Tu as tourné la page, n'est ce pas ? Tu ne m'aimes plus, n'est ce pas ? Je ne suis plus qu'une ex sans grande importance, n'est ce pas ? Tu ne sens plus tes larmes couler lorsque tu penses à moi, n'est ce pas ? Ton coeur ne bat plus la chamade à l'entente de mon prénom, n'est ce pas ? Dis moi, ai je raison ?
Réponds moi. Insulte moi. Frappe moi. Mais je t'en pris dis quelque chose. Fais quelque chose. Fais en sorte que je t'efface de ma mémoire pour toujours. Fais n'importe quoi pour que je t'oublie. Pour que je ne sois plus tienne. Pour que tu t'en ailles à jamais de mon coeur que tu as assiégé.
Je ne peux plus continuer à vivre ainsi. Je ne veux plus souffrir. J'en ai déjà assez vécu. Je ne veux plus pleurer pour toi. C'est moi qui ai voulu que tu t'en ailles.

Tue moi, je t'en pris. Ça me va, tant que je t'oublie. Parce que je sais que je ne cesserai jamais de vivre pour toi. Tue moi. Tant que c'est toi, tout me va.
Tue moi, parce que sans toi, je ne suis plus rien."

Fleur brisée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant