Chapitre 5

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PDV Alexeï

Cette jeune femme essayait encore de me tenir tête. Elle ne m'insultait pas, certes. Mais elle se jouait de moi de manière assez subtile. Elle ne voulait pas perdre son travail et je le savais ; elle connaissait ses limites et tant mieux. Il le fallait après tout.

— Je réitère ; est-ce que par le plus grand des purs hasards, tu ne serais pas en ce moment même en train de te moquer de moi ? demandai-je de nouveau, tandis que la jeune demoiselle essayait de se dégager de ma poigne.

— Non votre altesse. Je n'oserais pas, répondit-elle, en me regardant fixement droit dans les yeux.

Un regard unique.

Je la fixais, moi aussi avec intérêt, trouvant un éclat assez intéressant se répercuter dans ses yeux. La malice.

— Tes yeux parlent pour toi, lui soufflai-je contre son visage, avant de la relâcher.

Je la regardais se frotter le poignet, et même si j'avais remarqué cette légère trace rouge apparaître sur sa peau hâlée, je ne préférais ne rien dire et donc laisser le silence s'installer de nouveau. Je décidais de rester à cette nouvelle place, prenant un malin plaisir à ce que nos corps se touchent désormais.
Un sourire en coin laissait trahir mes pensées, et celui-ci s'élargit en voyant cette femme essayer de se dégager.

Ce voyage risquait d'être palpitant et riche en émotions.

**

Nous étions finalement rentrés dans l'avion. L'hôtesse de mon jet privé m'accueillant avec un grand sourire, des yeux brillants, comme à son habitude. Mon pilote et vieil ami Jean, venait me serrer la main, n'oubliant pas de me demander à l'oreille qui était cette charmante demoiselle qui m'accompagnait. Étonnamment, ma main restait à peu trop longtemps agrippée à la sienne.

— Mon employée, répondis-je froidement.

— Depuis quand viennent-t-elles avec toi en voyage d'affaire ? me demanda Jean, alors que je lui tapotais avec force l'épaule.

— Depuis que je l'ai décidé. Je dois te laisser à présent, continuai-je, en partant m'installer à ses côtés.

Elle m'avait l'air étrangement sage, d'ailleurs.

Plus tard, l'avion décolla et c'est quand j'eus aperçu ses mains crispées à mes pauvres sièges en cuir noir, ses ongles s'enfonçant dedans, que je remarquai rapidement que quelque chose n'allait pas.

— C'est votre première fois ? demandai-je malicieusement.

Immédiatement la belle brune se tourna face à moi.

— On ne vous a jamais dit qu'il ne fallait jamais poser cette question à une femme ? répliqua-t-elle froidement, tandis qu'un sourire prit place sur mon visage.

— Avec un homme comme moi ça devrait aller, vous savez.

— Je pense que j'aurais aimé mieux pour mon premier baptême de l'air, continua-t-elle, en fermant ses yeux.

Première fois qu'elle prenait l'avion ? Tiens.

— Oh vraiment ? Je croyais pourtant que nous parlions d'une autre chose plus croustillante... complétai-je, en apercevant des traces se faire sur le cuir.

— Un siège coûte plus de cinq cent euros, déclarai-je, en ne la voyant toujours pas réouvrir ses yeux.

— Je vous rembourserai. Mais là, si je n'ai rien pour m'accrocher, je risque de faire un malaise et de vomir tout le contenu de mon estomac sur le sol, ajouta-t-elle d'une voix basse, alors que je sentais l'avion se stabiliser.

— Allons, c'est bon. Tout va mieux se passer à présent ; l'avion est haut dans les airs, essayai-je tant bien que mal de la rassurer, en voyant un de ses yeux s'ouvrir.

— C'est bon ? Vraiment bon de chez bon ? Et le bon, est de niveau combien ?

— Oui c'est bon, répondis-je simplement, en détachant ma ceinture de sécurité.

Athéna se détendit finalement et ce n'est que quelques bonnes minutes plus tard, après qu'elle ait retiré ses mains de mes pauvres sièges, que nous pouvions constater les jolis dégâts.

Les malheureux dégâts, même.

– On dirait qu'un petit chaton effrayé est passé par là, énonçai-je, en apercevant de jolies griffures.

Athéna baissa immédiatement son regard dessus, avant d'émettre un petit rire nerveux.

— Ah... Hum. Désolée ? me dit-elle, en remettant maladroitement une mèche de ses cheveux bruns derrière l'oreille.

— J'ajoute cela à ta note personnelle en plus du tableau. Ça commence à monter, répliquai-je, avant de la voir froncer ses sourcils.

— Est-ce une blague ?

Pour toute réponse, j'haussai simplement mes épaules, puis attrapai ensuite un livre. Je sentais néanmoins le regard de la jeune brune sur moi.

— Vous allez sérieusement me faire une liste des objets que je pourrais éventuellement casser, puis me donner la note à la fin ? reprit-elle plus tard.

— Oui. Et la note m'a l'air d'être bien partie, ceci dit, commentai-je, en tournant déjà ma sixième page.

— C'est possible de faire arrêter l'avion et que je retourne au palais ? répliqua-t-elle, me décrochant un nouveau sourire aux lèvres.

— Non. Mais il y a des parachutes au fond de la cabine si tu souhaites.

— Nous sommes au beau milieu de l'océan, renchérit-elle, en se retournant de nouveau vers moi.

— L'atterrissage sera donc meilleur. Et puis tu n'auras qu'à demander à Flipper le dauphin de te ramener au palais. Je dirais que cela prendra une bonne heure.

Malheureusement, ma blague n'avait pas eu l'air d'amuser la demoiselle puisqu'elle s'était enfoncée dans son siège les bras, croisés contre sa poitrine. Je croisai une jambe, puis reposai donc mon livre.

Il fallait passer à l'interrogatoire.

— Depuis combien de temps travaillez vous pour ma famille ? demandai-je finalement, en observant ses mains.

— Deux ans. Mais il me semble que vous devez pourtant avoir une fiche de tous les employés avec toutes nos spécialités marquées dessus, répondit-elle, en laissant échapper un léger soupir de désespoir.

— Je n'ai pas le temps de lire plus de sept cent fiches.

— La reine, votre mère, connaît presque tous les employés qui travaillent pour elle. Elle nous prend en considération, continua-t-elle, sa voix étant ouvertement marquée par les reproches.

— Insinuerais-tu quelque chose ? questionnai-je, ma voix se faisant plus grave.

Étrangement, la demoiselle se retourna, en posant une main sur son cœur.

— Moi ? Oh... Non jamais, je n'oserais pas votre altesse.

— Je prends en considération mes employés. Regarde. N'es-tu pas en ce moment même dans mon jet privé, en ma charmante compagnie, direction la Chine ?

— Oh oui, c'est vrai... Je n'avais pas compris encore. Merci. Merci infiniment. C'est vraiment génial, répliqua-t-elle sans grand enthousiaste, en tournant de nouveau la tête à sa droite.

Cette fille va me donner du fil à retordre. Mais j'aime les défis.

Prince Alexeï Où les histoires vivent. Découvrez maintenant