Chapitre 12

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PDV Athéna

    Nous étions finalement arrivés devant un nouveau building, tout aussi impressionnant que l'hôtel, mais néanmoins marqué par cette immense enseigne de couleur noire : Wonjiny.

    C'était une des entreprises qu'avait fait transporter Alexeï en Chine. J'en avais un peu entendu parler dans les journaux, il était vrai. Cet homme avait donc un don pour les affaire, hum... Après avoir contemplé ce lieu, les alentours, Alexeï et moi sortions de la voiture. Évidement, une horde de journalistes courrait déjà en notre direction, nous assommant férocement par leurs flashs incessants.

— Bon sang... grogna Alexeï, avant de retirer en vitesse sa veste et de la déposer sur ma tête.

    Il posa ensuite, une main autour de ma taille, pour me faire avancer dans la foule. Étrangement, je n'avais rien répliqué, préférant rester comme cela et surtout, me cacher des journalistes. Cependant, ce contact avait laissé une légère décharge traverser tout mon corps ; pourtant je n'avais strictement rien laissé paraître. Il ne le fallait pas, après tout.

    Finalement, après des cris, des bruits d'appareils photos et des flashs toujours aussi puissants, nous étions rentrés dans le hall. Alexeï récupéra d'un mouvement, sa veste, tandis que je remettais mes cheveux en place. À peine avais-je relevé les yeux, que je pouvais déjà apercevoir une ribambelle d'employés se tenir devant nous, dans leurs costumes noirs et blancs, tous alignés et droit comme des piqués.

    Alexeï les salua immédiatement, en m'étonnant lorsqu'il commença à s'avancer pour leur serrer la main. À tous, bien entendu. Eh bien, monsieur le prince peut donc être aimable quand il le souhaite. Quant à moi, je restais là, sans bouger, attendant patiemment de voir ce que la suite nous réservait. Après tout si j'étais là, dans ce pays, c'était bel et bien pour exécuter d'autres fonctions... Et même si cela ne m'enchantait guère, j'espérais au fond de moi que cela se fasse tout de même ressentir sur mon salaire.

    Plus tard et des salutations par dizaines, un nouvel homme, vêtu d'un costard et de chaussures parfaitement cirées, venait saluer le prince, me baisant ensuite la main. J'eus un bon mouvement de recul, presque brusque, n'étant pas habituée à cela. D'ailleurs, Alexeï avait suivi notre échange avec intérêt.

— Ravi de vous revoir, Martin. Allons-y pour les papiers, nous devons aller vite, déclara ce dernier, d'un ton assez sec, avant que cet homme âgé nous demande poliment de le suivre.

    Nous marchions donc derrière cet homme, et je pouvais aussitôt apercevoir et surtout ressentir, le regard du prince qui ne me lâchait pas. Pas du tout, non. Je me mis donc à le fixer, tout en continuant de marcher.

— Tu prendras des notes quand Martin te donnera un calepin, dit-il finalement.

   J'acquiesçai simplement ses propos par un hochement de tête, ne voulant pas le contrer dès sa première demande. Malgré les derniers événements qui nous avaient légèrement rapprochés, je de ne pas oublier que cet homme était le prince. Et donc, mon patron. Et je comprenais parfaitement que j'allais devenir dans les jours qui suivaient, la femme à tout faire.
   
    Je gardais mes pensées pour moi, et plus tard, on m'avait donc fourni un petit calepin ainsi qu'un stylo à plume. Les deux hommes s'étaient installés autour d'une table, dans une pièce que nous avions franchi il y a peu. Alexeï commençait le discours, et je m'empressai donc de noter quelques grandes lignes de ses dires. J'essayais néanmoins de ne rien laisser paraître quant à ses regards incessants, et également le regard du vieil homme qui s'attardait sur mon visage.

   Au fil de son discours, Alexeï commença à se déplacer dans la salle, puis se plaça derrière le fameux Martin. Il posa ses deux grandes mains sur ses épaules et au vu des grimaces que faisait l'homme âgé, nul doute qu'Alexei laissait sa force divaguer. Je souris en coin, puis repris mes notes.

**

— Bon travail, commenta-t-il, en feuilletant les dernières pages.

Un compliment. Alléluia.

— Merci, renchéris-je simplement, en enfilant ensuite mon manteau.

   Alexeï rangea le calepin dans sa poche de veste, avant que nous ne traversions de nouveau les différents couloirs. Plusieurs employés venaient encore saluer le grand et magnifique prince de Grèce, en me lançant d'étranges regards.

— Il y a un problème avec mon visage ? demandai-je à Alexeï, dans un petit chuchotement.

— Ton œil les intrigue. Et puis ils sont aussi étonnés de me voir avec une femme à mes côtés. D'habitude, aucune d'entre elle ne m'accompagne lors de mes déplacements, répondit-il, en recommençant à avancer.

    Je fronçai les sourcils, en réfléchissant sérieusement à ses paroles. Je me dépêchai ensuite de le rattraper, comptant bien lui soutirer quelques informations de plus.

— Et pourquoi ai-je eu donc ce privilège de venir ici, alors ? questionnai-je finalement, en apercevant un rictus machiavélique se dessiner sur ses lèvres.

— J'expérimente la chose...

— La chose, hum... Sache que je ne suis qu'une simple employée et que je n'ai rien fait d'exceptionnel dans ma vie. Et puis je suis sûre et certaine que d'autres femmes auraient été très heureuses de partir à ma place.

— Oh, cela te déplaît donc à ce point d'être à mes côtés ?

— En effet. J'aurai largement préféré rester au palais, répondis-je sans aucune once de gêne, avant qu'il ne s'arrête brusquement.

    Alexeï se retourna, me regarda, puis posa une main sur son cœur.

— Mon Dieu... Je suis profondément choqué par tes dires, Athéna. C'est affreux. Vraiment affreux...

Imbécile.

— Alors, pourquoi moi ? repris-je encore une fois, en attendant patiemment la fameuse réponse.

— Et pourquoi pas toi ?

— Je ne suis pas comme ces femmes qui bavent sur toi, sache-le. Je ne comprends toujours pas pourquoi tu m'as choisi. Pourquoi nous nous tutoyons, alors que normalement dans les règles, je devrai te vouvoyer. Tu es le prince, je ne suis qu'une simplement employée. Je ne comprends rien.

— Oui, je l'avais remarqué, merci. Je t'ai choisi toi et pas une autre, point final. Tu en sauras mieux ce soir. Et il vrai que je déteste habituellement tutoyer les servants, employés, mes gardes et tout ce qui s'en suit. Mais disons que j'ai opté pour cette option afin d'établir une meilleure entente lors de ce voyage.

    Je le regardais partir au loin, mon cerveau se posant mille et une question encore. Cet homme a quelque chose derrière la tête, aucun doute dessus. Et j'ai hâte de retourner à cet hôtel pour savoir cette vérité qu'il tente encore de me cacher...

**

    Assis tous les deux autour de cette immense table, Alexeï me fixait avec cette intensité et ce sérieux troublant. Quant à moi, je clignais plusieurs fois d'affilés les yeux, en me demandant encore si tout cela n'était que mensonges ou non.

Non mais ai-je bien entendu... ? Je rêve ou...

— Peux-tu répéter Alexeï... articulai-je avec difficulté, puisque je ne le croyais toujours pas.

— Tu es belle, intelligente, remplie d'un répondant que tu préserves parfois. Je veux que tu joues le rôle de ma fiancée, c'est aussi simple que cela, reprit-il l'air totalement posé, en croisant ses bras contre son torse.

    Outre ces divers et fabuleux compliments, que je trouvais assez faux d'ailleurs, il était largement évident que je ne retenais qu'une seule phrase. La dernière phrase.

— Non. C'est un non catégorique et sans appel, répliquai-je sèchement.

Prince Alexeï Où les histoires vivent. Découvrez maintenant