Chapitre 30

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— Que faites-vous à ma femme ! hurla-t-il tel un lion sauvage, sa voix instaurant immédiatement un silence.

   Même moi je n'osais plus rien dire. Je restais juste là à le regarder, le remerciant une bonne dizaine de fois dans ma tête. Je constatais par la suite, que le groupe d'hommes se reculait, apeuré. Alexeï cria quelque chose, mais cette fois-ci dans la langue chinoise. Aussitôt, deux gardes du corps s'étaient mis à courir vers le groupe d'hommes, alors que je voyais Alexeï s'avancer jusqu'à moi. Directement il posa une main sur ma joue, ce qui fit redoubler les battements de mon cœur.

— Ce sont des barbares. Je vais les tuer. Ils t'ont griffé, dit-il d'une voix sèche, les yeux assombris.

— Je t'accompagne pour les frapper.

— Excuse moi encore une fois, ma déesse. Ils voulaient visiblement connaître ma fiancée. Les rumeurs se sont déjà répandues... marmonna-il d'une voix froide.

— Ils voulaient des autographes... Non mais tu te rends compte, soupirai-je.

— Et ce maudit garde du corps ne pouvait pas les arrêter, bien évidement ! D'ailleurs où est-il passé !

— Bonne question. Sûrement en train d'admirer les jardins... murmura-je, en époustouflant ma robe qui avait légèrement subie lors de mon périple à terre.

— Et en plus tu es tombée ! Je crois rêver là ! grogna-subitement Alexeï, en posant un genou au sol.

   Il continuait de grommeler des paroles incompréhensibles, pendant que sa main frottait ma robe et mes genoux. Je sentis ma respiration se couper quelques instants, avant de le voir se relever.

— Je suis désolé. Terriblement. Je ne voulais pas que cela se passe comme ça, souffla-t-il l'air sérieux et sincère.

— Disons que c'était une mise en bouche très intéressante. Grâce à cela, je pense que je serai préparé à ce qu'il m'attendra par la suite, continuai-je, en arrivant finalement à lui décrocher un faible sourire.

— J'irai sérieusement parler au directeur quant à cet accident. Quant à toi, je pense que tu ne vas plus me quitter. Même ces gardes du corps ne sont que des bons à rien, reprit-il, en reprenant ma main dans la sienne.

   Il repartit directement dans la salle, sous les têtes baissées des autres hommes encore présent dans l'allée. Nous rentrions donc dans la pièce, et aussitôt Alexeï me fit m'asseoir sur une chaise. Plus tard, les hommes revenaient tous dans la salle, et je compris donc assez vite que la réunion avait été interrompue par mon petit périple.

    Mais.... Comment Alexeï avait pu deviner que j'étais, il y a quelques minutes déjà, en train de me faire poursuivre par un troupeau de lion affamés aux yeux bridés... Et je n'avais même pas crié...

— La réunion va reprendre, annonça ensuite Alexeï d'une voix toujours aussi sèche, tous les hommes reprenant ainsi place sur leurs sièges.

   Les minutes s'écoulants, Alexeï s'était par la suite assis près de moi. D'autres personnes avaient pris la parole, et c'est en regardant la main de mon cher et tendre poser sur le bureau, que je venais d'avoir une idée. Pour toutes les fois où il s'est moqué de moi. Pour toutes les fois où je n'avais su répliquer.

J'allais à présent me venger.

    C'était donc tout naturellement que je posais une main sur sa cuisse droite, lui provoquant soudainement un léger sursaut. Je souris, puis commençais à lui faire de légers cercles sur son tissu. Directement Alexeï posa sa main sur la mienne, me donnant un léger coup de pied sous la table. Je ne flanchais toujours pas, et je commençais donc à opter pour une nouvelle option : frotter mon pied contre sa cheville.

Bah quoi ? J'ai bien le droit de me détendre après tout ce qu'il vient de se passer.

   Sa réaction fut immédiate : il me lança un regard, en serrant plus fort sa main dans la mienne. Il grommela mais cela me fit sourire. Hélas, mon petit jeu s'arrêta quand il décida de se lever. Il me lança un autre regard, puis il partit s'installer près du tableau en commençant de nouvelles explications.
Je poussai un léger râle, ennuyée. J'essayais cependant de trouver quelque chose à faire, avant de sentir étrangement quelque chose me frotter la cheville. Je m'arrêtais de bouger, et... Mon dieu...

Ce n'était pas Alexeï.

    Un homme asiatique aux cheveux gris me fixait l'air amusé, alors que le talon de ma bottine venait s'enfoncer sur son pied. Immédiatement, il laissa échapper un cri digne d'une chèvre, ce qui attira évidement le regard des autres hommes dans la pièce.

Et surtout le sien.

Et au vu du regard noir qu'il avait en ce moment même, j'étais forte étonnée qu'il n'ait tué personne...

   Mais en commençant en avoir sérieusement ras le bol de tout cela, je n'hésitais pas à réutiliser mon pied et à lui flanquer un autre coup dont il se souviendrait sûrement. L'homme se recula de sa chaise, alors que je voyais Alexeï se rapprocher de moi. Immédiatement il me tira par le bras et ma tête s'écrasa déjà contre son torse.

— J'annule tous les autres rendez-vous ! Aucune affaire ne se fera dans cette entreprise maudite ! Les hommes ayant osés toucher ma femme seront virés ! s'exclama-t-il d'une voix puissante et grave, avant de nous faire partir de la salle d'un pas pressé.

    Nous sortions de la pièce, sous les nombreux protestations et cris des hommes asiatiques qui essayaient en vain, de nous retenir. Alexeï ne leur répondait même pas, se contentant d'avancer à vive allure dans les couloirs. Plus tard, nous arrivions donc à sortir du building, ayant emprunté le parking souterrain. En à peine quelques secondes nous regagnions déjà la voiture et Alexeï claqua avec force la portière.

— Je suis désolé... À cause de moi l'affaire n'a pas pu se faire, dis-je finalement.

— Ce n'est pas de ta faute, ne t'excuse pas. Cette entreprise avait déjà un sérieux problème, je l'avais remarqué. Et cela s'est renforcé quand j'ai découverts leurs employés ainsi que leur fonctionnement.

— En effet...

— Ces hommes ne sont que des rapaces. Ils croyaient que je n'allais pas voir leurs stupides jeux avec toi !

  Au vu de sa colère, je décidai de ne plus rien prononcer. Mais je sentis soudainement Alexeï se rapprocher de moi. Il lia tendrement nos mains. Une douce chaleur se propagea entre nos peaux, alors que je me retournais pour l'observer.

— Si je te dis que j'étais très jaloux, qu'en penserais tu ? me demanda-t-il soudainement.


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( Bonne lecture et merci pour tout !) ♥️

Prince Alexeï Où les histoires vivent. Découvrez maintenant