Chapitre 14

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     Alexeï m'avait appelé pour le repas il y a déjà une bonne dizaine de minutes. Évidement, je n'avais rien répondu. Je préférais rester seule dans cette chambre et réfléchir à tout cela. Dire que je vais devoir jouer la comédie avec ce prince. Me faire passer pour sa fiancée.  Et même si cela ne m'enchante pas, même pas du tout d'ailleurs, j'étais résignée à lui obéir. Il avait le pouvoir sur moi, mais également sur mes collèges... Cet homme obtient toujours ce qu'il veut et il est aussi très connu pour faire vivre un réel enfer à ceux qui s'opposent à lui.

Le choix était donc fait : accepter et jouer la comédie.

— Athéna ! Le repas est prêt ! cria soudainement cette voix grave.

J'enfonçai ma tête dans le coussin, mêlant jurons et plaintes dans ce tissu ma fois, très doux. Évidement, quelques minutes passées, j'entendis de nouveaux coups revenir contre la porte.

Oui. Il va se casser la main, et tant mieux.

— Athéna ! s'exclama-t-il d'une voix autoritaire, n'aimant visiblement pas que l'on lui tienne tête.

— Pas faim... murmurai-je, en sachant pertinemment qu'il ne m'avait pas entendu.

— Dans deux minutes, je risque de défoncer la porte, alors je te conseille vivement de l'ouvrir !

— Je n'ai pas faim !

— Tu vas immédiatement bouger ton petit postérieur du lit et venir prendre des forces ! Tu dois nourrir ce fessier et prendre plus de hanches ! répliqua-t-il, avant que je ne me lève d'un mouvement de mon lit.

Je rêve ! Et il se permet en plus de me dire cela !

J'ouvris d'un mouvement brusque la porte, pour me retrouver nez à nez avec ce fameux prince.

— On ne parle pas comme ça aux femmes, non mais ! Cela est extrêmement déplacé, je te l'ai déjà dit ! grondai-je rageusement, en osant même pointer un doigt sur son torse.

Avan,  j'émettais quelques réserves par rapport à son statut. C'est un prince, je me devais de le respecter. Encore plus étant donné que j'étais son employé. Mais là... Là tout change.

Je suis devenue sa fiancée, n'est-ce pas. Je peux donc avoir quelques droits, tiens !

— Je me suis peut-être trompé finalement... Peut-être faudrait-il affiner ses hanches... commenta-t-il une seconde fois, en caressant avec lenteur son menton.

Immédiatement, je lui donnai une tape sur le torse, avant de le contourner et de partir dans la salle à manger. Je pris place sur une chaise, puis attaquai avec rapidité mon repas. Alexeï venait me rejoindre, souriant. Il prit place, comme je l'avais fait avant. Il me fixait désormais avec une intensité ennuyante et dérangeante.

— Mes petite piques ont visiblement marché. Tu es venu, dit-il.

— Je déteste que l'on parle de mon physique, répliquai-je durement.

— J'énonçais juste une vérité.

— Eh bien ta vérité peut soigneusement être gardée dans un coin. Je me passerais vivement de ces énonciations.

— Voilà c'est ça. Je t'ai également choisi pour ton répondant. Ma mère a toujours aimé les femmes qui ne se laissaient pas faire et exprimaient à voix voix leur pensée.

— Je ne suis pas la seule femme à faire preuve de caractère. Il y'en a d'autres, complétai-je froidement.

— Peut-être. Mais tu es bien la seule pour moi, ajouta-t-il, cette dernière remarque me déstabilisant.

Je décidai d'arrêter de parler pour me concentrer sur ma nourriture. Et aussi, sur cette dernière réplique assez étrange, il est vrai.

**

Marchant dans les rues chinoises, le vent glacial venait frapper avec détermination nos deux visages. J'essayai de me cacher du mieux que je pouvais, frigorifiée et légèrement énervée de devoir marcher dehors pas ce temps, car je cite « une bonne balade nous fera le plus grand des biens à nous deux. »

— Frigorifiée ? me questionna soudainement Alexeï, pour ensuite se rapprocher de moi.

— À peine, râlai-je, en resserrant le tissu de mon manteau contre moi.

Alexeï continua de se rapprocher de moi, jusqu'à  entourer ma taille de l'un de ses bras. Immédiatement, je m'arrêtais, pétrifiée et outrée de ce geste. Je le fixais, mes yeux se perdant à présent dans les siens.

— Deux secondes pour me lâcher, grognai-je.

— Je te réchauffe. Voyons, calme tes ardeurs, répliqua-t-il, alors que mon pied venait comme par hasard, s'écraser sur le sien.

— Tsst. Tu devras cirer mes chaussures maintenant, quel dommage...

— Ah bah non. À ce qui paraît, je suis ta fiancée. Je ne suis plus ton employée, donc je ne te dois plus rien.

— Effectivement... renchérit-il, en détachant subitement son écharpe de son cou.

Aussitôt, il me la mit autour du mien, mon cœur s'accélérant sans aucune raison apparente.

— Je vais donc agir comme un charmant fiancé, me chuchota-t-il contre l'oreille, en attrapant désormais ma main.

Évidement, je ne le laissais pas faire. Je retirai d'un mouvement brusque et recommençai à marcher comme si de rien n'était.

— Hum. Sauvage, l'entendis-je commenter, alors que j'étais à deux doigts d'attraper des pierres et de lui lancer dessus.

Cependant, il revenait encore au galop. Il recommençait déjà sa tactique spéciale rapprochement. J'aurai pu lui rendre son écharpe en laine, mais étant une grande frileuse, celle-ci m'aidait plutôt bien à supporter le froid. Elle était douce, grande, chaude. Et puis elle ne sentait pas mauvais, à vrai dire.

Après j'aurai pu l'étouffer avec, aussi...

— Nous allons terminer la journée de demain par une réunion avec la société High-tech. Elle est très réputée ici et je me suis associé à elle il y a déjà cela deux années, déclara plus tard le prince, en me montrant du doigt le building qui se trouvait à quelques pas de nous.

— Je sais. Je lis les journaux, soufflai-je, avant de voir une petite mine surprise s'afficher sur son visage.

— Quand ai-je acheté la société Ciotola, en Italie ? me demanda-t-il, l'air très sérieux.

— Le quatre mars deux mille onze.

— Bon point. Cela me renfonce dans l'idée que j'ai bien fait de te demander ce service.

— Service ? Chantage totalement désabusé, oui. C'est mesquin et ça, je le retiendrai très bien dans ma petite tête.

Alexeï se pencha subitement près de mon visage, alors que je m'arrêtais de marcher. Il dégagea avec son doigt, une mèche de mes cheveux bruns, avant de prononcer tout bas :

— Les affaires sont mon point fort. J'aime trouver les bonnes tactiques et j'obtiens toujours ce que je souhaite, Athéna.

Prince Alexeï Où les histoires vivent. Découvrez maintenant