Chapitre 8

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La matinée d'Elys commença de façon bien inhabituelle.

Contrairement à celles des presque vingt derniers mois, elle ne se rendit pas à son entraînement matinal, pas plus qu'elle ne rendit visite à Aglia où à Taminn le forgeron. Elle profita du temps libre dont elle disposait pour nettoyer et mettre un peu d'ordre dans sa chambre et dans ses parchemins couverts de notes sur l'étude de l'Histoire des peuples, avant de se diriger vers le bâtiment des Choix, où Aglia lui avait demandé de se rendre, deux jours auparavant.

Elle eut la surprise, devant ce dernier, de retrouver Aglia et Taminn, côte à côte mais silencieux. Les deux se contentèrent de lui sourire - enfin, surtout Aglia - puis de lui faire signe d'entrer dans l'immense bâtiment de pierre blanche. La future gardienne sentit son cœur accélérer un peu, tandis qu'elle pénétrait dans le "couloir aux portes", comme l'appelaient les futurs guerriers entre eux. Derrière chacune, des centaines d'armes, toutes destinées à une personne en particulier, dont le choix était laissé à la discrétion des Veilleurs - seuls autorisés à vivre ici. Elle n'eut pas le loisir de tergiverser très longtemps, la main d'Aglia sur son épaule lui indiquant de suivre Taminn qui s'avançait, gigantesque et silencieux, vers une des portes de bois vernis.

- Sois la bienvenue, gardienne de la lumière.

La voix était basse et profonde, mais étrangement, l'homme assis au centre de la pièce était bien plus jeune qu'aurait pu l'estimer Elys. Sur un signe de sa part, la guerrière s'avança jusqu'à le rejoindre, s'agenouillant en tâchant de l'imiter au mieux, sentant ses deux professeurs faire de même juste derrière elle. Entre eux et le Veilleur, plusieurs paquets blancs - deux allongés, un plus petit et compact. Elle sentit son ventre se serrer en comprenant ce que contenaient les deux paquets, et sa bouche s'assécha soudainement. Était-elle vraiment prête pour tout ça ? N'aurait-elle pas eu besoin de plus de temps, de plus d'entraînement, de plus...

- Fais taire tes angoisses, Elys. Tu es prête. Aussi prête et rayonnante que l'était ta mère à ton âge. Tu rencontreras bientôt celles qui te compléteront et que tu compléteras. Veille à te souvenir lorsque ce moment viendra de te fier à ton cœur et non seulement à ta tête.

Un instant de silence, comme un soupir, une respiration même du temps.

Puis, l'homme se pencha et poussa doucement vers elle les deux paquets les plus allongés.

- En attendant, reçois maintenant tes armes, gardienne de la lumière.

Hochant doucement la tête, la jeune fille prit soin de défaire avec délicatesse les deux linges, découvrant deux longs sabres - certainement issus du style des katanas japonais de l'autre monde - d'un blanc presque éclatant, qui rappelait la neige brillant sous les premiers rayons de l'aurore. Ils étaient extrêmement simples, à l'exception d'une accroche qui lui permettrait de les suspendre à sa taille et d'un symbole qu'elle devinait être celui des mages de la lumière gravé dans la poignée.

Les posant près de son côté droit, elle attrapa ensuite le dernier paquet, que le Veilleur avait fait glisser dans sa direction pendant qu'elle déballait ses sabres. Celui-ci enveloppait une grosse ceinture de cuir contenant plusieurs poches et, surtout, de petites encoches dans le pourtour de la taille où étaient déjà accrochée une petite dizaine de couteaux de lancer. Elle comprit également que la ceinture pourrait plus tard accueillir les fourreaux de ses sabres. Un sourire ému envahit ses lèvres. Elle s'inclina profondément devant son interlocuteur.

- Je vous remercie de tout cœur, Veilleur, ces armes sont magnifiques. Je vous promets de toujours faire en sorte d'en être digne.

- Je te crois, gardienne. Maintenant, lève-toi et pars rejoindre la capitale - tu rencontreras là-bas tes deux compagnes. Ce fut un honneur de pouvoir être celui te présentant tes armes.

Les Gardiennes d'AclosiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant