Chapitre 4

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- Leya ? Quel a été le problème aujourd'hui, à ton avis ?

- Essayer de vous affronter ? Répondit-elle, pince sans rire.

Cela faisait partie de la routine, depuis plusieurs semaines qu'il l'avait prise comme apprentie : chaque soir, Astien revenait avec elle sur les erreurs qu'elle avait commises durant l'entraînement au combat qui se déroulait dans la journée, afin qu'elle y soit plus attentive par la suite. Il secoua la tête face à sa réponse.

- Non. Essaye encore.

- Eh bien... Tant que je me défendais, j'ai réussi à éviter les coups. Mais lorsque j'ai voulu attaquer, vous avez été... plus rapide ? J'aurais dû essayer autre chose que vous frapper avec le bout du bâton.

Généralement, Astien répondait assez vite en validant ou en corrigeant les affirmations de Léna, puis en détaillant ses propos afin qu'elle puisse mieux comprendre ce qu'il tentait de lui transmettre. Cette fois-ci, pourtant, il fronça les sourcils et resta un moment silencieux. Il semblait essayer de comprendre quelque chose qui lui échappait dans ce qu'elle avait affirmé quelques instants auparavant.

Finalement, il se releva et alla chercher un des bâtons de bois avant de le lancer à son élève. Il lui fit alors répéter plusieurs fois le mouvement qu'elle avait tenté de faire durant l'après-midi, l'observant sous un nouvel angle à chaque fois, avant de rendre son verdict.

- Je pense savoir où est le problème. L'épée n'est pas faite pour toi.

- Comment ça ?

- Eh bien, c'est un postulat qui circule parmi beaucoup de maître d'armes et de guerriers. Chaque personne aurait un type d'arme qui lui est plus adapté que d'autres. Ainsi, quand ils n'y ont encore jamais touché, ils ont une façon de réfléchir qui fait qu'ils s'adapteront mieux à un type en particulier qu'à d'autres. Si l'on part de cette réflexion, ta façon d'agir et de réfléchir n'est pas adaptée à une épée.

- Et à quoi, sinon ?

- Je n'en suis pas certain, mais à mon avis, une canne ou peut-être une lance pourrait être un bon début de piste.

- Une... canne ?

Il lui sourit gentiment.

- Nous verrons ça demain. En attendant, il est grand temps d'aller dormir.

La jeune fille aurait bien aimé protester ou pouvoir poser plus de questions, mais elle savait que cela ne servait pas à grand-chose - une fois qu'Astien avait décidé de faire quelque chose, il s'y tenait. Elle aurait très bien pu insister, elle se savait capable de lui tenir tête au moins sur ce terrain, mais cela aurait signifié beaucoup d'énergie dépensée pour peu de résultats. À ce stade, visiblement, il lui suffirait d'être patiente pour avoir ses réponses. Elle reposa donc son écuelle près de celle de l'homme, et alla détacher le paquetage accroché à l'arrière de la selle.

Quelques minutes plus tard, elle était nichée sous sa couverture et prête à s'endormir. Ses yeux voyagèrent sur le feu qui craquait toujours - et continuerait de brûler jusqu'aux petites heures du matin -, sur Astien, qui terminait de ranger une partie du camp avant de se coucher à son tour, sur la sombre silhouette des chevaux sommeillant non loin. Ses yeux achevèrent leur voyage sur la voûte céleste, détaillant le ciel moucheté d'une myriade d'étoiles. Elle soupira.

- Quelque chose ne va pas, Leya ?

Astien s'était retourné en entendant son soupir, un sourcil relevé par la curiosité. La jeune fille lui adressa un sourire empreint d'une certaine nostalgie. Elle dégagea son bras des couvertures pour venir le pointer sur le ciel au-dessus de leurs têtes. Replongeant le regard dans les étoiles, elle lança d'une voix tranquille :

Les Gardiennes d'AclosiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant