Chapitre 16

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Leya fit rouler les muscles de ses épaules, se redressant un peu sur sa selle pour soulager les douleurs qui commençaient à apparaître dans son dos. Elle n'avait pas eu le temps de se plaindre depuis qu'elle avait rencontré Ven, avec tous les rebondissements qui s'étaient déjà enchaînés, mais elle devait avouer que monter un dragon n'était pas de tout repos. Son corps, habitué au rythme tranquille d'un cheval, peinait à se faire au vent fouettant son visage, à la position presque couchée qu'elle adoptait pour faire corps avec les muscles de son compagnon et l'aider à stabiliser le vol - si tant est qu'elle puisse vraiment servir à grand-chose, au vu de sa taille.

- Tu n'es pas un élément négligeable, si tu veux tout savoir.

- Quoi ?

- Je répondais à la pensée qui vient de te traverser l'esprit. Tu n'es pas un élément négligeable, même si tu es plus petite et bien plus légère que moi. Comme tu es sur mon dos et juste au centre de mes ailes, quand tu te penches, cela m'aide à négocier certains virages.

- Oh... je vois.

- Ne t'inquiète pas, c'est normal que tout ça te soit encore étranger. Dans quelques semaines ou quelques mois, je suis sûre que cela sera aussi instinctif pour toi que respirer.

- Laisse quand même l'occasion à mes muscles de crier grâce...

La dernière réplique, pensée sur un ton quelque peu amer, eut pour seule réponse un éclat de rire mental. Quelque part, la jeune fille tentait tout de même de ne pas trop se plaindre. Certes, rester assise ou penchée pendant plusieurs heures d'affilées était loin d'être confortable, mais après tout, ce n'était pas elle qui devait les transporter sur des centaines de kilomètres, aussi évitait-elle de trop geindre.

Ils étaient partis la veille au soir, directement après la discussion qui s'était déroulée chez Aglia. En essayant de se coordonner, elles s'étaient rendues compte qu'il valait mieux que Leya parte le plus rapidement possible afin d'avaler aussi vite que Ven le pourrait la distance les séparant de la capitale des dragons. Ce dernier avait acquiescé à la suggestion et ils s'étaient mis en route sitôt que sa cavalière avait pu réunir suffisamment de vivre pour deux semaines. Ils étaient ensuite partis directement vers l'est - Ven arguant qu'il serait plus rapide pour eux de passer directement par la Mer Intérieure. Ils pourraient ainsi traverser la distance en deux ou trois jours à l'aller, contre cinq au retour, puisqu'il leur faudrait contourner par le Nord afin de rejoindre les grottes dans les falaises.

- A quoi penses-tu, petite sœur ?

- Un peu à tout et à rien... Le paysage n'est pas très varié, alors j'essaye d'occuper mon esprit.

- Tu n'aimes pas la mer ?

- Oh, si ! J'adore son odeur et le vent, mais voir tout le temps une étendue infinie ou presque de bleu, tu avoueras qu'on a connu plus palpitant...

- Méfie-toi de ce que tu souhaites, tu pourrais l'obtenir !

Avant même que la jeune fille n'ait pu analyser la dernière phrase qui résonnait encore dans son crâne, elle sentit son dragon faire un brusque tonneau sur la gauche, et ne put que s'accrocher de toutes ses forces aux sangles de la selle tandis que la gravité faisait battre sa tresse dans le vide à présent sous sa tête. Elle crut pouvoir se détendre lorsqu'il se stabilisa à nouveau, mais fut surprise par plusieurs changements brusques de direction, tandis qu'il voletait en zigzag. Un dernier plongeon lui fit remonter l'estomac dans la gorge tandis que Ven venait frôler la surface bleu profond du bout de ses griffes avant de remonter et de stabiliser à nouveau son vol.

Les Gardiennes d'AclosiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant