Chapitre 2

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Chapitre 2 :

Léna ouvrit les yeux la première, le lendemain, sans parvenir à se rendormir. Son esprit était trop tourmenté par tout ce qu'il s'était passé la veille - à vrai dire, elle était même étonnée d'avoir réussi à sombrer dans le sommeil. C'était certainement la fatigue de tous ces évènements qui avait dû l'assommer pendant quelques heures.

Aussi, une fois réveillée, elle s'assit dans le lit pour surveiller le sommeil agité de son amie. Si quiconque tentait de passer la porte d'entrée, elle se chargerait de le boxer avec ses maigres poings. Elle n'avait peut-être pas beaucoup de force, ne savait pas vraiment attaquer, mais elle avait la rage au ventre – cela suffirait.

Anna se réveilla peut-être une heure plus tard, ouvrant des yeux cernés par la fatigue et l'angoisse. Léna ne réussit qu'à l'étreindre avec force, lui offrant tout le réconfort qu'elle possédait. Pendant longtemps, les deux amies ne bougèrent pas, profitant de cet instant de pause qui leur était offert. Enfin, Anna se redressa, et fixa sa meilleure amie droit dans les yeux.

- Léna... C'était... juste un rêve ?

La jeune fille eut toute la peine du monde à répondre, la gorge serrée par un sanglot, les yeux déjà mouillés par ses souvenirs. Si elle souffrait autant, elle peinait à imaginer ce que devait ressentir son interlocutrice.

Elle finit par hocher la tête, annonçant d'une voix rauque :

- Non. Je suis tellement... tellement désolée, An'.

Celle aux cheveux châtains baissa la tête, la lèvre inférieure tremblante. Elle tenta quelques secondes de se retenir, mais la vague de chagrin balaya sans pitié tout effort qu'elle faisait pour contenir ses émotions. Elle éclata en sanglots, la tête sur l'épaule de son amie qui se contenta de la laisser pleurer en frottant son dos.

Pendant presque une demi-heure, la pièce ne fut remplie que par les sanglots d'Anna. Et puis, lorsqu'elle eut les yeux secs d'avoir épuisé toutes ses larmes, elle se releva. Pendant quelques instants, elle sembla hésiter sur le comportement à adopter, mais fini par quitter le lit. Son pas fut hésitant tandis qu'elle se dirigeait vers le broc d'eau, restant quelques secondes penchée au-dessus de ce dernier avant de plonger les mains dedans. La jeune fille lava abondamment son visage, faisant disparaître petit à petit les traces de larmes, soulageant son regard asséché. Léna l'observa sans mot recommencer à plusieurs reprises avant de se stopper, le linge dans les mains. Son regard sembla s'étirer dans le temps, se perdre dans ses propres souvenirs. Elle put même deviner à la tension qui envahit un instant ses traits lorsque les évènements de la veille envahirent son esprit. Finalement, ses traits reprirent en fermeté et son dos se redressa, tandis qu'elle se retournait vers Léna. Ses prunelles gris-vert se plantèrent dans le regard de son interlocutrice.

- Qu'est-ce qu'on va faire, maintenant ?

- Honnêtement, je ne sais pas. Je... il faudrait qu'on retourne chez toi, non ? S'occuper de ta mère et... et...

Un instant de silence, d'hésitation, devant l'immensité inconnue qui les attendait.

Les deux filles eurent l'estomac serré par l'appréhension. Puis, l'une d'elle prit une profonde inspiration et commença à dessiner des hypothèses sur ce qu'elles pourraient faire, une fois de retour dans le petit appartement. La mère adoptive de Léna devait être morte d'inquiétude, il faudrait donc certainement la rassurer en premier lieu, puis voir avec elle ce qu'elles pouvaient faire pour Anna.

Elles étaient en train de débattre sur les maigres informations qui leur avaient été distillées au compte-goutte le soir précédent quand trois coups furent frappés à la porte. Dès que l'une d'entre elle eut lancé à l'invité d'entrer, le panneau de bois pivota - dévoilant derrière l'homme qui les avait amenées ici la veille.

Les Gardiennes d'AclosiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant