3 juillet 2017 ~ HARRY

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Harry était chez sa mère depuis une dizaine de jours maintenant. Moins d'une heure après que lui et Nina étaient sortis du dernier rendez vous de celle-ci avec sa psychologue, il avait reçu un appel de sa sœur, en pleurs: leur beau-père, Robin, était décédé à cause de son cancer. Le bouclé et sa femme avait préparé leurs valises et étaient partis à Holmes Chapel dans la soirée. Maintenant que Nina allait mieux, Harry allait devoir s'occuper de sa mère endeuillée. Elle aimait beaucoup son mari, elle l'aime toujours d'ailleurs, et il le savait. Harry voulait soutenir sa mère du mieux qu'il pouvait. C'est pourquoi ils étaient encore à Holmes Chapel. Gemma avait du retourner sur Londres pour son travail, mais elle venait les week-ends, la famille devait rester soudée.

Il y avait tellement de choses dans la tête de Harry en ce moment... bien que Nina aille mieux, il avait toujours peur que ses vieux démons reviennent la hanter, l'arrivée du bébé arrivait à grands pas également, et enfin, sa mère semblait ne jamais pouvoir sourire à nouveau un jour. Une petite routine s'était installée dans la maison d'Anne Twist. Tous les matins, Harry se levait aux environs de six heures et allait courir. De toute façon, il était tellement préoccupé qu'il n'arrivait pas dormir plus. Et, contrairement à d'habitude, il ne supportait plus de traîner au lit. Il se dépensait dans la course pendant une heure à une heure et demi. Parfois, il s'arrêtait dans des endroits clés de son enfance, se rappelant de vieux souvenirs. D'autres fois il courrait le plus vite possible jusqu'à épuisement, comme s'il réussirait à fuir ses inquiétudes. Il semblait déborder d'énergie tous les matins, et pourtant, il n'avait jamais été aussi épuisé qu'en ce moment. La fatigue mentale était la pire de toutes. Ne serait-il donc jamais tranquille ?

Une fois rentré de son footing, Harry prenait une longue douche, très souvent froide. Peut-être espérait-il que les soucis qu'il n'avait pas réussi à fuir plus tôt partiraient en même temps que l'eau dans les égouts... Il continuait d'espérer, sachant pertinemment que ce n'était pas comme ça que ça marchait. C'était en general pendant sa douche que Nina se réveillait. Ils prenaient ensuite tous les deux le petit déjeuner avec Anne. Certains jours, ils s'occupaient ensemble de la maison, se répartissant les tâches ménagères. Harry termina de peindre les volets que Robin avait commencé à rénover. Il installa également des rideaux que sa mère avait achetés dans le salon et le bureau. Enfin, il monta une nouvelle bibliothèque dans cette même pièce. Oui, Harry acheva ce que son beau-père avait commencé. Plusieurs fois il pleura, mais il resta toujours bien occupé pour ne pas sombrer. Il n'était pas spécialement proche de Robin, le chanteur ayant passé les cinq dernières années en France. Mais Harry était très fusionnel avec sa mère, et il sentait la souffrance de celle-ci. Il voulait passer un maximum de temps avec celle qui lui avait donné la vie et avait décidé de partager ses après midis avec elle. À cause de la chaleur qui s'ajoutait à sa grossesse, Nina montait souvent se reposer dans leur chambre et Anne et Harry profitaient de ce moment pour aller se promener, jouer à des jeux de société, regarder un film ou tout simplement parler de tout et de rien. Le bouclé était un homme marié et près de devenir papa. Pourtant, tous les après-midi, il avait la sensation de revenir en enfance, comme lorsque Gemma avait cours le mercredi après-midi et qu'il pouvait avoir sa mère pour lui tout seul.

Le jeune homme se démenait pour faire le bonheur de sa femme malgré la situation et redonner le sourire à sa mère. Cependant, il se donnait tellement pour elles qu'il s'oubliait totalement. Il se disait heureux, mais au fond de lui il sentait comme un vide, un trou béant qu'il n'arrivait pas combler.

Ce jour-là, Nina ne se sentait pas trop bien et était restée au lit pendant que Harry et sa mère prenaient le petit déjeuner. Il se contentait de manger, et aucun son n'était sorti de sa bouche à part pour remercier sa mère lorsqu'elle lui servit ses œufs et pour demander s'il restait du café.

"- Harry... commença Anne. Je m'inquiète pour toi.
- C'est inutile.
- Regarde-toi, tu as vu les cernes sous tes yeux ?
- Je ne suis pas le seul ici à en avoir.
- Mon chéri... s'il te plaît arrête de t'en faire pour moi. Robin était malade, les médecins nous avaient prévenus. J'étais préparée à vivre ça un jour. Ce n'est pas arrivé brutalement, j'ai pu lui dire au revoir. C'était tout ce dont j'avais besoin pour avancer. Mais je ne peux pas avancer si je vois que mon fils est dans cet état."

Harry ferma les yeux, prit une grande inspiration et rouvrit ses yeux. Ses pupilles vertes rencontrèrent celles de sa mère. Son regard n'était qu'amour et bienveillance. Sa mère était tellement forte.

"- Je suis désolé maman. Je veux juste que tout aille bien pour toi.
- Ca va. Je te le promets. Il va encore me falloir du temps, mais c'est normal. Je te remercie d'être resté si longtemps et je suis également très reconnaissante à Nina d'avoir accepté de venir. Mais vous allez bientôt devenir parents, vous avez besoin de temps tous les deux avant ce grand changement.
- Tu es en train de nous virer ? rigola le chanteur.
- Ohhh non ! Si ça ne tenait qu'à moi je te garderais toute ma vie près de moi mon bébé. Mais je suis bien consciente que tu as ta vie aussi. Je suis fière de ce que tu es devenu. Et Nina.... je n'aurais pu rêver une meilleure belle-fille. Elle est encore mieux que tout ce que j'aurais pu imaginer pour toi.
- Merci maman, répondit-il les larmes aux yeux.
- Mais comme je l'ai dit vous avez besoin de temps tous les deux.
- Toi tu as une idée derrière la tête."

La femme se leva pour aller chercher une enveloppe dans un tiroir de la cuisine. Elle la posa sur la table et la glissa vers Harry. Il l'a prit dans sa main. C'était une enveloppe brune au format A4, tout ce qu'il y a de plus classique. Elle n'était pas fermée et il n'y avait qu'une seule inscription dessus: "NYC" écrit de la main de Robin. Harry regarda sa mère d'un air interrogatif.

"- Nous espérions pouvoir partir à New York cet été. Tout était prévu. Vol, hotel. Tout est réservé et payé. Le vol est prévu pour ce dimanche. C'est un voyage de dix jours. Je veux que vous y alliez Nina et toi.
- Mais-
- Je ne me sens pas d'y aller toute seule. Et non je ne viendrai pas avec vous. Vous avez besoin de vous retrouver, juste tous les deux.
- Je vais te rembourser.
- C'est hors de question. Je veux vous en faire cadeau. C'est peut être le dernier que je vous fait. Après je serai sans doute trop occupée à gâter mon petit fils ou ma petite fille, sourit-elle."

Harry regarda sa mère. Elle souriait. Il avait l'impression de ne pas avoir vu ses lèvres s'étirer ainsi depuis une éternité. Il sourit à son tour, se leva et prit sa mère dans ses bras.

"- Merci, fut tout ce qu'il réussi à dire.
- Je veux que vous profitiez et que tu chouchoutes Nina. Et aussi je veux que tu te reposes ! Promets le moi.
- C'est promis maman.
- Je t'aime mon fils.
- Je t'aime aussi maman."

Le brun se sépara de sa mère et l'embrassa sur le front. Lorsqu'il s'éloigna à nouveau d'elle, il remarqua sa femme dans l'encadrement de la porte de la cuisine.

"- Je crois que j'arrive au mauvais moment, dit la future mère.
- Tu n'arrives jamais au mauvais moment, répondit Harry en prenant sa bien-aimée dans ses bras. Tu vas mieux ?
- Un peu. Je venais me faire une tisane.
- Je vais te la faire. Assieds toi."

La jeune femme s'assit et remarqua l'enveloppe restée sur la table. Harry lui jeta un coup d'œil.

"- Tu peux regarder ce qu'il y a dans l'enveloppe. C'est pour nous.
- Un voyage à New York !?! s'exclama l'anglaise après avoir regardé.
- Cadeau de ma mère.
- Waaaah ! Merci Anne. (Elle se leva et prit sa belle-mère dans ses bras) J'adore New York !
- Je savais que ça te plairait, répondit la plus âgée. Comme je disais à Harry, je compte sur vous pour que vous profitiez et que vous vous reposiez avant l'accouchement.
- On le fera, sourit Nina."

Harry posa une tasse fumante de tisane devant sa femme, qui le remercia. Il regarda l'enveloppe. Il aurait voulu que sa mère vienne avec eux, qu'elle puisse profiter aussi de ce voyage qu'elle avait prévu avec son mari. Mais il comprenait aussi qu'elle n'était pas prête à faire seule un voyage au départ planifié à deux. Il se promis que dès que possible ils retourneraient à New York et que cette fois-ci Anne serait là.

NinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant