VIII.

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Axel.

Ses doigts tremblaient quand il a écrit sur l'écran de son téléphone. Il s'est trompé plusieurs fois de lettre, de mot, de tournure de phrase, a pensé autant de fois que c'était nul, ce qu'il disait, et tellement futile.

Mais il l'a fait.

Son pouce a trébuché, et l'instant d'après, le message était parti. C'était trop tard pour regretter et trop tôt pour s'en réjouir.

Il a attendu. S'est ravisé. A éteint son portable. L'a posé sur son bureau, à côté de ses cours, des prospectus et des disques. S'est promis de ne le rallumer que le lendemain. S'est dit que c'était aussi bien de ne pas affronter la réalité et de ne jamais le rallumer. A pensé qu'il pouvait partir, que rien ne le retenait, qu'il pouvait s'en aller dans une autre ville, dans un autre pays, dans un autre monde, et que celui-ci ne changerait pas.

Puis, il y a un éclair, un flash, une éclipse dans son esprit, et il a réalisé que quelqu'un les attendait, lui et cette réponse. Il n'était plus seul. Au fond de lui, si profondément qu'il n'en avait pas encore conscience, il sut que quelqu'un l'avait compris.

Alors, il a souri, de ses sourires de travers qui éclairaient ses yeux et remontaient ses pommettes, qui lui donnaient un air de rêveur, vaine ressemblance avec un poète mélancolique, de ses sourires rien qu'à lui qu'il faisait sans s'en rendre compte et qui illuminaient la nuit.

Il a laissé le téléphone là, a rejoint son lit, s'est allongé dessus en étoile, a repoussé la couette épaisse parce qu'il faisait lourd et chaud, que l'espoir l'engourdissait, parce qu'il se sentit soudain idiot d'ainsi espérer, on lui a toujours dit qu'il espérait trop, mais ce mot lui semblait si beau.

Espoir.

Il promettait tellement. Autant de désillusions que de joies, et cette chose qui ronge la poitrine que d'autres appellent tristesse. Il passa ses mains sur son front, ses paupières closes, son nez anguleux, sa bouche pincée, son menton, les reposa contre les draps.

Quelques heures plus tard, taraudé entre le doute et cet espoir si grand, il s'endormit.

Il ne vit pas, de l'autre côté de la ville, là où les gens ont des pelouses vertes toujours entretenues et des coupés cabriolet, le téléphone qui brilla soudain dans le noir.

Les InvinciblesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant