Prologue

4.3K 191 22
                                    



Été 2016. Sacramento, Californie.

Aujourd'hui est un jour assez particulier car j'ai décidé de parler d'avenir avec mes parents. J'ai décidé de leur apprendre que je ne voulais plus faire ce qui était prévu. J'ai décidé de les décevoir. Je savais que ce serait difficile – surtout pour ma mère – mais nous avions eu une conférence au lycée qui nous avait tous un peu secoués. Le thème principal était sur la relation parents-adolescents et il y avait des sujets tels que « Pourquoi mes parents sont aussi chiants alors qu'ils ont été ado avant ? » ; l'intitulé choc nous avait bien faits marrer, mais les débats qui s'en étaient suivis avaient été enrichissants. Pour ma part, je n'avais jamais trouvé que j'avais des parents chiants, j'estimais qu'ils savaient ce qu'ils faisaient et que justement, ils avaient déjà été adolescents : toutes mes erreurs, ils les avaient déjà faites. Lorsque j'étais intervenu pour donner mon avis, j'étais passé pour l'extraterrestre du lycée. Grâce à mon discours et au débat qui en avait découlé, le conférencier avait pu faire une belle transition parce qu'écouter ses parents était une bonne chose, mais « Si je voulais faire ma vie et poursuivre mes rêves au lieu de ceux de mes parents », c'était encore mieux. Beaucoup de mes camarades avaient pris conscience que leur choix universitaire correspondait à une envie de rendre fiers leurs parents et lorsqu'une fille que je connaissais à peine avait exprimé son envie d'être reporter alors qu'elle était inscrite en fac de médecine, une révolution s'était mise en marche. J'avais trouvé idiot d'avoir cette conférence à deux jours de la remise de diplôme, au moment où le lycée était terminé, et les choix de faculté déjà validés. Je l'avais fait remarquer au conférencier lorsqu'il m'avait demandé mon avis sur la question en lui répondant que, maintenant, certaines personnes risquaient de gâcher leur scolarité ou leur vie en pensant à ce qu'ils auraient pu faire, sans voir ce qu'ils accomplissaient déjà. Un silence de mort s'était abattu sur la pièce et la conférence s'était achevée sur un joli discours visant à nous rassurer sur notre future vie d'adulte. Moi, je n'étais inscrit dans aucune faculté parce que je n'aimais pas l'école et que tous les établissements que j'avais fréquentés me l'avaient bien rendu, mais je n'étais pas sans avenir pour autant. Alors je n'avais pas eu peur de prendre la décision de changer de voie, mais l'idée de décevoir mes parents était si forte que j'avais passé presque cinq jours à avoir la sensation de remettre ma vie en question. Ce matin, j'avais estimé que le petit secret qu'était mon nouveau choix de carrière était trop lourd à porter et qu'il fallait à tout prix que j'en discute.

. . .

Nous sommes dans le salon, il est 16 heures et ma mère vient de nous servir le thé – une coutume qu'elle a ramenée de son Angleterre natale. Coutume que j'ai adoptée depuis toujours, même si je suis patriote américain bien plus que je ne suis souverain de la reine d'Angleterre. Je crois que j'aime l'habitude que nous avons de nous retrouver autour d'un thé pour discuter bien plus que je n'aime cette flotte trop chaude, aromatisée aux plantes ou aux fruits.

Il est vrai que nous avons l'air d'une famille de bourgeois mais ce n'est pas le cas. Au décès de mon père, ma mère a hérité d'une petite somme d'argent que nous avons su épargner et faire fructifier. Nous ne manquons de rien et ne sommes pas riches pour autant. Mon beau-père – l'homme avec qui elle est remariée depuis presque 5 ans – est un bosseur acharné. Il a monté son garage à seulement 21 ans et aujourd'hui, il en possède trois à son nom. Et un au mien.

C'est là que tout se complique.

Je n'ai jamais aimé l'école parce que personne n'a jamais su m'y intéresser. J'étais incapable de rester sur une chaise sans faire de conneries ou d'écouter une consigne sans perdre le fil. À ce qu'on dit, je suis hyperactif, mais je sais que ce n'est pas le cas ; je trouve tout simplement l'enseignement chiant. D'après l'une de mes profs au lycée, nous ne sommes pas sans avenir si nous avons une passion et des talents. Par chance, j'ai tout ça. Depuis petit, je suis fasciné par les voitures, j'ai une préférence pour les anciennes voitures à retaper ou les voitures de collection et mon beau-père m'a appris tellement de choses ces cinq dernières années que ma passion n'a cessé de s'accroître. C'était le jour de mon dix-septième anniversaire lorsqu'il m'avait annoncé que, si je le souhaitais, je pourrais reprendre l'un de ses garages. Même si c'est un projet qui me plaît beaucoup, depuis cette fameuse conférence, j'ai de grands doutes.

RESTE AVEC MOI, tome 1 - Summer TimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant