Épilogue

2.6K 187 26
                                    


Été 2017. Tampa, Floride.

Il est tard – ou tôt, tout dépend du point de vue. Il est si tard que Louis tombe de sommeil contre mon épaule mais qu'au moindre mouvement que je fais, il se réveille dans un sursaut. Il lutte contre le sommeil parce qu'il sait que demain, je m'en vais et qu'on ne va pas se revoir avant un moment.

« Le film est fini ?, il me demande alors que ses yeux se referment aussitôt.

– On va se coucher ?

– Mais non, on est bien ici. »

Je souris parce que si je sais que c'est vrai, je me lève malgré tout et il s'accroche à mon cou en rouvrant les yeux.

« Moi je vais me coucher, je dis.

– Mais pas sans moi, hein ? »

Il enroule ses jambes autour de ma taille et je passe une main sous ses fesses pour éviter de perdre l'équilibre avant de nous faire regagner notre chambre. Louis est un koala, un vrai pot de colle, même. Chaque fois qu'on est dans la même pièce, nous ne sommes jamais à moins d'un mètre l'un de l'autre parce que j'ai l'impression qu'il suffoque autrement – peut-être qu'il n'est pas le seul à manquer d'air, d'ailleurs. Je ne sais pas quand est-ce que c'est arrivé, je ne sais pas à quel moment de l'année passée nous avons réalisé que nous allions finir notre vie tous les deux mais lorsque Louis m'a fait promettre qu'un jour on fonderait une famille, j'ai compris qu'on était trop amoureux l'un de l'autre pour faire machine arrière et pour espérer laisser l'autre respirer. Je l'ai également vu dans les détails du quotidien comme lorsque je faisais la peinture dans chaque pièce de sa maison à Carmel et qu'il suivait mon escabeau à la trace tout en faisant ses devoirs, ou bien lorsqu'il mangeait dans mon assiette plus que dans la sienne sans que ça ne me dérange. Je crois qu'on est fusionnels au point que c'en est douloureux, au point que lorsque nos corps sont trop loin l'un de l'autre, le manque nous fait souffrir. Je ressens ce manque jusque dans mes os, il résonne comme un cri effrayant qui déchirait le silence de la nuit. Louis m'est devenu vital et je sais très bien que j'aurais pu rester, je sais que j'aurais pu vivre de petits boulots toute ma vie – ou du moins, jusqu'à ce qu'il ait un poste haut placé à l'O.M.S.. Mais je sais aussi que ce n'est pas ce que je voulais pour moi. Je ne veux pas être séparé de Louis mais je dois malgré tout faire ce sacrifice pour pouvoir m'épanouir à ma manière. C'est un bon moyen pour s'assurer que notre couple résistera à toutes les épreuves, non ?

Je l'allonge dans le lit et le force à lâcher prise pour pouvoir éteindre toutes les lumières de notre minuscule appartement. Louis aurait préféré quelque chose de plus spacieux, de plus lumineux aussi, mais si j'étais d'accord pour qu'il se charge de la décoration de A à Z, il était d'accord pour que je choisisse l'appartement seul ; j'ai bien cru que l'agent immobilier se tirerait une balle dans le crâne après qu'on ait visité douze appartements et qu'aucun ne me satisfaisait vraiment.

« À quoi tu penses ?, il demande en rallumant la lampe de chevet avant de rouler jusqu'à moi pour se blottir dans mes bras.

– À Mr. Colmar. »

Louis pouffe de rire et lorsque je caresse son dos du bout des doigts, il frissonne.

« Mets un t-shirt, je dis.

– Mais non, il fait chaud ! Je préfère être contre toi comme ça al—

– Mets un t-shirt. »

Il ronchonne, se relève et va fouiller dans la penderie pour enfiler un t-shirt. Un des miens, évidemment. Il l'enfile et se recouche. Il boude mais il se colle tout de même contre moi.

RESTE AVEC MOI, tome 1 - Summer TimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant