Chapitre 3

2K 171 39
                                    


Été 2016. Carmel-by-the-sea, Californie.

La sonnette m'arrache de mes songes. Je râle, je grogne et je tourne la tête vers ma table de chevet pour me saisir de mon portable. Il est 4 h 53. Je n'ai pas l'intention de me lever mais on sonne à nouveau.

« Putain mais c'est pas vrai ! », je gueule pour moi-même parce que je sais très bien qu'on ne m'entendrait pas de dehors.

Les murs sont trop épais, les fenêtres sont blindées et cette baraque est une vraie forteresse. Ou une vraie prison. Tout dépend du point de vue.

Je quitte mon lit difficilement et je me traîne jusqu'à la porte d'entrée. Quand je l'ouvre, il n'y a plus personne et je m'apprête à hurler des centaines d'insultes lorsque je pense apercevoir quelqu'un au bout de mon allée.

« Louis ? », je m'étonne en sortant sur le palier.

Il s'arrête et fait volte-face. Je passe une main dans mes cheveux pour me donner une contenance. Je crois que je suis déstabilisé par sa présence que je n'attendais pas.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu n'es pas avec Peter ? »

Il semble fatigué et pourtant, je peux lire un petit sourire sur son visage.

« Est-ce que c'est un reproche ?, il me demande.

– Bien sûr que oui !, je m'emporte. Tu m'as planté ! Je pensais que vous passiez votre temps à vous éviter et là tu pars avec lui !

– C'est pour ça qu'on passe notre temps à nous éviter. Soit parce qu'il est en colère, soit parce qu'il est bourré. Ça me fait de la peine.

– Tu l'aimes encore ?, je demande.

– Non. Mais j'ai... comment tu dis ? De l'affection pour lui. J'ai été amoureux de lui pendant des mois. On ne peut pas gommer le passé d'un claquement de doigts. »

Je ne réponds pas et je croise les bras. Ça ne m'explique pas ce qu'il fait ici.

« Bon et bien... je ne vais pas te déranger plus longtemps, il souffle, mal à l'aise.

– Tu es venu jusque chez moi pour 'ne pas me déranger' ? C'est trop tard, Louis. Tu m'as réveillé en pleine nuit. »

Il pince ses lèvres, embarrassé.

« Tu n'étais pas aussi désagréable tout à l'heure, il me fait remarquer tristement.

– Tout à l'heure, je ne m'étais pas fait humilié. »

Je soupire. Je n'ai pas une fierté qui prend deux fois plus de place que moi, mais j'ai été vexé et il ne me laisse même pas vingt-quatre heures pour le digérer. Son air peiné me prend aux tripes et je réalise que je suis bien plus content de le voir, que fâché de ce qu'il s'est passé au bar.

« Désolé, je ne suis pas toujours de bonne humeur au réveil. », je souffle pour balayer ma fausse colère.

Je lui adresse un sourire sincère.

« Alors... qu'est-ce qui t'amène ?

– En fait... je n'en sais rien. Je crois que j'avais juste envie de... faire un tour. »

Il me rend mon sourire et je sens mon cœur s'emballer. Ma rancœur s'en est allée et je crois que j'ai envie de faire un tour moi aussi.

« Tu me laisses mettre mes chaussures ?, je lui demande.

– Tu habites Bayview, non ? »

Je fronce les sourcils parce que sa question n'a pas de sens. Il est chez moi. Il est dans mon jardin. Il est dans Bayview.

RESTE AVEC MOI, tome 1 - Summer TimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant