Chapitre 1.

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       Dans un long bruit de couinement, le train en provenance de Metsuno s'arrêta enfin dans la Grande Gare de Tokyo, après cinq longues heures de trajet et d'ennui.

Immédiatement, la foule de passagers se pressa aux portes de sortie, poussant des coudes et des grognements mécontents pour s'extirper de la carcasse de métal. Il y eu des embrassades sur le quai, des larmes, des cris de joie ou de la simple indifférence humaine. La gare se remplissait à mesure que le train se vidait, créant ainsi une vague d'hommes et de femmes aussi pressés les uns que les autres.

Puis, affublée d'un large sac à dos et d'une grosse sacoche à bandoulière, une jeune fille descendit du monstre sur rails.

Laissant les lanières de ses bagages glisser de ses bras, elle balaya le quai du regard, à la recherche de quelque chose, ou de quelqu'un. Pendant de longues secondes, ses yeux arpentèrent les visages des gens autour d'elle, comme aux aguets.

Mais le quai se désemplissait au fur et à mesure que le temps s'écoulait, et un long soupir finit par s'échapper de ses lèvres. Résignée, l'adolescente remonta les bretelles de ses affaires sur ses épaules et prit congé de l'immense train de métal pour s'enfoncer dans les couloirs obscurs des métros.





       Non loin d'une heure plus tard, la jeune fille se retrouva à porter ses lourds bagages dans les rues grises de la ville. Ses pas la menèrent à un quartier rempli d'appartements sans artifices où régnait une lourde atmosphère d'ennui.

Quelques buissons aux feuilles fades bordaient les allées piétonnes, du linge voletait sur les balcons décrépis, on arrivait à peine à deviner que l'hiver était déjà bien loin. Seuls plusieurs chats, passant par-ci, par-là, donnaient un peu de vie à ce paysage presque fantomatique.

D'ailleurs, l'une de ses bestioles poilues vint s'approcher de l'adolescente sans aucune méfiance. Celle-ci s'accroupie devant l'animal et se mit à lui caresser la tête ainsi que le dos dans des gestes affectifs. Le chat, au pelage gris des plus simples, ronronna de contentement en venant se frotter aux genoux de la jeune fille.

« Dis donc, t'es loin de la maison, toi, lui dit-elle comme s'il pouvait la comprendre. »

Puis, elle se releva, réajusta ses lourds sacs sur son dos et se rabaissa pour attraper l'animal.

« Allez, je te ramène. »

Portant le chat comme un nourrisson, ce qui semblait lui déplaire à l'entente de ses miaulements de non-consentement, la jeune fille continua sa route vers les tous derniers immeubles du quartier. Ceux-ci donnaient sur la mer, ou plutôt sur un bout de plage avant les entrepôts maritimes.

Arrivée sur le palier de la dernière des bâtisses, elle tapa le code sans hésitation et pénétra dans une entrée étriquée, encombrée d'une poussette et de quelques vélos. Là, elle libéra le chat de son emprise qui vint escalader les marches de l'immeuble, disparaissant dans le corridor comme un petit fantôme.

Réinstallant une énième fois ses bagages sur ses épaules, l'adolescente s'attaqua à la montée malgré la charge de ses affaires. Elle n'avait pas vraiment d'autre choix, l'ascenseur était orné d'une magnifique feuille indiquant sa panne. Et, après réflexion, la pancarte était déjà là quatre mois auparavant.





       Essoufflée, elle atteignit enfin l'onzième étage où l'attendait la bestiole grise. Cette dernière était tranquillement assise sur le paillasson de la porte vingt-deux, soit la dernière de tout l'immeuble. Voulant reprendre son souffle, la jeune fille s'assit un instant sur le bord de l'escalier entourée de ses deux gros sacs. Mais le chat ne l'entendait pas de cette oreille et se mit à miauler à s'en casser la gorge.

Haruka Aizawa (Partie 1) [MHA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant