Izuku se rua hors de la salle. Complètement paniqué, il regarda à droite, puis à gauche, et se précipita entre les couloirs du grand bâtiment.
Le jeune garçon se maudissait d'avoir réagit ainsi. Il se maudissait de s'être précipité sans remuer trois fois sa langue dans sa bouche, sans réfléchir un peu. Quel idiot il avait été ! Et quelle bourde monumentale !
Soudain, il vit la jeune fille aux cheveux châtains qui, alertée par les bruits de pas, se retourna vers le garçon.
Celui-ci s'arrêta instantanément, comme frappé de stupeur.
Les yeux noisette de l'adolescente, autrefois brillants, étaient plissés et ternes. Son regard amical avait changé pour une froideur nonchalante. Elle posa son regard sur le garçon aux cheveux en bataille avec une moue neutre et détachée.
Les yeux, le regard, la moue d'Aizawa-sensei.
Izuku resta figé devant cette soudaine et incontestable ressemblance. Alors que tous les élèves de la seconde A se demandaient encore comment une fille aussi douce pouvait être l'enfant de leur rigide professeur, le garçon aux cheveux verts n'en avait plus aucun doute. Là, devant lui, se tenait le véritable double féminin de l'homme qui se faisait appeler Eraserhead.
Face à son silence, la jeune fille détourna son regard vide et reprit sa marche vers les escaliers.
Déstabilisé, le garçon se détacha difficilement de sa stupeur pour s'exclamer :
« G-Gomen ! Pardon ! »
Elle s'arrêta de nouveau, toujours en silence.
« Excuse-moi... continua Izuku avec sa maladresse habituelle, Je-je me suis un peu trop emballé et-et je me souvenais plus de ce que... de ce qu'il s'était passé... »
Elle ne se retourna pas.
« Ton alter et ton nom de code me disaient quelque chose et... Et quand j'ai enfin découvert pourquoi, je n'ai pas pensé à... à ce qu'il s'était passé... »
Silence.
« Je ne voulais pas te rappeler ça... Je suis désolé... Vraiment, je suis...
-Ce n'est pas grave. »
Surpris, il releva brusquement le regard vers la jeune fille. Elle s'était légèrement retournée vers lui, les yeux toujours fixés au sol.
Puis son regard remonta sur les murs du couloir, comme si elle les détaillait avec attention. Etrangement, un voile de tristesse s'était posé sur son visage, regarder ces murs semblait la rendre nostalgique.
« Ce n'est pas grave. Tu ne pouvais pas t'en souvenir. Cela n'avait pas fait trop de bruit à l'époque... Bonne fin de soirée, Midoriya. »
Sur ce, elle tourna la tête, reprit sa marche et quitta le lycée, laissant un Izuku pleins de remords et démuni.
Il avait clairement vu des perles salées roules le long des joues d'Haruka.
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Shota claqua la porte derrière lui.
Son appartement lui semblait étrangement vide, seul Neko ronflait dans le canapé gris, se confondant presque avec le tissu bouloché. De tous les chats de la planète, il avait fallu qu'il prenne celui qui fasse le bruit d'une tondeuse. Quelle chance.
Le grand homme traversa la pièce en traînant des pieds pour se poster à une fenêtre et observer le paysage.
Là, sur la plage non loin des immeubles, une silhouette qui lui était familière faisait quelques étirements.
Shota haussa un sourcil intrigué, ce n'était pas dans les habitudes de sa fille de ne pas prendre un copieux goûter avant son sport forcé. A chaque fois qu'il rentrait, normalement, il la surprenait avec un grand bol de céréales dans les mains et en profitait pour la sermonner sur son alimentation. Mais pas aujourd'hui, visiblement.
Il finit par quitter sa fenêtre et vint se laisser tomber dans le canapé. Réveillé par ce nouvel arrivant, le chat miaula d'énervement, mais l'homme n'y fit pas attention.
Tandis que son corps endolori se reposait de sa dure journée de travail, il réfléchissait, quelques instants.
Sans qu'il ne sache réellement pourquoi, son regard se porta sur la porte de la chambre de sa fille. Elle n'était pas totalement fermée et laissait se filtrer quelques rayons de lumière.
Shota se releva de son assise et se dirigea vers elle, comme happé par cette discrète clarté.
Sa main se posa sur la poignée, puis la poussa, faisant grincer le bois.
La chambre qui s'ouvrit à lui était lumineuse, propre et ordonnée. Elle ne pouvait qu'être ordonnée, étant donné le peu d'affaires qu'elle contenait. Seul le canapé-lit, grand ouvert au milieu de la pièce, apportait un peu de dérangement, en plus de manger tout l'espace.
Comme soudainement prit de fatigue, le grand homme s'assit au bord du lit qui grinça sous son poids. Il fit passer ses mains sur son visage et frotta ses yeux encore douloureux soupirant.
Comment ne plus s'inquiéter tout le temps ?
Shota était rongé par une maladie, il était rongé par l'inquiétude
Pour ses élèves, pour Yuei, pour l'avenir des super-héros, et surtout pour sa fille.
Comment ne pas être inquiet que le monde avançait dans sa déchéance ?
Rien n'allait, tout menaçait de s'écrouler à un moment ou à un autre. Les attaques que subissait Yuei, que subissaient ses propres élèves, n'annonçaient rien de bon. Et il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour cela.
Ses lèvres laissèrent passer un énième soupir de lassitude dont lui seul avait le secret.
Lorsqu'il releva les yeux, son regard croisa le seul mur décoré de la pièce. Plusieurs cadres y étaient accrochés çà et là, affichant plusieurs photos ayant pour thème la campagne.
Une de ces photos vint brusquement serrer son cœur.
Plus vieille et abîmée que les autres.
C'était un portrait.
Le portrait d'une femme.
Une femme aux longs cheveux châtain clair et détachés. Une femme dont le doux visage s'étirait par un grand sourire heureux. Ses yeux couleur noisette brillaient aux lumières colorées d'une fête foraine, tout comme la fine bague argentée entourant son annulaire gauche.
Plus il la regardait, plus le cœur de Shota se serrait, frôlant l'implosion. Des sueurs froides naquirent dans son dos tandis qu'un flot incessant de remords et de regrets s'empara de lui.
Soudain, il sortit précipitamment de la chambre et claqua la porte derrière lui.
Neko sursauta et vint se réfugier sous la table.
Le modeste cadre du salon se décrocha du mur sous le choc et tomba bruyamment par terre, derrière le canapé.
Shota ne réagit pas, figé debout, prit par une vague de tristesse aussi brutale que fatale.
Quelques secondes plus tard, il finit par se laisser tomber une nouvelle fois dans le canapé, épuisé et lassé.
Haruka ne pouvait pas, ne devait pas finir comme elle.
Mais comment ne plus s'inquiéter tout le temps ?
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Haruka Aizawa (Partie 1) [MHA]
Fiksi PenggemarDans un monde où 80% de la population est dotée de supers pouvoirs nommés alters, ce sont les héros et les héroïnes qui maintiennent la Paix dans la société. Protégeant et défendant les civils des vilains, sauvant des centaines de vies des catastrop...