Chapitre 20 : C'était qui, ce monsieur, maman ?

982 75 7
                                    

MAËLLE

Je claque la porte de mon appartement derrière moi et m'adosse contre elle en inspirant profondément. Mon cœur bat la chamade et mes jambes flageolent. Je passe ma main dans mes cheveux blonds puis sur mon visage en soufflant bruyamment.

- C'était qui, ce monsieur, maman ?

Mes yeux se posent sur mon fils qui m'observe intensément en jouant avec ses doigts.
Ton papa, trésor.
Je soupire une nouvelle fois, agacée par la situation. Qui a demandé à Harry de venir à Cambridge ? Qui lui a demandé d'aller se balader dans le parc où, comme par hasard, je me trouvais ? Qui lui a demandé de venir me parler ? De me toucher ? Et d'être aussi beau, putain ? Il m'a suivie. Je suis sûre qu'il m'a suivie à la trace pour me retrouver. Ça ne peut pas être un signe du destin, pas après presque cinq ans, pas après mes fiançailles !

- Personne, mon cœur, juste une vieille connaissance.

- Pourquoi tu ne nous a jamais parlé de lui, alors ?

Je lève les yeux au ciel et me décolle de la porte. Tout en retirant ma veste, je m'énerve :

- Eh bien, parce que c'est comme ça, Liam ! Maintenant, allez jouer dans ta chambre, ordonné-je en entrant dans le salon. Ta mère va bientôt venir te chercher, Mateo.

- Viens, je vais te montrer le dragon que Jesse m'a acheté ! s'exclame Liam en se mettant à courir jusqu'à sa chambre.

Au moins, il semble avoir oublié les cinquante dernières minutes, ce qui qui me ravit. En soupirant à nouveau, j'essaie de me sortir de la tête le visage d'Harry, ses mots et la lueur éclatante dans son regard. Il était tellement beau, tellement... Harry. J'avais complètement oublié à quel point il était magnifique de près, à quel point mon prénom sonnait de manière si sexy sur sa langue, à quel point j'aimais le contact de sa peau contre la mienne. Putain, je m'égare. Maëlle, tu es fiancée. Fiancée. A un homme qui n'est pas Harry.
En soupirant à nouveau, je me penche en avant pour attraper la télécommande sur la table basse et allumer la télé. Je tombe sur un téléfilm m'ayant l'air assez intéressant et me cale confortablement dans mon canapé. Les garçons rigolent dans la chambre de Liam, je suis contente qu'ils s'amusent bien.
Environ une dizaine de minutes plus tard, alors que je m'apprête à me lever pour aller aux toilettes, mon portable se met à sonner. Je fronce les sourcils en me penchant sur mon sac pour répondre ; c'est Jesse. Je décroche, le mets en haut-parleur et le pose sur ma table basse.

- Hé, Jes.

- Bébé, comment ça va ?

- Ça va et toi ?

Je saisie la télécommande pour baisser le volume de la télé, puis me lève du canapé pour aller dans la cuisine.

- Ça roule. Tu as fait quoi de ta journée ?

M'apprêtant à ouvrir le frigo, je stoppe mes mouvements et relaisse mes bras tomber le long de mon corps.

- Eh bien...

Eh bah écoute, j'ai passé une journée comme les autres, jusqu'à ce que je revois mon ex par hasard au parc. Il m'a répété une nouvelle fois qu'il était désolé pour le mal qu'il m'avait et si tu savais à quel point il était devenu beau ! Je me suis demandé plus d'une fois comment j'avais fait pour le faire tomber amoureux de moi, puis je me suis souvenue que j'allais me marier avec toi et je l'ai envoyé bouler.

- Pas grand chose, écoute... J'ai servi des clients, j'ai nettoyé des tables, puis je suis allée chercher les garçons à l'école... La routine, quoi. Et toi ?

Je fais exprès de relancer la conversation sur lui pour ne pas qu'il ne me pose de questions supplémentaires, ce qui semble parfaitement bien marcher.

- Le chantier sur lequel je suis en ce moment me rapporte pas mal d'argent, c'est vrai, mais qu'est-ce qu'il me fatigue !

- Dis-toi que tu embellis la maison entière d'une personne, alors. Karl et Julian ne se plaignent pas trop, eux, ça va ? le taquiné-je.

Jesse soupire derrière le téléphone.

- Ne te moque pas, bébé, ce n'est vraiment pas marrant. Je suis tellement épuisé qu'une fois le travail terminé, je rentre directement chez moi. Je ne pourrais pas passer ce soir, princesse.

- Oh, non, sérieusement ? dis-je en faisant la moue.

J'attrape une petite bouteille d'eau dans le frigo que je cale sous mon bras, puis saisie une barre chocolatée avant de refermer l'appareil.

- Désolé, mon amour, mais je te promets de passer demain. Et si tu veux, je passerais même la nuit chez toi.

Je ris légèrement et ouvre la barre au chocolat pour en croquer un morceau.

- Tu travailles tôt mercredi matin, alors il vaudrait mieux que tu rentres chez toi demain. Tu n'oublies pas l'invitation de mercredi soir, hein ?

- C'est marrant que tu dises ça, parce que j'y pense sans arrêt depuis hier, vois-tu ? Ce matin en me réveillant, ce midi en déjeunant, sur le chantier, quand...

- C'est bon ! ris-je. C'est bon, je ne te le rappelerais plus !

Il rit à son tour, puis je retourne m'installer dans le canapé. Nous continuons à discuter pendant quelques minutes avant qu'il ne retourne travailler. Au moment-même où je raccroche, on sonne à la porte de mon appartement. Je me lève du canapé et vais ouvrir pour tomber nez à nez avec Natasha et son éternel sourire chaleureux.

- Maëlle, chérie !

- Ç'a été au travail ? demandé-je en la laissant entrer. Je te sers quelque chose ?

Nous entrons dans le salon et en nous installant sur le canapé, elle me répond :

- La routine.

Je souris car c'est la même réponse que j'ai donnée à mon fiancé, puis entre dans la cuisine pour sortir une bouteille d'eau fraîche et du sirop de grenadine. Elle adore ça et ne boit plus d'alcool depuis qu'elle a appris qu'elle était à nouveau enceinte ; c'est à dire il y a deux semaines, le jour de ses trente ans. Nous nous annonçons toujours les bonnes nouvelles le plus rapidement possible pour ainsi partager notre bonheur à deux.
Natasha Bolen et moi sommes amies depuis l'année dernière ; depuis que nos deux fils ont commencé à vouloir s'inviter l'un chez l'autre, en réalité. C'est l'une des rares mamans à ne pas m'avoir jugée sur mon jeune âge et pourtant, je pensais bien qu'elle le ferait. Quand on ne la connaît pas, elle paraît froide et arrogante mais en réalité, c'est une personne adorable. Une personne que je ne regrette pas d'avoir rencontrée.
Je saisie deux verres et retourne au salon. Je m'installe à côté d'elle et lui en tends un. Une fois que je l'ai servie et qu'elle me remercie, j'appelle son fils pour lui prévenir que sa maman est là. Le temps que nos deux enfants n'arrivent, je me tourne vers mon amie et lui offre un énorme sourire en lui montrant ma main :

- Je suis fiancée !

Natasha écarquille les yeux et éloigne rapidement son verre de ses lèvres avant d'avaler la gorgée qu'elle avait dans la bouche.

- Oh, mon Dieu !

Elle pose son verre sur la table et saisie ma main pour mieux regarder ma bague.

- C'est pas vrai ?

- Siii !

- Oh mon Dieu, mais c'est super, ça !

Je me mets à rire, heureuse qu'elle le prenne si bien.
Je m'attendais à cette réaction venant d'elle.
Elle et ma meilleure amie sont toutes les deux tellement adorables.

- Je suis tellement heureuse pour toi, chérie !

- Merci beaucoup !

Natasha me prend dans ses bras pour me féliciter une dernière fois avant que nos deux garçons ne fassent leur entrée dans le salon.

Come back to me » h.s ─ TOME 2 (PARTIE 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant