Chapitre 17

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Maël :

J'ai embrassé Louann....








Mais qu'est-ce qu'il m'a pris bon sang ?! Lorsque je me remémore la scène, j'ai l'impression de voir un inconnu. Un inconnu totalement stupide (moi, qui plus est) embrasser sa meilleure amie sur un coup de tête. Je n'arrive toujours pas à comprendre ce qu'il s'est passé. Le moment était plutôt opportun je trouve : on venait de se disputer et de se réconcilier, je lui avais fait la promesse d'être toujours là pour elle. Le moment aurait été parfait.....si il y avait eu quelque chose entre nous. Non, je ne suis quand même pas amoureux de Louann....si ?

C'est vrai que depuis notre rencontre au début du collège, elle a toujours été là pour me soutenir et réciproquement. Mais niveau sentimental, chacun vivait sa vie. Je suis sorti avec des filles une ou deux fois en colonies de vacances et au camping, mais rien de sérieux. Louann est plutôt du genre à enchaîner les coups de cœurs, mais en grande romantique, elle leur voue une passion enflammée et obsessionnelle durant les quelques mois où elle les aimera. Cela ne nous a jamais empêché d'être proche, au contraire. Mais en ce moment, c'est comme si un mur nous séparait. Elle est froide et dégage une profonde tristesse. On dirait de la porcelaine : j'ai peur de la toucher et de la briser ; elle paraît si faible et en même temps elle dégage une sorte de puissance indescriptible. Je n'ai pas réfléchi et, dans un élan de romantisme lié à une forte influence du cinéma, je l'ai embrassée. Je pense à la réaction de Mathilde si elle m'avait vu.....mais pourquoi je pense à elle, d'abord ? Mon esprit d'ado au taux de testostérone multiplié par soixante (c'est vrai) s'embrouille, et je ne peux m'empêcher d'imaginer la scène du baiser avec Mathilde.

Je me pince le bras très fort. Il est temps de d'arrêter de fantasmer sur une fille, qui de toute manière se fiche de moi et de me reconcentrer sur ma mission première : survivre. Encore et toujours. J'analyse notre nouveau bunker, que je n'ai même pas pris le temps de détailler (après, j'ai failli mourir il y a un quart d'heure, il es normal que je mette un peu de temps avant de retrouver complètement mes esprits). Il est spacieux, assez sombre et le sol est carrelé de blanc, un peu comme à l'hôpital. Sur le côté, se trouve une porte sur laquelle est inscrit :

-"Douches", lit Thomas pour tout le monde.

-Ca tombe bien, je n'ai jamais été aussi crade de ma vie !

-Pour une fois que ces foutus organisateurs nous font faire un truc cool !

-Vous croyez qu'elles seront mixtes ? ricane un garçon suivi de quelques gloussements.

-Et si c'était un piège ? avertit Mathilde.

-Et alors ? soupire Martin, on a bien compris que la Voix voulait notre mort, maintenant, je ne serai pas contre un shampoing. Et quitte à mourir....je vote le shampoing.

-On devrait t'enregistrer en train de dire ça, ricane Arthur à ma droite.

Je ne peux retenir un petit rire. Au moins, on a pas complètement perdu notre sens de l'humour. C'est Noémie qui ouvre la porte en premier. Nous la suivons de près. Nous débouchons sur une grande salle de bain au sol carrelé doté de cabines telles celles de la piscine. Un mur la divise en deux : un côté pour les filles, un autre pour les garçons. De part et d'autres s'alignent une demi-douzaine de cabines à verrou, des lavabos et du savon ! J'en ai les larmes aux yeux. Je ne pensais pas m'émouvoir un jour devant un distributeur de savon rose, surplombant un lavabo de toilettes publiques. Mais il faut une première fois à tout. Dans un coin, sont alignés soigneusement pliées, nos nouvelles tenues pour les étapes à venir, ainsi que des serviettes. Un bac est destiné à jeter nos anciennes vêtements. Je note quand même dans un coin de ma tête de conserver quelques uns de mes habits dans mon étroit sac à dos. Ils pourraient toujours servir. Les filles prennent le côté gauche de la salle de bain et les garçons....ben le droit, logiquement.

DownstairsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant