Chapitre 11

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Maël :

Le groupe de Thomas a disparu de notre champs de vision depuis une dizaine de minute. Je m'écroule sur le sol humide, la tête dans les mains. Les élèves restant font de même. Je note ceux qui sont restés : Soen, Jean, Martin, Léo, Arthur,Mathilde, Léa, Noémie, Jo et Louann. On est onze en tout.

- Bon et maintenant que fait-on ? demande Arthur en s'adressant à moi.

- Oui Maël, comment on va faire pour manger et dormir ? Il n'y aura pas assez de tentes. Ajoute Noémie.

- Je ne sais pas, je réponds agacé, arrêtez de me poser des questions, j'ai pas plus d'expérience en forêt que vous.

- Ça ne t'empêche pas d'être aimable, réplique Mathilde en donnant un coup de poing inoffensif dans mon épaule.

- Oui désolé. C'est juste que...je suis crevé comme vous tous. J'ai pas les idées claires. Je sais que dans ce genre de situation, on a besoin d'un leader sur qui s'appuyer et je semble être "l'heureux élu", mais croyez-moi vous vous trompez totalement de personne. Je suis pas fait pour ce genre de truc.

- On a pas besoin de leader, sourit Louann en embrassant notre groupe du regard, on forme un groupe soudé et on prend les décisions ensemble. Vous êtes d'accord ?

Quelque uns hochent la tête en silence.

- D'accord, reprend-t-elle, on va commencer par faire l'inventaire de ce qu'on a.

- Deux tentes, une boîte d'allumettes que Jean a piqué aux autres craignos, nos gourdes et un paquet de biscuits ramollis, énumère Martin, un garçon au sourire espiègle, d'un an d'avance à l'école. Il est devenu très sérieux depuis le début du jeu et semble avoir oublié son rôle de mec pénible qu'il arbore généralement à l'école.

- Oubliez-moi pour monter les tentes, s'esclaffe Mathilde, je n'ai jamais campé.

- Je m'en charge, fait Arthur.

- Je viens t'aider, ajoute Soen.

- Par contre on risque de crever de froid cette nuit, remarque Jo.

- Si on est pas déjà mort de faim, dit Noémie.

- Moi je sais faire du feu.

Tout le monde se tourne vers Jean, mais personne n'est étonné. Ce type est un éternel fan de camping de survie et de la seconde guerre mondiale.

- Et bien dit nous ce qu'on doit faire, je ne tiens pas à mourir d'hypothermie, s'enquérit Mathilde.

- Je vais vous aider, dis-je en me relevant.

Bientôt, tout le monde semble avoir retrouvé force et motivation. Chacun est occupé et concentré sur sa tâche. Je trouve que c'est une bonne chose : ça vide l'esprit et nous empêche de gamberger. On ramasse du bois à l'aide de Mathilde et Léo. Ensuite, Jean nous explique comment l'empiler de façon à faire un bon feu assez chaud qui ne fume pas trop. Puis il enflamme une brassée d'herbes séchées sur laquelle il souffle pour stimuler la prise du feu avant de l'enfouir rapidement au milieu du tas de branches.

Les autres nous rejoignent pendant qu'on attend durant d'interminables secondes que notre brasier prenne. On se croirait dans Koh-Lanta. Au bout de quelques instant une minuscule flamme naît au cœur du foyer et commence à lécher goulûment les branches empilées. Nous poussons un cri de joie : on ne mourra pas de froid ce soir. Notre groupe s'assoit autour du feu et on se partage le paquet de gâteau. C'est tout ce qu'on a. Je n'ai pas l'habitude de jeûner ainsi, et les autres non-plus. Mais personne ne se plaint malgré nos estomacs qui protestent. Pour calmer ma faim je bois le reste de ma gourde sans être contenté pour autant. J'essaie de ne pas penser au groupe de Thomas qui doit se délecter de saucisson et de fruits au sirop.

DownstairsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant