Downstairs

Chapitre 23

Maël :

J'ouvre les yeux en sursaut. Une faible lumière émanant de spots halogènes suspendus au plafond me fait plisser les paupières. J'ai froid. Tous les muscles de mon corps sont douloureux. Tout autour de moi, j'entends des voix, des bribes de conversations que je ne parviens pas à saisir. Tant bien que mal, je me redresse sur un coude en me frottant le crâne. Je parviens à me relever en position assise. Le sol tangue quelques instants avant de redevenir normal. Une fille est agenouillée devant moi. 

Elle me couve d'un regard bienveillant. De longs cils frangent ses yeux noisettes sous d'épaisses lunettes aux verres rayés. Elle me sourit avec tendresse ce qui contraste avec sa mine affreuse : sa peau est pâle, l'ossature de son visage saille sous ses joues creuses et de profondes cernes noires teintes le dessous de ses yeux. Une épaisse masse de cheveux blonds orne sa figure sale. Ils sont coupés d'une drôle de façon, asymétriques, avec des mèches folles, tantôt longues ou courtes, qui virevoltent en boucles irrégulières. Comme si elle s'était emparée d'une paire de ciseaux et elle avait coupé sa chevelure totalement au hasard sans miroir et sans peigne. Malgré ça, je pense qu'avec des vêtements propres, un peu de sommeil et un vrai coiffeur, elle doit être plutôt jolie.

- Comment ça va ? me demande-t-elle d'une voix qui masque difficilement son inquiétude. Je me demande d'ailleurs pourquoi elle s'inquiète pour moi, je ne la connais même pas !

- ...ma tête...je gémis d'une voix enrouée.

- Oui, fais attention, dit-elle en me prenant doucement par les épaules, me forçant à me rallonger, tu devrais te reposer Maël.

Maël.

Ce nom résonne dans ma tête. Il m'est à la fois familier et inconnu. La fille m'attrape chaleureusement la main. 

- Je suis si soulagée que tu te sois réveillé ! J'ai bien cru que tu allais mourir ! Sans le massage cardiaque de Simon et le bouche à bouche de Mathilde...

Simon. Mathilde.

Encore des noms étranger que je semble avoir entendu dans un lointain souvenir. Mais je n'arrive pas à mettre de visages sur ces noms. Tout comme la blonde qui me parle comme à un vieil ami alors que c'est la première foi que je vois son visage. Cela me frustre intérieurement, j'ai envie de poser un millier de questions, mais j'ai peur d'être pris pour un  fou. La blonde me fait un clin d'œil : 

- Toi et Mathilde vous êtes trop mignons ! Votre couple me fait chaud au cœur.

- Par....pardon ? je balbutie à l'entente du mot "couple".

-Ben oui ! Il y a intérêt a ce que vous sortiez ensemble après ce que vous avez accompli l'un pour l'autre ! Mathilde ne cesse de nous rabâcher comment tu lui a sauvé la vie pendant l'épreuve de l'aquarium. Elle est devenue complètement gaga de toi, ha ha ! et puis après, quand il a fallu te réanimer, elle t'a fait du bouche à bouche...(nouveau clin d'œil)

Elle éclate de rire toute seule. La mine mélancolique qu'elle affichait depuis tout à l'heure disparaît pour laisser place à des yeux pétillants d'excitation.

- Oh, elle va être tellement heureuse de voir que tu es en vie ! On avait peur que tu restes dans le coma (tu es resté inconscient plus de douze heures) mais tu t'es enfin réveillé, hein ? la belle au bois dormant.

Elle cesse de me regarder, lève le regard et le tourne à la ronde. Elle parle plus pour elle-même que pour moi désormais.

- Je ne sais pas si je devrais la chercher pour lui annoncer la nouvelle...(la blonde se tourne de nouveau vers moi) Mathilde dort pour le moment : auasiment tous nous sauver de la noyade l'a épuisée. Et quel comble pour une fille qui déteste la natation !

Elle me fixe quelques secondes, espérant sans doute une réponse ou un commentaire de ma part, mais je reste sans voix. Je ne sais pas quoi dire, mais je dois vraiment avoir l'air idiot car un plis soucieux se creuse entre ses deux sourcils.

- Tu es sûr que ça va ? Tu m'a l'air bizarre Maël.

- Euh, oui ça va mais...qui est Mathilde au juste ?

La blonde sursaute et me broie littéralement la main au passage.

- Oh merde...souffle-t-elle.