Chapitre 1

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Louann :


Noir, toujours plus noir. Les ténèbres m'envahissent. Je hurle mais personne ne m'entend. Quelqu'un m'appelle, une voix de plus en plus forte.


Ma mère me tire de mon sommeil en allumant la lumière de ma chambre. Des taches blanches dansent sur mes rétines le temps que mes yeux s'habituent à la clarté brutale.

- Debout ! Le déjeuner est prêt !

-Mmmmh.

Je consulte mon réveil. 4h45. Je n'ai qu'un quart d'heure pour manger, me doucher et m'habiller.

-Louann ! Tu vas être en retard ! Crie ma mère depuis la cuisine.

Je quitte à regrets ma couette encore chaude. J'avale en quatrième vitesse un morceau de quatre-quart et file sous la douche. J'observe mon reflet dans la glace : mes cheveux mi-longs, blonds sont en bataille, comme d'habitude et mes lunettes sont de travers. Ma peau est pâle et des cernes violacées se dessinent sous me yeux.

- Génial avec cette tête de cadavre, je vais aller vraiment loin !

Après ma douche, je me dépêche d'enfiler mes Stan Smith et ma veste en jean. Ma mère me crie depuis notre Citroën familiale que si je ne me presse pas, je vais finir par louper le bateau qui nous emmène en voyage scolaire à Londres. Je me précipite dans la voiture comme si ma vie en dépendait. C'est partit pour un mois de rigolades entre potes, sans parents pour me gueuler dessus à longueur de temps. Le rêve !

Nous arrivons au port de St-Malo à 5h15. Je distingue un peu plus loin une fille qui chante et danse comme une folle. Pas de doute, c'est Noémie. Quand je m'approche d'elle, elle me saute dessus comme une lionne sur sa proie.

-Gniahaha !

- Hey, doucement ! je glousse.

Mathilde, qui observe la scène depuis le début éclate de rire devant mes cheveux ébouriffés et la trace d'oreiller sur ma joue droite.

- Eh ben tu t'es levé du pied gauche ce matin ou quoi ? me demande-t-elle un sourire en coin.

-Ha ha, je suis morte de rire. Non ma mère m'a réveillée 15 minutes avant de partir...comment veux-tu que je sois en forme !

Noémie affiche une moue boudeuse, comme si j'avais oublié quelque chose.

- Oh , joyeux anniversaire Noémie !

-Enfin tu t'en rappelles, mon dieu j'ai cru que tu avais oublié ! fait-elle levant les yeux aux ciel.

Noémie est une fille grande brune, avec les cheveux le plus souvent attachés. Drôle et loyale, elle rigole de tout et parle excessivement fort. Mathilde est une métisse franco-vietnamienne. Elle a les cheveux raides et courts et porte des couleurs flashy. Calme, mais pas la dernière à rigoler non plus (loin de là) elle a toujours de bonnes notes.

Je sens qu'on me tape l'épaule et me retourne. C'est Joelyne ma meilleure amie. Jo pour faire plus court. Ses parents sont morts quand elle était très jeune donc elle vit chez sa grand-mère. Comme à son habitude, elle est habillée tout en noir à cause de son look gothique qu'elle assume à 100%. En temps normal, c'est une fille pleine d'entrain, attentive au moindre détail qui rit sur commande. Mais aujourd'hui elle est pâle comme un cadavre et de vilaines valises violacées entourent ses yeux (en plus, son makeup noir n'arrange rien). Je me dis que niveau tête de déterrée, elle m'a carrément battue.

-Qu'est-ce qu'il se passe ? fait Mathilde troublée.

-Le vieux clébard est mort, répond Jo d'un ton détaché, ils ont pleuré toute la soirée. J'ai pas pu fermé l'œil. Pleurer pour un chien quoi !

-Je compatis la dernière fois c'était mon chat et ma sœur à chialé comme un bébé! Des litres ! Hurla Noémie.

-Léa arrive ! dis-je en essayant de changer de sujet.

Léa était une fille d'origine japonaise avec de longs cheveux noirs et lisses. Elle a un tempérament doux et affectueux qui m'apaise . Assez timide, elle ne parle pas beaucoup mais est rigolote et très attachante.

Peu à peu, les membres de la classe arrivent les uns après les autres. Un seul manque à l'appel : c'est Maël, mon meilleur ami. Ça m'inquiète. Pour rien au monde il aurait raté une occasion pareille !

-Je me demande pourquoi il est pas là, fait Jo, traduisant ma pensée, même moi malade et fatiguée je suis venue. Alors Maël, lui qui est si enthousiaste depuis des mois !

-Laisse-tomber on l'appellera. Ça ne sert à rien de rester poireauter ici, ça ne le fera pas venir, dit Mathilde qui a froid et qui veut juste suivre les autres qui commencent à embarquer.

A contrecœur, je me range dans la file des passagers qui montent dans le bateau.


DownstairsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant