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Le regard posé sur ma montre, je compte les secondes qui ne cessent de défiler. Lorsque le bus s'arrête, je me lève précipitamment du siège et me précipite à l'extérieur de la voiture, accueillie par le soleil matinal. J'attrape les lances de mon sac à dos, prête à courir. 

- June ! s'écrie Emie en m'apercevant au coin de la rue. June, tu vas être en retard ! 

Courant le long du trottoir cabossé, je lui fais de grands signes avec mes bras, lui promettant de la retrouver juste après mon cours de technologie pour lui raconter ce qu'il s'est passé ce matin. 

- Cours ! crie t-elle en levant son pouce. 

J'accélère sur la dernière ligne droite, manquant de tomber sur la route à cause de la petite marche maline du trottoir. Arrivée devant la grande porte de mon lycée, je m'arrête, hors d'haleine. 

- Bonjour Madame, je souffle en haletant bruyamment. 

Je fouille dans les poches de ma veste à la recherche de ma carte de lycéenne quand Mme Foreal m'ouvre la grille.  

- File, June, il te reste 2 petites minutes. 

Je la remercie d'un geste maladroit, me précipitant sur la grille fermée. Mon cœur battant à se rompre, je rentre dans l'enceinte du lycée en courant lentement, épuisée. Lorsque je retrouve mon casier, j'en profite pour souffler un bon coup. Je déverrouille le bestiaux, attrape mon carnet de note, ma trousse et mon cahier que j'entasse dans mon sac à dos. 

Une fois dans la cour, je regarde l'escalier qui se trouve à l'extérieur du bâtiment, désarçonnée. Mais je ne sais comment, je finis par monter les 6 étages en prenant les marches deux à deux. Le souffle court, les jambes tremblantes et les cheveux complétement décoiffés, je toque à la porte de la salle, désormais en retard. Je brosse rapidement les mèches rebelles des mes cheveux courts avec mes doigts, vérifiant l'état de mon reflet à travers la fenêtre de la classe. Au passage, je secoue ma main, saluant Linda assise à l'ilot de gauche. J'ouvre alors la porte de cette petite salle réservée aux cours de technologie. 

Ce matin, nous commençons par un cours de Technologie avec Maurice Bornez, mon enseignante de spécialité depuis presque trois ans maintenant. Le nous ne concerne pas ma classe habituelle de dernière année, mais un petit groupe de 13 élèves que je retrouve tous les lundi et jeudi matin. Je pourrais faire l'éloge devant une salle remplie de spectateurs, de la personnalité fantastique de Maurice, cette dame qui est probablement assise sur son siège à roulettes, les lunettes sur le bout de son nez, les yeux rivés sur les articles de revues scientifiques, mais je trouve que le mot "bienveillance" résume sans hésiter la relation qu'elle entretient avec chacun d'entre nous. Elle nous accompagne, nous fait rire, nous colle parfois avec des yeux ronds, mais ne désire qu'une chose, être une réelle alliée dans notre parcours scolaire et non juste une enseignante. Malgré leur rareté, ces heures de cours que nous passons ensemble, tous, là, à réfléchir, démonter, recoller, comprendre et apprendre, sont des moments de pur bonheur. C'est d'ailleurs surement le fait qu'ils ne durent qu'une heure et demie qui les rend si précieux à nos yeux. Je vous confirme que devoir partir des TD de technologie pour aller subir 3 longues heures d'exercices de mathématiques en s'enfonçant dans la chaise en bois aussi dure qu'une brique de pierre, rend nos cours de spécialité terriblement pimentés.

Accroupis, la tête baissée et le regard fixé sur le sol, dès que mon pied pénètre la salle silencieuse, Maurice me démasque. 

- Je vous prie de bien vouloir excuser mon retard, je murmure essoufflée en déambulant entre les ilots. 

- Ce n'est rien, personne ne t'as vu ? me demande Maurice, ses deux petits yeux ronds plissés. 

Je la rassure, secouant la tête.

Peter Parker est plus étrange qu'il n'y paraît Où les histoires vivent. Découvrez maintenant