Peter Parker est plus étrange qu'il n'y paraît

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Mon pantalon noir et mes chaussures de sport aux pieds, je m'écroule dans le canapé, une banane à la main. Abattue, je regarde les gouttes de pluie déchainées qui tombent contre la fenêtre du salon. Puis mes yeux retombent sur mes chaussures lassées. La dernière fois que je suis allée courir sous la pluie, c'était il y a à peine deux jours, au stade du lycée, pour le cours de sport du vendredi après-midi. La semaine qui était jusque là passée très vite, s'est soudainement ralentie lorsque M. Grees nous a annoncé que nous allions passer au cycle sauts de haies.

Cette année, les cours de sport ont été réfléchis différemment de ceux des trois années précédentes tels que les élèves ont été répartis dans des groupes sportifs bien précis. Dès la rentrée, nous avons pu choisir parmi les 4 cycles, chacun composés de 3 sports, qui nous étaient proposés, le cycle le plus adapté à nos envies. Si j'ai fait le choix de cocher le cycle 2 pour l'endurance et l'acrosport, j'ai un peu trop négligé la partie saut de haies qui était marquée au bas de la feuille. Et quand vendredi, nous nous sommes assis sur la piste de course devant l'ardoise que nous présentait joyeusement M. Grees, j'ai constaté le pétrin dans lequel je m'étais embarquée.

- Vous risquez de tombez, avait-il dit, en désignant avec son feutre bleu, le titre de la séance qu'il avait noté sur son ardoise.

"Saut de haies rime avec douleurs aux pieds"

Si la phrase avait fait rire Peter assis en tailleur à côté de moi, moi je n'y voyais plus aucun espoir. A la fin de ce cours, tandis que je n'arrivais plus à marcher droit, Emie me jurait de ne plus jamais sous estimer le saut de haies et de ne plus hurler une fois dans sa vie sur les athlètes qui ne courent pas assez vite sur la piste lors Jeux olympiques.

- Plus jamais, tu m'entends, m'avait-elle répété 4 fois sans s'en rendre compte.

Mais Peter. Quand, écroulée par terre, je pensais à Peter qui lui était tombé plus d'une dizaine de fois sur la piste rouge, je me demandais s'il allait ressortir vivant de ce dernier cycle de sport. Déjà qu'il n'avait vraiment pas de chance avec ses blessures et ses absences : il avait du s'absenter pendant plus de 2 mois à cause d'une entorse au genou faite à un cours d'endurance. Un mois après sa reprise du sport, il a une nouvelle fois disparu pendant 5 longues semaines suite à une chute en acrosport. Et ce jour là, je m'en souviens particulièrement bien. Peter était dans notre groupe et nous nous préparions pour notre travail final. La chute a été épique. D'une part parce que j'ai aperçu Peter voler, de l'autre parce qu'il a atterri sur moi. J'aurais pensé être un bon amortisseur, mais Peter m'a bien fait savoir que j'étais dur comme de l'acier. Mais tout c'était maintenant derrière nous, puisqu'il était désormais de retour parmi nous.
Une des rares choses qui m'avait fait rire lors de ce cours d'athlétisme, c'était qu'il avait beau faire des chutes complétement foldingues, Peter était le premier à nous encourager et à nous relever, Emie et moi. Bien qu'à la fin des deux heures, la piste d'athlétisme n'était plus la seule à être rouge.

Songeant à la personne qui a inventé le saut de haies, je croque doucement dans ma banane. S'est-il vraiment demandé si mettre des barrières de 84 centimètres de hauteur au milieu d'une piste de course allait être attrayant pour les sportifs ? Pourtant, son pari a apparemment bien fonctionner. Parfois un peu trop, d'ailleurs.

- Coucou ma chérie, me salue maman en venant s'asseoir à côté de moi, tenant un plateau dans les mains.

Je me décale pour lui laisser un peu de place sur le canapé et attrape discrètement une de ses biscottes au passage. Malheureusement, une biscotte ce n'est pas si discret que ça.

- Tu vas courir ? me demande t-elle en soufflant doucement sur sa tasse fumante.

Je hoche la tête, avalant son petit déjeuner.