Une semaine ! Le médecin voulait que je reste une semaine de plus en convalescence ! Alors que cela faisait déjà trois jours que j'étais alité ! Se moquait-il de moi ?
Au fond, c'était sans importance : je n'avais jamais écouté les médecins, et je n'allais pas commencer ce jour-là. Dès la tombée de la nuit, j'enroulai Arktiahel dans un lambeau de drap et le glissai à l'élastique de mon short. Puis je sautai par la fenêtre.
Pas d'inquiétude. Je n'étais qu'au deuxième étage.
Toutefois, je fus contraint de faire une courte pause en me relevant. Atterrir en roulade –même de façon contrôlée- avec une blessure à l'épaule ne pouvait qu'avoir des répercussions malheureuses. Par chance, ma plaie ne se rouvrit pas. Je m'en tirai avec une vive douleur, mais rien de vraiment méchant. Après avoir pris une profonde inspiration, je me hâtai de m'éloigner de l'hôpital. Je doutais que quelqu'un soit dehors à cette heure.
A la froide lumière de la pleine lune, les bâtiments délabrés faisaient ressembler Stanja à une ville fantôme. Les rauthrsandiens sont des guerriers, pas des bâtisseurs. Quand les premiers d'entre eux sont arrivés, après la Fin, ils ont investi les lieux, sans rien toucher. Personne ne prend la peine de réparer les maisons, le climat étant assez clément pour pouvoir vivre tranquille -du moins quand on a un toit au dessus de la tête. Dans chaque rue, il y a des ruines. Le seul effort que font les habitants est d'empêcher les plantes d'envahir la ville. Le reste est sans importance.
Mes pieds nus foulaient le bitume fissuré sans faire le moindre bruit. Un instant, je pensai à rentrer chez moi, mais me ravisai. Je n'avais pas quitté un lit pour en retrouver un autre. Finalement, je me dirigeai vers la piscine. Mon épaule ne me permettrait pas de faire du crawl, mais j'étais plutôt bon en apnée, et j'adorais être dans l'eau.
La piscine. Le seul endroit de Rauthrsandr où l'on utilisait les technologies de Tôt. De tous les pays, ce dernier est le seul qui ose tenter des avancées scientifiques. La piscine, propre, était éclairé par des lampes à l'éclat bleuté quelque soit l'heure. Evidemment, elle était vide. Je me déshabillai, vérifiait mes bandages, et sautai dans l'eau.
Nager était, pour moi, presque aussi agréable que me battre. J'avais l'impression de voler. J'adorais ça. Pendant des années, j'étais allé à la piscine tous les soirs. En devenant Maître, j'avais préféré passer ce temps à m'entrainer au maniement de la masse d'arme -c'est la seule arme que j'avais vraiment eu du mal à apprivoiser.
Alors que j'essayais d'exploser mon record de nombre de longueurs sans respirer, je perçus un mouvement au bord du bassin. Surpris, je rejoignis le rebord et sortis de l'eau. Une femme se tenait sur le carrelage. Elle avait belle allure, avec son incroyable crinière plus rouge que rousse, son air fier et ses immenses yeux saphir. Mais si on faisait plus attention, on remarquait son air fatigué, les rides sur son front et autour de ses yeux.
-Bella ?
Elle sourit. Ses doigts fins jouaient avec son pendentif dwairn, en forme de trifoïl . Comme le triskel, ce symbole représente les quatre éléments. Là où, pour figurer l'eau, le feu et l'air, le triskel possède trois branches s'enroulant sur elles-même, le trifoïl présente trois feuilles. Les deux ont une sorte de triangle central, symbolisant la terre.
-On est seul, tu sais. Tu n'es pas obligé de m'appeler ainsi.
Je haussai les épaules. Je l'avais rencontrée quand j'avais sept ans. Je vivais encore au foyer. Un jour, j'avais demandé à la propriétaire d'où je tenais mon collier. Elle avait d'abord refusé de me le dire, puis m'avait soufflé un nom : Bellatrix Sem. C'était elle qui avait demandé à la gérante du foyer de me donner le pendentif, peu après mon arrivée. Le lendemain, je me rendais dans l'Arène pour lui parler. Elle venait de vaincre trois bandes vertes en quelques minutes. Elle m'accueillit avec gentillesse. Fasciné par cette grande guerrière, je revins la voir régulièrement. elle m'enseigna le tir à l'arc, sa discipline favorite.
Elle m'avait appris la vérité sur elle il y a deux ans. Pendant un moment, j'avais refusé de la voir. Ce qu'elle m'avait dit était tellement grave que je ne savais pas comment réagir.
-Si tu veux... maman.
Elle sembla heureuse que je l'appelle ainsi. Elle s'assit par terre.
-Comment m'as-tu trouvé ?
-Je savais que tu finirais par venir ici. Comment vas-tu ? Tu as dû avoir un sacré choc ! Le plus jeune Elite de l'Histoire, et cela sans être un dwairn, c'est pas mal.
-Tout va bien. Et toi ? Toujours pas d'amélioration ?
Elle ferma les yeux, comme toujours quand on évoquait sa maladie. Elle aurait dû être exécutée en tant qu'Inapte, mais elle était parvenue à garder son problème secret. Mais moi, qui la connaissais depuis des années, je le voyais dépérir. Si j'avais besoin d'argent, c'était pour pouvoir l'amener à Tôt, où elle serait soignée avec les meilleurs équipements.
-Pourquoi es-tu venue ici, Bel... Maman ? Si tu voulais juste savoir comment j'allais, tu aurais pu venir à l'hôpital.
-Hunter. On t'a déjà parlé de la Fin ?
Je fronçai les sourcils.
-Oui. Les hommes, par leur couardise, ont manqué de s'auto-détruire.
-Non. Cela ne s'est pas passé comme ça.
Je tressaillis.
-Comment ça ?
-C'était une période de trouble pour Terra. Un homme, nommé Alexandre Kronos, avait créé une armée, et envahi une grande partie d'un territoire appelé Europa. Il désirait plus que tout prendre le contrôle de Terra toute entière. Etant un savant, il fabriqua une machine pensante semblable à l'homme, qu'il appela Ouranos, et lui ordonna de semer la destruction. La chose le prit au mot. Il commença son œuvre en tuant son créateur. Puis il utilisa les armes des humains pour désintégrer tout un continent, avant de détruire toutes les technologies. Le monde commença à changer. Les plantes et les animaux mutèrent, devinrent hostile envers l'Homme. En l'espace de quelques ans, il ne resta plus que quelques milliers d'humains, alors qu'ils avaient été plusieurs milliards. Mais cela ne suffisait pas à Ouranos. Il voulait réduire toute l'humanité à néant. Des dwairns avaient commencé à naître C'est alors qu'apparut Gaïa. On ne savait pas d'où elle venait, ni même ce qu'elle était. Mais elle se dressa contre Ouranos. Et ce dernier, sans les technologies qu'il avait lui-même détruites, fut contraint de s'exiler.
Je fronçai les sourcils. Je n'avais jamais entendu cette histoire.
-Pourquoi me racontes-tu ça ?
Elle se rapprocha. Son regard avait une intensité que je ne lui avait jamais vu.
-Tu ne peux pas comprendre pour l'instant. Mais tu dois te rappeler une chose, quoi qu'il advienne. Ouranos est un monstre. Ne l'oublie pas. Promets-moi de toujours t'en souvenir.
Je me mordis la lèvre, inquiet. La maladie la faisait délirer. Il fallait que je me dépêche de trouver l'argent pour la soigner. Elle saisit mes épaules, m'arrachant un gémissement de douleur.
-Promets-le moi !
Elle semblait nerveuse. Alors, pour la calmer, j'ai répondu :
-Je te le promets.
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Aiden marchait depuis des heures. La fatigue commençait à le gagner, mais il se refusa de ralentir. S'il s'arrêtait, il risquait de ne plus pouvoir repartir. A plusieurs reprises, il avait entendu des bruits de pas. Il craignait plus que tout les animaux qui peuplaient les bois.
Il en était convaincu, il était tout près de Rauthrsandr. Cela ne lui plaisait pas beaucoup. Après tout, son but valait-il qu'il risque sa vie ?
Oui, décida-t-il. Et puis, les rauthrsandiens ne pouvaient pas être aussi dangereux que le disaient les gens, non ? Si, dit une petite voix dans sa tête. Mais il devait avancer. Pour lui. Et pour ceux qui étaient morts.
Il fit taire les gémissements de ses jambes, et accéléra, entonnant le refrain de Highway to Hell.
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Hunter's shade
ФэнтезиAnnées 4000. Il y a mille ans, après avoir tué son créateur et détruit toutes les technologies, l'androïde Ouranos a réduit à néant la civilisation humaine. Sans l'intervention de la mystérieuse Gaïa, les hommes auraient été rayés de la surface de l...