Chapitre 8 - Dernière volonté

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 Corbeau réagit avec un calme exceptionnel. Il me ramena à Linngard, puis contacta Hilda Ophis par le biais de son pendentif dwairn. Il revint ensuite près de moi.

 -Tu ne savais vraiment pas que tu avais des pouvoirs ?

 Je hochai négativement la tête. Je n'étais guère capable de faire plus. J'étais un dwairn. J'avais détruit Stanja, et tous ses habitants avec elle. J'avais tué Kerrick et les autres. Cela faisait beaucoup à digérer.

 Comme s'il lisait mes pensées, l'Elite déclara :

 -Ce n'est pas de ta faute, tu sais. Les premières manifestations magiques sont toujours incontrôlables. Bien que rarement aussi destructrices, je l'admets. S'il te plait, essaye de ne pas paniquer. Je voudrais survivre à cette journée, si tu veux bien.

 Je ne paniquais pas. Je ressassais la mort de ma mère. Je ne pouvais pas m'en empêcher. Mettre fin à la vie de ses bourreaux ne m'avait apporté aucun apaisement.

 -Que sais-tu d'Ouranos ?

 Corbeau sursauta.

 -C'est un robot qui aurait failli détruire l'humanité. Mais c'est une légende. Pourquoi tu me demandes ça ?

 -C'est lui qui a envoyé les soldats à Stanja.

 -Hunter, c'est ridicule ! Même s'il fonctionnait encore, pourquoi attaquer une bourgade de Rauthrsandr ? Ça n'a aucun sens !

 -Bellatrix l'a elle-même désignée comme le commanditaire de l'attaque, et les soldats n'ont rien dit pour la contredire. Mais Stanja n'était pas la vraie cible.

 -Toute une bataille pour masquer quelque chose de totalement différent ? Si Ouranos est vraiment celui qui a lancé les guerriers sur le village, qu'y avait-il là-bas qu'il désire à ce point ?

 -Je ne suis pas certain...

 -Essaye toujours.

 -Chez ma m... Bella, les soldats ont parlé d'un garçon. Elle leur a répondu qu'il était loin d'ici. L'un d'entre eux m'a reconnu. Quand je suis intervenu, ils auraient pu me tuer, mais ils ne l'ont pas fait. Ils voulaient que je vienne avec eux.

 Je relevai la tête.

 -C'est moi qu'Ouranos cherchait.

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 Corbeau regarda Hunter. Il était troublé, pas besoin d'être médium pour s'en rendre compte. Ses yeux changeaient de couleur toutes les secondes, et le jeune homme se demanda si cela avait un lien avec son humeur.

 Les affirmations de l'adolescent semblaient surréalistes : lui-même avait l'air de n'y croire qu'à moitié. Mais pourtant, Corbeau était convaincu qu'il avait raison.

 Quand Bellatrix l'avait contacté, elle ne lui avait pas demandé l'intervenir.

 Il ferma les yeux. Il avait une mémoire infaillible. Il se souvenait exactement ce qui s'était passé.

 Il allait porter un coup au niveau du visage d'Hunter quand il avait senti son pendentif chauffer contre sa poitrine. Aussitôt, l'esprit de Bellatrix avait effleuré le sien. Il l'avait déjà rencontrée, quelques années plus tôt, et était donc sorti de ses fortifications mentales –il les avait bâties grâce aux conseils d'un télépathe, et elles lui évitaient les intrusions les moins belliqueuses. La nervosité de la femme l'avait envahi. Elle était tellement forte qu'il la sentait sans même entrer dans les pensées de son interlocutrice.

 -Corbeau. Nous avons un problème.

 Elle lui envoya une image des soldats qui venaient d'entrer dans la maison.

 -Je vais sans doute mourir dans les minutes qui suivent, alors soit attentif. Mémorise bien ces uniformes. Ces hommes ont envahi Stanja. Ils sont là pour Hunter. Et ils le trouveront. Tu dois le protéger, même au détriment de ta vie, même au détriment de Rauthrsandr.

 Elle marqua une pause, et il sentit un profond malaise.

 -Et si c'est impossible, si tu ne peux pas empêcher sa capture...

 De nouveau, elle s'arrêta, comme si elle avait du mal à accepter ses propres paroles.

 -Si tu ne peux pas l'empêcher... Tue-le.

Hunter's shadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant