Je viens de retrouver ce texte que j'avais écrit il y a de celà quelques mois, et je dois avouer bien l'aimer. Certaines émotions que je présente ont fini de me hanter, mais d'autres sont toujours d'actualité.
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je suis allongée sur le dos et je regarde par la fenêtre. J'admire les phares des voitures tracer des traits lumineux au travers de mon store à moitié baissé. Je suit du regard ces mouvements lumineux. J'aime cette ambiance, celle de la ville.
Un scooter passe à toute vitesse dans la rue, recouvrant le son de ma musique que mon téléphone diffuse à mi-volume. Je n'ai absolument aucune idée de quelle chanson il s'agit, ni de quel artiste. J'ignore s'il s'agit de Kpop, de pop, de blues ou de rap, j'entends simplement sans écouter, la tête reposant sur mes oreillers.
Je suis songeuse, rêveuse, et pourtant je suis incapable de me souvenir de mes pensées. Je suis simplement là, étendue, sans rien faire.
En réalité, je ne sais pas quoi faire. Je n'ai même pas besoin de faire quoi que ce soit. Je me suffit à moi-même, je n'ai besoin de rien de plus que mes pensées vaporeuses et mon esprit dans un état presque comateux.Si l'on avait été trois mois plutôt, sans doutes aurais je été en train de m'ouvrir les veines avec une lame récupérée sur un taille crayon. C'était une manière ridicule de me punir d'être aussi faible. C'était simple, la personne que je haïssais le plus n'était autre que moi même. Peut être aussi voulais je me rappeler que la douleur de la vie ne faisait pas réellement aussi mal que celle du métal froid tranchant ma peau hâlée. À force, mon bras était couvert de fines croûtes, que j'avais pris l'habitude de triturer quand l'envie de pleurer me prenait. Mais au fil des jours, ce geste est devenu si anodin qu'il ne me faisait plus ressentir rien du tout. Plus aucune joie, aucune tristessse, aucune culpabilité. C'était devenu une obligation morale envers mon propre être, quelque chose que je faisait sans réellement y penser: c'était devenu une habitude. Alors, lasse de dépenser une fortune en mouchoirs pour éponger tout ce sang, j'ai simplement et purement arrêté, sans que personne n'ai jamais remarqué quoi que ce soit.
À présent, allongée sur mon matelas complètement abîmé par le temps, je n'ai plus aucune raison de trancher ma peau avec un objet coupant. Je ne ressens pas le moindre tristesse, je ne me sens plus du tout abandonnée. Et pourtant je ne suis pas joyeuse. Je n'éprouve rien. Si ce n'est qu'une légère mélancolie mêlée d'appréhension. Je crois que c'est ce qui représente le plus mon état d'âme ces derniers jours: j'ai peur. Peur de moi-même, de ce que je suis, de ce que la société pensera quand elle apprendra mes secrets. Je suis effrayée à l'idée que l'on puisse m'abandonner. Car je suis quelqu'un qui est incapable de fonctionner seule. On m'apprends quelque chose et je l'applique. Réfléchir par moi-même est au-dessus de mes forces. Certes, j'ai de bonnes notes en cours, mais comme je l'ai dit à l'instant, je n'ai pas besoin de penser par moi-même. J'apprends une formule, je la reproduit. Je n'ai pas la moindre personnalité, pas un avis personnel forgé sur mes opinions. C'est pour ça que surtout, j'ai terriblement peur de l'avenir. Je n'ai aucune idée de ce que je serais après, parce que je n'ai aucune aspiration. Je n'ai pas d'ambitions et je manque de préférences. Je dit vouloir partir en filière S, mais c'est simplement parce qu'on m'a rabâché que c'était ce qui ouvrait le plus de portes. Je suis au seuil d'un gigantesque monde et je n'ai absolument aucune idée de quel chemin prendre. Je suis incapable d'imaginer mon avenir parce que je n'ai pas le moindre rêve. Les gens disent souvent "penses au présent, pas au futur ni au passé" mais je ne me concentre sur rien du tout. C'est comme si ma vie m'importait peu. Certains regardent vers ce qui est à venir et se prévoient un sublime avenir. D'autres profitent de chaques moments et prônant des phrases telles que "chaque jour vaut la peine d'être vécu". Ils vivent afin de n'avoir aucun regrets.
Moi, je ne suis ni l'un ni l'autre. Je m'enferme dans une bulle ou ni aujourd'hui ni hier ni demain n'ont de sens. Ma vie m'importe peu. Je préfére rester seule chez moi plutôt que de sortir de ma zone de ma confort, je suis lâche, je sais.
Il y en a encore pas si longtemps, j'aurais insisté pour que ceux qui semblaient m'ignorer répondent. J'aurais voulu qu'on ne me laisse pas seule, qu'on me sorte de ma détresse. Je détestai cette sensation d'être abandonnée et inutile, ce sentiment que l'autre n'avait aucunement besoin de moi pour se sentir bien. À ce moment là, la solitude rongeait mon coeur.
À présent, je suis toujours aussi seule. Mais je le vis plutôt bien. Je suis aussi émotive qu'un rocher. Je me fout complètement de tout, ce qui me plaisait à perdu tout son intérêt. Je passe mon temps à ne rien faire et à fixer les nuages passer dans le ciel. Je réfléchis à des choses qui n'ont aucun sens, je me pose des questions qui n'ont pas lieu d'être. Ce qui me faisait tellement mal auparavant ne m'agace désormais que légèrement.
Je suis une enveloppe de chair, sans rêves, sans passions, sans intérêts. Je ne ressens qu'un vide immense, et une légère impression de gâcher mon temps, les journées passent trop vite, je n'arrive pas à suivre.
J'ai cette impression d'être morte avant même d'être vraiment née.