Depuis toujours, la transidentité chez les autres ne m'a jamais dérangé. Je supporte et soutiens même totalement la communauté LGTB+.
Seulement, à force de lire des témoignages, il fallait bien qu'un jour la question de ma propre identité de genre se pose. Et c'est là que les choses se sont légèrement compliqués. Il est beaucoup plus facile de soutenir d'autres personnes, que de s'assumer soi-même.Peut être aurais-je souhaité l'être, ou peut être pas, quoique qu'il en soit, je ne peux le nier: je ne suis pas femme. Alors me voilà face au fait, ce dernier n'ayant pas oublié d'emporter dans sa valise une bonne dose d'appréhension ainsi qu'un tas de questions sans queue ni tête.
Premièrement, je me suis demandé comment les autres les prendrait. Est ce que je n'allais pas perdre l'estime qu'ils avaient pour moi en me révélant ? Est ce qu'ils n'allaient pas me renier ? C'était ainsi depuis toujours: j'avais peur que les personnes comptant le plus en viennent à me détester et me laisser seul sur le chemin. Alors, mon esprit conditionné par la société me force à ne rien révéler à mes parents et à ceux que je sait incapable de garder un secret. J'ai cette peur d'être considérée comme "anormal". Mais réellement, suis je normal ? Quel critères font qu'une personne n'est pas anormale ? Je suis juste moi, peut être que je ferrais mieux de cultiver cette différence qui fait de moi un être humain qui se distingue de la masse. Mais la peur d'être rejeté reste omnisciente.
Ensuite sont venues les questions sur mon moi intérieur. Que suis-je ? qui suis je ? Tant de questions sans réponses. Certaines concernaient toujours mon identité de genre, toujours accompagnées de cette angoisse sans nom. Cette fois, peur de décevoir. Suis je trans, non-binaire ? Si j'étais trans, est ce que cela ferait du mal à mes parents ? Car après tout, je me suis toujours senti mal à l'aise en tant que "fille". Ça me travaille, ça ronge et je m'enfonce un peu plus dans ce noeud de questionnements éternels. Je me cherche moi-même en tant qu'être humain, également. Mon problème étant mon manque de rêves. Je n'ai pas la moindre ambition, aucune aspiration. Je n'envisage mon futur que par un vide immense, et ça aide également à alimenter cette boule d'angoisse dans ma poitrine. J'ai un goût amer dans la bouche, le coeur gros et l'impression d'étouffer. Plus les années passent et plus mon futur se rapproche, futur qui reste malgré tout toujours aussi obscur. J'ai peur de l'avenir. Ma vie n'est qu'une succession de questions et d'angoisses plus fortes les unes que les autres.
Je suppose que l'un va avec l'autre: si tu t'assumes, tu te sens bien dans ta peau, tu es heureux et tu te concentre mieux sur l'important.
Ça semble si simple.Je ne m'assume pas en temps que non-binaire, parce que je suis terrifié. Je me pose un tas de questions inutiles, ça m'encombre l'esprit et je passe à coté de plein de choses. Mais malheureusement, je ne voit pas de façon de sortir de ce cercle. J'ai bien trop peur du regard des autres.
C'est tellement tentant, et il n'y a qu'un pas à faire pour s'affirmer et s'assumer. C'est comme le premier pas d'un enfant, on en a terriblement envie, mais il y a ce risque de basculer et de tomber, cette peur de se ramasser par terre. Alors on reste timide, on attends. Je ne ferrais que ce qui semble correct pour les autres.
L'ignorance d'une société qui se prétend en croissance intellectuelle mais qui ne fait que régresser me rend fou et m'angoisse. Je me fait du mal à moi-même en m'ignorant et en me faisant passer pour quelqu'un d'autre.
