Au début, c'était drôle. J'en ai rit. Plusieurs fois. Je me défendais faiblement. Une petite tape sur le bras, un geste qui voulait tout dire, et parfois une insulte. J'ai toujours été quelqu'un de timide.
C'était une boutade, une petite pique innocente. À cet âge, on a tendance à être méchants les uns envers les autres. Je le savais pertinemment. Mais l'entendre plusieurs fois par jours devenait lourd pour mon esprit sensible.
Au bout d'une semaine, ça allait. Je continuais de sourire, de rire, de répliquer. "toi non plus, abruti !"
Au bout d'un mois, j'ai commencé à y réfléchir. L'agacement pris le pas sur ma malice. "fermes-la."
Trois mois passèrent, et je finit par n'en plus pouvoir. J'en avais marre de t'entendre me le répéter au détour de chaque couloir, marre d'avoir l'impression de t'avoir dans ma tête. "connard."
Ça fait maintenant septs mois que j'étouffe. Je vais mal. Tes mots me rongent l'esprit, je les retournes sans cesse dans ma tête. Et si ce que je prenais pour une blague vicieuse n'était en fait que la réalité que tout le monde murmure à voix basse ?
«Tu sers à rien. Salope.»
