À nos seize ans.
À tous ceux et celles qui les ont aujourd'hui.
À tous ceux et celles qui ne les ont pas oubliés.
PREMIÈRE PARTIE - 1 + 1 = 3
1. Liberté
Il y a certains moments dans la vie où le temps semble presque s'arrêter. Comme si chaque seconde renonçait à basculer vers la suivante et s'étirait... s'étirait indéfiniment.
Depuis le début du cours (qui n'en était d'ailleurs pas vraiment un !), javais l'oeil rivé sur la pendule de la classe. Plus que trois minutes nous séparaient de la sonnerie qui marquerait le début des grandes vacances. Autour de moi, j'entendais, comme à travers un voile de coton, le bourdonnement surexcité des bavardages de mes copains qui ne cessaient de s'amplifier. Même M. Gillan, notre prof d'éco, n'y croyait plus trop. Une fesse posée sur le bureau, il souriait, le visage détendu, et contemplait avec un amusement flagrant l'agitation qui régnait entre les bureaux.
Plus que deux minutes.
Soudain Alyzée se retourna vers moi - devant mon mutisme, elle avait passé la plus grande partie du cours à parler à Jérémy, qui était assis juste derrière nous. Elle m'adressa la parole, me sortant du même coup de ma torpeur.
- Tu viens ce soir, hein ?
- Bien sûr que je viens... Je n'attends que ça depuis quinze jours !
- Mais surtout debarque pas avant neuf heures. Je veux pas que mes vieux se doutent de quelque chose.
- Non, non, t'inquiètes !
Alyzée est ma voisine de classe. C'est aussi ma meilleure amie, même si nous sommes un peu comme le jour et la nuit. Elle est blonde, je suis brune. Elle a les yeux bleu clair, les miens sont noisette. Sa peau est dorée, la mienne blanche, version cachet d'aspirine - Je dois toujours faire attention à ne pas trop m'exposer au soleil pour ne pas virer au rosbif (version saignant). Et surtout, Alyzée a l'art de s'habiller sexy, avec des tenues plus aguichantes les unes que les autres. Sa vie sentimentale est un vrai roman ! Tous les beaux gosses du lycée sont déjà tombés dans ses filets... enfin à l'exception d'un. Le mien.
Je poussai un soupir et coulai un regard vers le bureau de Julien, situé de l'autre côté de l'allée centrale, à l'arrière de la classe. Il etait occupé à blaguer avec son voisin et ses mèches blondes, en pagaille, me manquaient son visage. Il portait un jean bleu foncé avec une chemise bleue aussi, mais plus claire, dont il avait remonté les manches jusqu'aux coudes. Il était beau, décontracté, savamment cool, bref... irrésistible. J'aurais pu rester ainsi, bouche bée, à le contempler pendant longtemps si le visage de Léna, la mijorée-blondasse-lécheuse-de-bottes-de-la-classe, ne s'était pas interposé entre moi et ma vision de rêve. Assise juste à ma hauteur, mais de l'autre côté de l'allée, elle se dévissait le cou pour intercepter mon regard. Puis elle battit des cils (quelle dinde !) et renversant la tête en faisant bouffer ses cheveux (filasses), elle lâcha à l'attention d'Alyzée :
- C'est une trop bonne idée d'organiser une party ce soir. Euh... au fait... je peux venir accompagnée ?
À côté de moi, Alyzée émit un petit gloussement.
- Hum... s'il est canon, je te le conseille pas !
Je pouffai intérieurement.
D'un seul coup, le hurlement strident de la sonnerie retentit. Au centième de seconde près, toute la classe se leva et une clameur générale envahit les étages du lycée. Les grandes vacances commençaient. À nous la liberté !
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Clem maman trop tôt
Teen FictionD'abord, je n'entendis rien. Puis à nouveau, un battement cardiaque. Mais il était différent du premier, plus sourd, et plus rapide aussi, venant des profondeurs. - Oh, putain, c'est quoi ça ? je lâchai, d'une toute petite voix. Le docteur Bertin me...