Moonchild [VMIN]

Chapitre 3⏳Premier Quartier⌛

Premier Quartier

"La lune prend la forme d'un D"
WIKIPÉDIA

"Journal inconnu, Mars 2016

Je suis une bonne personne, je n'ai jamais glissé mes légumes sous la table pour que le chien les mange à ma place, j'ai toujours agis comme on me le demandait, alors pourquoi c'est sur moi que le sort s'acharne ?

Y a des pourris qui obtiennent l'asile politique, pourquoi je ne peux pas faire la même chose ?
Ne suis-je pas en danger comme eux ? C'est injuste, injuste, injuste, injuste, injuste, injuste, injuste !

Je n'ai que dix-huit ans, je n'ai encore rien accompli dans ma vie, je demande juste un peu plus de temps. S'il vous plaît, je ne connais même pas les joies de la chair, ni même l'importance d'un baiser. J'ai vécu correctement en faisant attention à mon avenir, j'ai un rêve, je ne veux pas partir sans l'avoir accompli.

Je suis trop jeune, je sais que c'est un cliché qui revient souvent dans les films, mais c'est la juste vérité. J'ai tellement à faire. Je ne peux pas m'éteindre après si peu de saisons.

Je ne veux plus savoir, j'étais mieux les yeux bandés.
Savoir, c'est abandonner."
...

Le même schéma se répète, inlassablement, sans essouffler sa magie, depuis quelques nuits. Il est assis, le visage relevé, les yeux fermés, la bouche ouverte, il chante, sans s'arrêter, comme si sa vie se jouait. C'est un passionné, un acharné, ses notes transportent son âme en direction de cette lune qu'il semble apprécier d'avantage que les hommes. C'est un ange terrestre, un don du ciel, sa voix est douce comme du miel, son visage est blanc comme neige. Je crois que je suis déjà très attaché à lui.

-Jimin.

Sa mélodie suspend sa course un instant, toute son attention m'est attribuée, je ne me tromperais pas trop si j'affirmais qu'il m'apprécie de plus en plus à chaque levé de soleil. Il est autant habitué que je le suis, nous nous complaisons mutuellement dans cette routine qui prend place.

-Hum ?

Il fait sa tête de garçon ennuyé, il adore agir de façon détachée, nous savons tous les deux que ce n'est qu'un masque qu'il porte en permanence pour se donner une image. Au fond, il est tendre comme une guimauve.

-Pourquoi tu ne passes pas une audition ?

Je ne sais pas s'il y a plus beau sourire que celui qui se dessine dans l'ombre de la nuit, plus belle figure que celle de la sincérité. Les lèvres abîmées de mon ami se redressent, joyeuses. Ma question doit être attendrissante, il ne sourit que très peu, pour les bonnes choses, rendant le moindre rictus réconfortant. C'est un bon garçon.

-Je te l'ai déjà dit, je suis éphémère. Qui voudrait d'un papillon ?

Éphémère, je déteste quand il utilise ce mot, cela me fait peur. Je ne comprends pas où il veut en venir, il n'est pas assez explicite, son mot est mal choisi, il doit y avoir un synonyme plus juste, plus clair, moins effrayant.

-Jimin, si tu disparais, je te retrouverais.

Le rouquin soupira, ses lèvres redevinrent tristes, il était de nouveau fané. Il croisa ses bras sur sa poitrine maigrichonne, il ne chantera plus, l'oiseau de nuit est redevenu muet.