- SIX -

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ATELLA •

Je bloque sur un truc...
Je suis en cours de français et nous devons écrire tout un texte sur notre ressenti par rapport au récit que nous a lu trois fois la professeure.

Le ressenti...
Satané ressenti !

J'ai toujours eu du mal avec ça depuis ma tendre enfance. Exprimer le ressenti, c'est quelque chose que les surdoués n'arrivent pas à effectuer, après il y a des exceptions comme toujours.
C'est bizarre parce que moi, je peux être hypersensible mais je peux aussi être incapable d'exprimer ce que je ressens à l'oral ou à l'écrit.

Ce travail est noté et je n'ai écrit que deux simples lignes.

« — Bah alors Atella, que vous arrive-t-il ? Cet exercice vous en fait perdre votre alphabet ? » ricane la prof.

Gniagniagnia !
Toi t'es pas prête de t'apercevoir que je suis surdouée.
Tant mieux.

« — Ce travail est noté, mademoiselle Ebona.
— Je le sais tout à fait.
— Eh bien, accélérez le mouvement mademoiselle ! »

Oh ça va !
J'essaie de me concentrer si vous le voulez bien.
Je regarde discrètement un peu les feuilles de tout le monde dans la classe. Elles sont toutes remplies de quinze, vingt lignes au moins. La prof a demandé qu'il y ait au moins vingt-cinq lignes minimum. Nous sommes à quinze minutes de la fin du cours et mon papier possède que deux pauvres lignes. Je vais me prendre une mauvaise note en pleine face comme à chaque devoir de français noté et je vais m'apitoyer sur mon sort... Encore et encore.

{...}

La sonnerie retentit.
Ma feuille contient treize lignes exactement.
Treize ? Ce n'est pas bon signe.
J'expire l'air de mes poumons, signe d'agacement.
Je regarde de loin la feuille de Julian, le King de cette matière. Il a écrit plus de vingt-cinq lignes, facile. Comment il a fait ça ?!

Je rends ma feuille la dernière puisque j'étais encore en train de creuser dans mon cerveau pour voir si je pouvais dénicher deux ou trois phrases de description de plus pour exprimer mon ressenti sur ce putain de texte. Mais non... Rien.

« — Cette feuille n'est pas très garnie, mademoiselle. » constate la prof.

Sans blague !

« — Vous savez compter ? »

Oh que oui ! Je suis plus qu'une tête en maths !

« — J'ai dit vingt-cinq lignes minimum.
— Oui bon, écoutez madame, j'ai fait de mon mieux, hein !
— Ne vous énervez pas enfin, mademoiselle. Je sais que vous avez fait de votre mieux. J'en prendrai compte mais... ne vous attendez pas à avoir la meilleure note. »

Mon cerveau est déjà prêt à recevoir cette mauvaise note, t'inquiète pas.

{...}

Après le cours d'espagnol, c'est la récré. Je me retrouve seule avec Julian dans un coin de la cour. Je ne sais pas où sont les autres.
J'ai remarqué que Julian aime beaucoup rester avec moi et bizarrement ça ne me dérange pas. Je dis ça parce que quand une personne est très souvent près de moi et que je ne l'aime pas, je peux être exécrable.

« — Alors la surdouée, on rame en français ? me taquine Julian.
— Chut !
— Oh c'est bon. Personne ne nous entend.
— On dirait que t'es impressionné d'avoir quelqu'un de surdoué à côté de toi.
— Non, pas à ce point mais c'est rare d'en voir dans ce type de lycée.
— Oh tu sais, à la base je ne devrais pas être ici.
— Comment ça ?
— Bah je ne suis pas censée être dans ce lycée, je dois être normalement dans un lycée pour les surdoués, les précoces etc...
— Eh bien, qu'est-ce que tu fiches ici ?
— Euh... c'est une longue histoire dont je ne veux pas parler pour le moment. »

Je vais pas lui raconter la raison pour laquelle je suis ici, mes parents, le déménagement à cause du divorce etc...

JULIAN •

Je ne comprends pas pourquoi Atella s'obstine tant à vouloir cacher son quotient intellectuel plus élevé que les personnes de notre classe au moins.
C'est pas un crime d'être surdoué. Ça doit être trop cool, surtout dans les matières scientifiques où tu peux réussir à comprendre tout d'un coup et du premier coup.

J'aimerai lui poser cette question mais au fur et à mesure que j'apprends à la connaître, je m'aperçois qu'Atella est une fille très irritable quand quelque chose ne lui plaît pas et je sais que cette question ne va pas lui plaire donc autant m'abstenir de la poser. Puis, j'ai pas envie de la faire fuir. Cette fille me captive. J'aime être auprès d'elle. Elle est mystérieuse sans l'être, elle est... différente des autres filles ici et de celles que j'ai vu dans ma vie.
Après c'est peut-être dû au fait qu'elle soit surdouée puisque quand je regarde des reportages ou quand je lis des articles sur eux, ça y montre qu'ils sont un peu... différents de nous sans être péjoratif. Mais moi je le vois pas de cette façon. Je vois cette "différence" comme un atout chez elle. En fait, je n'ai jamais été autant intéressé à ce point par une fille.
Je m'en étonne moi-même.



C'ÉTAIT LE CHAPITRE SIX —

ATELLA Où les histoires vivent. Découvrez maintenant