ATELLA

- NEUF -

• ATELLA •

Julian et moi descendons du bus qui nous a emmené au bord du fleuve.

« — On est fous, dis-je.
— Pourquoi ? questionne-t-il.
— Se promener au bord du fleuve en ce début de mois de Novembre ? Faut être fou ! On se les gèle.
— Oh ça va. Puis si t'as trop froid tu pourras te blottir dans mes bras. »

Je le regarde incrédule.

« — Bah quoi ? Qu'est-ce qu'il te prend de me regarder comme ça ? C'est pas toi qui m'a prise dans tes bras il y a quelques semaines ?
— Si.
— Bah voilà. »

Non c'est juste que ça m'a surprise que Julian dise ça, surtout avec une assurance qu'il a rarement avec moi.

{...}

« — Parle-moi de toi, me dit Julian.
— Euh comment ça ?
— Bah parle-moi de toi. Tu sais des choses chez moi mais je ne connais pas l'équivalent chez toi. Un jour, tu m'as dit que tu ne devais pas te retrouver dans notre lycée et tu ne m'as pas dit pourquoi. Je suis tout ouïe. »

Autant lui dire. Je sais des choses sur lui donc lui aussi a le droit de savoir mon histoire... triste aussi.

« — Mon père a trompé ma mère alors qu'elle était enceinte de ma seconde petite sœur, ils ont divorcés après que ma mère ait accouché. Au départ, mon père payait la pension mais deux ans après il a arrêté sans raison donc nous avions plus assez d'argent pour vivre dans le pavillon où nous vivions qui était près de l'institut où j'allais donc nous avons emménagé ici. Mon père est allé avec sa nouvelle femme dans le sud et depuis aucune nouvelle.
— Oh je...
— Ne sois pas désolé. C'est la vie. »

Il hoche la tête avec un sourire de compassion puis je me blottis dans ses bras.

• JULIAN •

Je me suis trouvé un point commun avec Atella et pas des moindres. C'est vrai que ce sont des points pas très joyeux mais dans sa tristesse on peut toujours trouvé quelqu'un pour la partager et compatir. Comme l'a dit Victor Hugo : "il y a souvent plus de choses naufragées au fond d'une âme qu'au fond de la mer." Je me reconnais, moi, et ma sœur dans cette citation. Je reconnais Atella mais je reconnais aussi Austin et Bryan. Comme quoi, il ne faut jamais dire que la vie d'un autre est meilleure que la nôtre. C'est ce que je croyais en voyant Atella, je sais pas pourquoi. Mais en apprenant ça sur elle, je pense que ça va d'autant plus nous rapprocher.

{...}

LE LENDEMAIN

• ATELLA •

Je suis en ce moment en train de discuter avec Bryan et Austin. Julian et Yulia sont absents aujourd'hui.

« — Qu'est-ce qu'il se passe avec Julian ? m'interroge Austin.
— Quoi ? Comment ça ?
— Vous êtes en couple ou pas vraiment ? On comprend pas, dit Austin.
— On est pas en couple !
— Même pas un petit rapprochement ? demande Bryan.
— Euh... non. »

Ils me regardent pas convaincus avec un sourire en coin.

« — Quoi ? C'est la vérité.
— Mouais... fit Bryan.
— De toute façon, on sait que Julian et toi vous nous cachez des choses mais comme vous voulez garder votre petit jardin secret, on vous laisse, déclare Austin.
— Je ne sais pas plus de choses sur vous non plus, répliquai-je.
— Nous aussi, nous avons notre petit jardin secret. » rétorque Austin avec un clin d'œil.

{...}

À la fin des cours, je décide d'appeler Julian pour m'assurer qu'il va bien.

📲📞
Julian – Allô ?
Moi – Oui Julian ?
Julian – Oui Atella, ça va ?
Moi – Moi oui mais je te retourne la question.
Julian – Euh oui je vais bien... pourquoi ?
Moi – Enfin Julian, tu étais absent aujourd'hui avec ta sœur.
Julian – Oui mais t'inquiète pas c'est rien. On avait des visites médicales.
Moi – Des visites médicales ?
Julian – Oui.
Moi – Ok... hum... je... je t'ai pris les cours, tu veux que je te les ramène ?
Julian – Non ça ira, je les prendrai demain, merci.
Moi – Ok, à demain.
Julian – À demain Atella.
📱☎️

« — Des visites médicales, tu dis ? »

Reine et Kelly ont écouté ma conversation. Qu'est-ce qu'elles ont à me coller à chaque fois ?!

« — C'est impoli d'écouter les conversations des gens !
— Ton cher Julian était absent aujourd'hui pour des visites médicales, hein ? dit Kelly.
— C'est bien ça, Julian est séropositif, lance Reine.
— Mais n'importe quoi ! Qu'est-ce que vous raconter ?!
— Il va pas oser te le dire puisqu'il est collé à toi tout le temps, il se trame quelque chose dans sa tête, commente Kelly.
— Il a tout à fait le droit de rester collé à moi comme tu dis !
— S'il te le dit, tu vas le fuir donc il te le dira pas, continue Reine.
— Vous n'avez aucune preuve ! m'écriai-je.
— Mais réveille-toi Atella ! Tu sais très bien que les prostituées ont toutes sortes d'IST, donc comprends que Julian et sa sœur en ont sûrement ! C'est même sûr à cent pour cent ! s'exclame Reine.
— Pourquoi vous faites tout pour que je m'éloigne de lui ?
— Pour pas que tu attrapes sa maladie, Atella, répondit Kelly.
— Solidarité féminine et solidarité entre filles noires. » conclut Reine.

Et si c'était vrai ?
Déjà, toute cette histoire je ne l'ai pas apprise par Julian donc il a très bien pu me cacher qu'il a peut-être une maladie.
Ou alors, elles inventent tout pour que je m'éloigne de Julian et qu'il souffre encore plus puisque je sais qu'il tient à moi.
Qui croire ?

— C'ÉTAIT LE CHAPITRE NEUF —