Epilogue

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Je stressais. Le côté le plus chiant de ma personnalité ressortait encore une fois. Pour cette toute nouvelle rentrée. Mais franchement, j'avais le droit d'angoisser comme je voulais parce que rentrer à l'université c'était quand même un gros changement. Je n'étais pas non plus sur le point de défaillir et de me ridiculiser devant tous les étudiants du campus. Non, je ressentais juste une petite gêne, celle que l'on connaissait tous, car qui n'avait jamais stressé ?

Je laissais donc le lycée derrière moi. L'année s'était déroulée sans aucun autre rebondissement. Mon train-train de vie des plus banals et moi avions vécu en parfaite harmonie. Je n'avais plus jamais recroisé Joshua, ni Brian, qui semblait avoir déserté la ville. Est-ce que j'allais pleurer sur son sort ? Pas du tout.

En revanche, j'avais revu Amberly et l'expérience avait été très différente de celle que j'avais imaginée si je l'apercevais un jour. Elle avait toujours été si bien apprêtée que j'avais failli ne pas la reconnaître sous son survêtement trop grand, ses cheveux attachés à la va-vite et son visage dépouillé de toute trace de maquillage. Mais ce qui m'avait le plus choqué, c'était son expression. Elle avait le visage éteint. Bien que je n'aie aucune envie d'en faire ma meilleure amie, je n'étais pas dépourvue d'empathie pour autant. Ça m'avait fait beaucoup de peine de la voir dans cet état. Amberly avait clairement de gros problèmes à régler et je n'allais pas lui jeter la pierre. Elle aussi m'avait vue. Mais elle avait rapidement détourné la tête et s'était dépêchée de disparaître derrière un immeuble.

Je poussais un soupir en observant ce qui m'entourait. J'avais posé mes fesses sur un muret en pierre qui se trouvait au milieu d'une vaste place où beaucoup d'étudiants se réunissaient en général. Et en ce jour de rentrée, elle était noire de monde. Ça me rappelait un peu mon premier jour de rentrée l'année précédente. Mais je ne serais pas toute seule pour celle-ci.

Je regardais deux amies s'étreindre quand mon champ de vision se retrouva réduit par une main tenant un gobelet de café.

— Salut toi.

Un sourire étira mes lèvres. Je relevais la tête vers le propriétaire de ladite main. Cheveux bruns décolorés par le soleil et la mer, yeux à la pigmentation incroyable, sourire en coin de beau gosse, pas de doute, c'était bien mon cher et tendre. Cal avait changé en l'espace de quelques mois, il était plus carré d'épaules et avait perdu ses traits juvéniles. Il était encore plus beau qu'avant, plus adulte aussi, même s'il restait un éternel idiot.

— Bonjour. Serait-ce ma boisson préférée ? demandai-je en désignant le gobelet.

— En effet.

Je tendis la main pour l'attraper mais Cal recula sa main. Je fronçai les sourcils.

— Je veux une récompense.

— C'était trop beau pour être vrai.

— J'attends toujours, me nargua-t-il.

Je soupirai puis finis par me lever pour me mettre à sa hauteur. J'avançai jusqu'à ce que le bout de nos chaussures se touchent. Les yeux de Cal brillèrent davantage et son sourire en coin s'agrandit. Je posai une main sur son torse et rapprochai mes lèvres des siennes. Sa respiration se bloqua. Lorsque nos lèvres se frôlèrent à peine, je lui pris le gobelet des mains et reculai victorieusement.

Cal se renfrogna.

— Ce n'est pas juste.

Je ris avant de poser ma boisson sur le muret. Je me rapprochai de lui et il me prit aussitôt par la taille d'une poignée ferme, certainement pour m'empêcher de fuir.

Tu paries ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant