Chapitre 6

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Le lendemain soir, à la sortie de l'école, je laissai Jon rentrer seul. La journée s'était déroulée sans que ni Cal ni moi ne cherchions à nous défier. Il devait sûrement songer à la revanche qu'il devait prendre. Quant à moi, j'allais acheter du tissu. Entre les différents croquis et nos discussions, je savais avec plus de précision ce qu'Alice et Julie souhaitaient. J'en avais aussi profité pour prendre leurs mesures.

Je m'étais renseignée et avais trouvé une boutique à l'ouest de la ville qui faisait des tissus assez sophistiqués. En me dirigeant vers mon vélo, je reconnus un peu plus loin Amberly en grande discussion avec un garçon. Je n'entendais pas leur conversation mais elle semblait énervée contre le pauvre bougre qui ne pipait mot et fixait le sol, presque ennuyé. Je me détournai et partis sans vouloir en savoir plus.

Je mis dix minutes à atteindre le magasin qui était une boutique de prêt-à-porter avant tout. A Simsé, on tombait toujours sur de petits bazars regorgeant de tissus à chaque coin de rue. Ici, c'était plus compliqué car très peu cousaient. Mais la gérante de ce magasin n'importait pas tous les vêtements qu'elle vendait, elle en créait pas mal. Ce qui m'intéressait davantage.

J'entrai dans la boutique, deux femmes farfouillaient parmi les montants. Je me dirigeai vers la caisse où se tenait une femme d'une quarantaine d'années, vêtue élégamment. Elle avait agrémenté sa tenue de bijoux faits maison. Le tout me rassurait quant à mon choix de magasin.

— Bonjour, je peux vous aider ? me demanda-t-elle.

— Bonjour. Oui, j'aimerais vous acheter du tissu. C'est pour la confection de trois tenues.

— Vous cousez ?

— Oui, je viens de Simsé, la renseignai-je dans un sourire.

Le simple nom de mon village éclaira le visage de la gérante.

— Oh j'ai une amie là-bas ! Venez, on va aller à l'arrière. Jessica !

Une jeune vendeuse s'approcha de nous.

— Tu t'occuperas des dames si elles veulent un conseil, je vais derrière avec la demoiselle.

Sur ces paroles, elle m'entraîna à l'arrière du magasin. On traversa d'abord un couloir bordé de chaque côté par des centaines de vêtements en stock.

— Vous créez tous ces vêtements ?

— Une partie, oui, mais j'en commande aussi à ton village et également dans une ville de l'ouest. Ils innovent toujours des tissus remarquables. J'en ai justement reçu il y a quelques jours. Ça pourrait t'intéresser.

On entra alors dans une pièce de taille moyenne mais incroyablement bien rangée. A gauche, trois machines à coudre dernier cri étaient disposées sur de petites tables en bois. Au fond et à droite, les deux murs étaient recouverts d'étagères, parsemées elles-mêmes de nombreux tissus. Je me sentis comme dans l'atelier de ma grand-mère. Je ne savais plus où donner de la tête.

— Qu'est-ce que tu cherches ?

— L'une de mes amies aimerait une robe longue dans des tons orangés et brun. Mais elle veut pouvoir danser... donc dans un tissu fluide et léger. L'autre est plus excentrique, elle veut littéralement péter le feu avec sa robe donc du jaune, de l'orange et du rouge pour elle.

— Eh bien, ton amie n'a pas peur...

— C'est vrai, souris-je.

— Et pour toi ?

— Je ne sais pas encore...

— Tu n'as qu'à regarder un peu, proposa-t-elle. Moi je vais te sélectionner quelques rouleaux.

Tu paries ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant