MAYA

Chapitre 5:

« -Tout ça pour monter dans un bateau ? C'est sérieux ? Je ne te comprends pas une seule seconde.

-Je sais...moi aussi j'ai du mal.

-Mais ? Si tu pouvais remonter le temps, tu changerais les choses ? Maya ?

-Avec des si on mettrait paris en bouteille.

-Mais si tu pouvais ? Tu resterais auprès d'elles ?

-Non...je ne pense pas.

-Pourquoi ?

-Parce qu'il ne faut pas s'attacher. Jamais.

-C'est trop tard pour toi je crois Maya.

-Ah bon ? Je souffle

-Sinon tu ne serais pas là. »

« C'est ta première fois petit ? Demande un homme, je tourne la tête brusquement, il semble avoir une trentaine d'années, ses cheveux sont blonds et ses yeux noisette, il fume la pipe en regardant au loin.

Leonid. Lance-t-il en me tendant la main. Je lui serre. En hochant la tête.

J'étais pareil à ton âge, l'appel de la mer... C'est la pire des amantes, retiens le petit, une fois que tu commences à la fréquenter tu ne peux plus vivre sans elle.

Il crache de la fumée, elle s'envole aussitôt avec les embruns.

Tu as quel âge ?

Je montre quatorze avec mes doigts. »

L'homme sourit comme touché par mon handicap fictif.

Il reste un moment à côté de moi à regarder les vagues en silence puis il s'en va.

J'entreprends d'aller voir ce que fabrique Natasha. Je traverse le baleinier, je rentre à l'intérieur, je retrouve notre cabine sans trop de difficulté. Je pousse la porte. Natasha est allongée sur le lit du bas, elle trifouille un circuit électronique.

« -Ça va Mulan ? Me taquine-t-elle lorsque je rentre

Je lui jette un regard noir. Je ferme la porte derrière moi puis je murmure,

-Qu'est-ce que... tu as fait pour que ces types te connaissent tous ?

-Hé bien Tiago, saches que ces hommes sont d'anciens militaires et que je me suis battue à leur côté. Je lui réponds en chuchotant.

-Alors ils t'adorent ?

-Quelque chose comme ça en effet... Elle sourit. »

Je reste quelques instants dans la chambre, silencieuse, à la regarder manipuler des fils électriques, avant de sortir.

J'entreprends de visiter le bateau, les couloirs sont éclairés par la lumière du jour. Je me demande combien il y a de personnes à bord.

Je traverse tout le bâtiment, le poste de commandes est situé à l'étage. Je pousse doucement la porte, le vieil homme, Dimitry est à la barre. Lorsqu'il me voit il se retourne vers les deux autres gars présents dans la cabine. Ils doivent avoir tous les deux une bonne quarantaine d'années, ils sont grands et forts, à l'image du chef cuistot plié en quatre dans sa cuisine. En les regardant plus attentivement, je suis frappée par leur incroyable ressemblance.

« -Messieurs, il parle fort, je vous présente le camarade Tiago, il est muet, c'est le neveu d'Elizaveta, un bon gars.

-Borislav, lance le premier en tendant sa main.

-Matvey, imite le second.

Je serre leur main rêche du mieux que je peux tandis qu'ils me broient la mienne.