Chapitre 6:

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« -Tu en as eu marre du bateau Maya ? Tu as eu peur de ce que Natasha t'as dit ?

-Qui n'aurait pas eu peur...

-Tu as regretté d'être partie ?

-Arrête de me poser cette question... S'il te plaît.

-Réponds-moi d'abord. J'ai besoin de savoir moi, si tu ne me racontes pas tout je ne pourrais pas te faire confiance.

-Non. Je n'ai pas regretté. Je sens un pincement à mon cœur sur ce mensonge. »

Je m'allonge sur mon lit en quête d'une activité qui pourrait occuper mon temps libre sur le bateau chaque jour.

En réfléchissant, je me dis qu'il pourrait être plaisant d'écrire des poèmes ou de faire des dessins que je pourrais montrer à mes amies et à ma famille à mon retour.

Je me mets donc en quête d'un carnet et d'un stylo. Je croise Natasha dans les couloirs, et j'entreprends de mimer un crayon avec mes doigts. Elle rigole, « Qu'est-ce que tu t'es mis en tête Tiago ! » A mon grand soulagement, elle sort un petit stylo bille noire de sa poche. Je me rends ensuite en cuisine, à la recherche de serviettes pour pouvoir écrire. Hélas elles sont toutes détrempés de jus de poisson et je ne préfère pas tenter l'expérience. Je file vers le poste de commande, Dimitry et Borislav sont à la barre, ils scrutent l'horizon avec des jumelles. Quand j'entre, Dimitry sourit.

« -Camarade Tiago ! La pêche vous a plus ?! J'hoche la tête. Il s'approche de moi et me met une bonne claque sur l'épaule. Alors, je le regarde et me mets à mimer un papier avec le stylo de Natasha.

Qu'est-ce que tu dis petit ? m'interroge-t-il comme si je n'avais pas parlé assez fort.

-Il veut une feuille. Lance Borislav

-Ah désolé gamin... S'exclame-t-il, Ici, les seuls papiers que nous avons sont des cartes, et on en a besoin, ah moins que tu veuilles rester deux mois de plus à bord ! » Dépitée, je sors et vais à l'avant du bateau pour me redonner du courage. La mer s'agite et de grosses vagues commencent déjà à s'élever au-dessus du pont. Léonid est là, fidèle au poste, je me demande quel est son rôle sur le baleinier, il est différent des autres... Vraiment différent. Il fume sa pipe, encore, d'ailleurs, il est étrange qu'elle soit encore allumée avec la force du vent, et les gouttes d'eau salées qui nous brûlent et nous glacent les joues. Je commence à lui mimer mon papier.

« Tu veux un carnet ? demande-t-il, J'ai senti que tu avais l'âme d'un poète ! J'ai peut-être quelque chose pour toi. » Je souris, et retiens de peu un merci beaucoup.

L'homme s'éclipse, je reste seule à l'avant du navire, solidement cramponnée à la coque tant la force des vagues s'amplifie. Léonid ne tarde pas à revenir. Chaque seconde, le ciel est plus sombre, la houle est de plus en plus forte et le navire tangue dangereusement.

« Tiens ! Hurle l'homme pour que je l'entende, c'est un carnet de vieilles cartes marines ! Le soleil les a jaunis ! Je pense que tu pourras écrire dessus sans problèmes ! Rentre à l'intérieur ! Crie-t-il de plus belle en me tendant le carnet, la nuit va être longue ! »

Je cours vers la cabine en évitant de peu les monstres d'eaux salées qui s'écrasent violement sur le pont.

Je suis trempée et glacée jusqu'à l'os. Natasha est dans notre cabine. Je retire mon imperméable et fouille dans mon sac afin de trouver des vêtements secs. Je me change dans mon lit, sous la couette, n'ayant d'autres endroit si ce n'est les douches communes des hommes ou je ne préfère pas m'aventurer.

J'essuie dans les draps je petit calepin de Léonid. Là je commence à écrire mon premier poème. Le temps de trouver l'inspiration, un milliard de questions me viennent à l'esprit. Je me penche de mon lit en hauteur pour apercevoir Natasha.

MAYAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant