Ma respiration saccadée me brulait la gorge, mais je n'avais pas l'air de vouloir m'arrêter de courir. Je n'avais aucune idée de l'endroit où je me trouvais. J'allais si vite que le paysage autour de moi était flou. Je ne savais même pas s'il y avait un paysage. Peut être étais-je dans un tunnel. J'aperçus quelque chose. Quelque chose de blanc. Une lumière ? Alors j'accélérai l'allure, dans le but de découvrir d'où émanait ce faisceau. Il était éblouissant, je sentais que je ne pourrais pas soutenir la luminosité très longtemps. Je courrais plus vite que ce que me permettaient mes capacités habituelles. J'avais toujours détesté l'endurance au collège. Tout à coup, je me stoppai net. Ou pas. Je ne savais pas. Je ne ressentais plus rien. Même plus le sol, dans lequel je m'engouffrais aussi facilement que dans de la boue. Une succession d'émotions contradictoires parcouraient mon corps. L'angoisse. La peur. La fatigue. La curiosité. La fascination. Je voulais bouger, me débattre, mais aucun de me membres ne répondait. Je n'avais plus aucun contrôle sur mon corps.
La lumière blanche avait disparu. C'est alors que je me rendis compte que j'avais froid. Très froid. Trop froid. Je ressentais des morsures glacées tellement la température avait chuté. J'avais traversé le sol sans aucun souci, mais j'étais à présent dans un endroit totalement inconnu. On ne pouvait pas le décrire. Pas de sol. Je flottais ? Ce n'était pas une pièce blanche, ni noire, ni aucune autre couleur. Peut être le froid me faisait-il halluciner ? Des bruits étouffés me parvenaient, peut être des paroles, mais j'étais incapable de les discerner clairement. Puis, plus rien : le noir complet, enfin presque.
J'entrouvris les yeux et je dus cligner plusieurs fois des paupières pour découvrir ma chambre, paisible, éclairée par la lumière passant entre les volets, qui n'étaient pas entièrement fermés. J'avais une sensation étrange, dont j'étais incapable de connaitre la source. Tout était silencieux, peut être même trop. Habituellement, les enfants des voisins de dessous criaient dès sept heures du matin, et le voisin du dessus s'amusait avec sa scie électrique à partir de huit heures. Mais je n'entendais rien ce jour là. Je me remémorai donc le rêve de cette nuit. Quelle-était cette lumière ? Est-ce que, si j'avais couru plus vite, je l'aurai atteinte ? Je n'en avais aucune idée. Puis je me souvins du froid, au moment où je m'engouffrais dans le sol pour atterrir dans cette pièce aux couleurs indéfinissables. J'étais certaine d'avoir vraiment souffert d'une fraicheur glaciale, mais était-ce possible ? Je savais qu'on ne pouvait rien ressentir dans un rêve : ni l'eau, ni le sol, ni la fatigue, ni le chaud et ni le froid. Alors comment avais-je pu éprouver cela ? J'étais complètement perdue.
Les gargouillis de mon ventre commençant à se manifester, je décidai donc de descendre manger quelque chose. Ma mère n'était pas dans la cuisine, mais je ne m'en inquiétai pas le moins du monde. Elle était surement partie faire les courses, ce qui n'était pas rare. Je pris un yaourt dans le frigo. J'avalai cuillère après cuillère, perdue dans mes pensées. Quelque chose me tracassait, mais je ne savais pas quoi. Je mangeai de la brioche avec de la confiture et allai chercher le jus de fruit au frigo. Je compris alors ce qui me titillait. La lumière dans le frigo ne s'était pas allumée. Il devait surement y avoir une coupure de courant. J'essayai d'allumer la télé. Aucune réponse. J'essayai encore une fois, puis deux, puis trois, et j'allai vérifier les branchements. Rien à signaler. Je descendis au garage pour vérifier s'il n'y avait pas de coupure d'électricité. Je ne savais pas quoi faire, à quoi servaient ces boutons. Je me sentais nulle, comme une chèvre face à un ordinateur. Il fallait donc que j'aille réveiller mon père pour qu'il me dise ce que je devais faire.
Je grimpais les marches deux par deux pour monter au deuxième étage. Je poussai doucement la porte de la chambre de mon père et je jetai un œil à l'intérieur. Le lit était vide. J'hésitai à aller réveiller ma sœur, mais je ne voyais pas comment elle pourrait m'aider. Je pris mon téléphone, mais je me rendis compte que je n'avais pas de réseau, ni de wifi. Je me dirigeai vers la salle de bains pour me brosser les dents. Quand j'ouvris le robinet, l'eau ne coula pas. Plus rien ne marchait dans cette maison. Je regardai la pendule qui fonctionnait avec des piles : il était dix heures et demie passé. Ma sœur n'était toujours pas levée. En regardant par la fenêtre, je m'aperçus que la voiture de ma mère était garée devant la maison. Celle de mon père était là aussi. Ils n'étaient donc pas partis faire les courses ou quoi que ce soit d'autre. Je n'avais plus aucune idée de là où pouvaient être mes parents. J'entrai dans la chambre de ma sœur, mais il n'y avait personne. Où étaient-ils tous passés ? Je descendis les escaliers et je sortis dans le jardin.
Je ne voyais aucun de mes voisins aux alentours. J'allai vers une des portes d'entrée et je sonnai. Je ne reçus aucune réponse. Je réessayai, une, deux, trois fois. Toujours rien. Je tentai de sonner chez les autres voisins, sans plus de succès. Je rentrai chez moi, prise de panique. J'attrapai le combiné du téléphone fixe. Il restait un peu de batterie, mais aucun moyen de parler à quelqu'un, aucune ligne ne répondait. Je ressortis en vitesse tout en refoulant mes larmes.
- Y a quelqu'un ? Criai-je de toutes mes forces. C'est une blague ou quoi ?
Évidemment, je ne reçus aucune réponse. Tout le monde avait disparu. Comment était-ce possible? Il n'y avait plus personne nulle part. Sauf moi.
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Seule
AbenteuerTous les humains ont disparu. Seule Sofia est restée. Pourquoi elle? Elle n'en a aucune idée. Mais elle est désormais seule et doit se débrouiller pour survivre. Pourra-t-elle supporter ce poids? Jusqu'où peut mener la solitude?