Je fus tirée de mon sommeil très brutalement, un cri affreux retentit dans toute la maison. Avant même que je réalise ce qui m'arrivait, j'étais déjà debout, à chercher la provenance du bruit. Je mis de longues secondes à me rappeler que je n'étais pas seule dans la maison, alors je descendis en vitesse vers la chambre d'ami. Le cri avait cessé. Je toquai à la porte :
"Alistair, ça va, t'es réveillé?" Demandai-je suffisamment fort pour qu'il m'entende.
Je tendais l'oreille, et je n'entendis qu'un sanglot étouffé à travers la porte. Je me dis qu'il valait mieux le laisser tranquille, il devait avoir fait un cauchemar, cela faisait une semaine qu'on s'était rencontré et ce n'était pas la première fois qu'il criait pendant la nuit, mais quand je l'interrogeais le lendemain matin, il me disait qu'il avait fait un cauchemar et que ça n'était pas grave. J'allais donc remonter dans ma chambre lorsque la voix d'Alistair me parvint :
"Sofia? Fit-il en ouvrant la porte, désolé de t'avoir réveillée.
- Non c'est rien, t'inquiètes pas, lui répondis-je, tu vas bien?
- Ca va aller, je vais réessayer de dormir.
- Ok, bonne nuit alors.
- Ouais, bonne nuit, dit-il en tournant les talons.Je remontai en vitesse les marches et je me remis dans mon lit, puis je plongeai dans un léger sommeil.
Le noir, ce noir si angoissant, si profond et obscur... Je sais parfaitement ce qui va se passer après. Une image. Et encore le noir, et encore une image, et ainsi de suite jusqu'à la fin, la dernière image, ou je suis là, assise contre le mur gris d'une petite chambre, et je sanglote, je ne m'entends pas sangloter, mais les pleurs font partie de moi, puis je me réveillai, en sueur.
Je me levai, je mis un pull et j'allai dans la salle de bain me mettre de l'eau sur le visage. Après cela, je descendis à la cuisine pour me préparer à manger. A ma grande surprise, je trouvai Alistair assis à la table.
"Hey, ça va? Déjà debout? Lui demandais-je
- Ouais, je n'ai pas tellement réussi à me rendormir depuis cette nuit...
- Ah mince, tu veux me parler de ce qui s'est passé?
- Je sais pas... C'est pas tellement des cauchemars, c'est plus des flashs, des images qui se succèdent, je comprends pas tout, et ça me fait ça depuis que je me suis réveillé et que je n'ai trouvé personne... La dernière image est si... terrible, et sa voix flancha sur le dernier mot.En écoutant les paroles d'Alistair, je me rendis compte de deux choses. Premièrement, il faisait des cauchemars semblables aux miens. Et deuxièmement, pour lui, les humains avaient disparu presque trois mois après que je m'étais retrouvée seule. Cela n'avait aucun sens. Je lui fis part de mes remarques qu'il trouva pertinentes. Comment pouvait-on expliquer que pour lui, il y a un peu plus d'une semaine, sa vie était normale, alors que de mon côté, j'étais seule depuis trois mois? Nous étions perdus l'un comme l'autre.
"Je crois qu'il faut qu'on se change les idées, fis-je remarquer mollement.
- Ouais. Tu proposes quoi?
- Il a neigé pendant une semaine, et aujourd'hui il fait beau, alors à ton avis?
- Du ski? me demanda-t-il.
- Bien sur!
- Ouais, mais faut que je passe chez moi chercher mes affaires.
- Ok, fis-je la bouche pleine.Je remontai dans ma chambre pour me préparer. J'enfilai des vêtements de ski pas trop chauds car nous n'allions pas pouvoir utiliser les remontées mécaniques. Il allait donc falloir utiliser les peaux de phoque pour remonter.
"T'as des ski de randonnée, toi? Me cria Alistair depuis la chambre où il s'était installé.
- Bien sur, j'en faisais souvent avant... Et toi t'es équipé aussi? lui répondis-je.
- C'est justement là le petit problème, j'ai que mes skis alpins super lourds donc je sais pas si on va pourvoir y aller.
- T'inquiètes, on passera dans un magasin en emprunter une paire avec des chaussures aussi.Depuis ma chambre, je l'entendis marmonner. Je me demandais ce qui lui arrivai alors je le questionnai :
"Un problème? demandai-je.
- Bah je sais pas si ça se fait trop de rentrer dans un magasin comme ça et se servir comme bon nous semble.
- Et qui va nous le faire remarquer? fis-je.
- C'est pas avec ce raisonnement qu'on va avancer, imagine que les gens reviennent comme ça, aussi soudainement qu'ils ont disparu, on les aura volé!
- En plus de trois mois je n'ai vu que toi, donc je pense pas qu'emprunter une paire de skis ne dérange le propriétaire du magasin, sauf si c'est toi le propriétaire, et puis si jamais ils réapparaissent comme tu le dis, et bien on le payera, ou alors il ne s'en rendra pas compte si on remet les skis à la bonne place.
- Ouais, fit-il peu convaincu
- Alors on y va?Il se leva d'un bond et descendit les marches jusqu'au rez-de-chaussée. Nous allâmes mettre le matériel dans la voiture et nous nous mîmes en route vers la maison d'Alistair. Alistair restait silencieux, concentré sur la route. Je repensai à cette nuit. Il avait l'air de faire des cauchemars semblables aux miens, mais quel sens pouvaient-ils avoir? Pourquoi ces flashs interrompus de noir? Ces questions resteraient surement sans réponse. Je me perdis ainsi dans mes pensées durant plusieurs longues minutes.
Après un moment, Alistair se gara devant une maison mitoyenne. Nous sortîmes de la voiture et il entra à la porte de gauche et je le suivis à l'intérieur. L'intérieur était lumineux, et la décoration était sobre, dans les tons de gris. Alistair monta les escaliers, et je restais dans le salon. Un cadre photo était posé sur un meuble. Je m'approchai pour discerner ce que cette photo représentait. Il y avait cinq personnes, de trois générations différentes. La personne la plus âgée, à droite, devait avoir autour de la soixantaine. C'était une femme, elle avait un sourire rayonnant. A gauche, il y avait un couple d'environ 35 ans, ils se tenaient par le bras, et l'homme jetait un œil sur les deux personnes au milieu. Ces deux personnes étaient des enfants, un d'environ dix ans et l'autre devait avoir 6 ans à peu près. Je reconnus facilement celui de 10 ans. Alistair... Cette photo me brisa le cœur. Les deux frères avaient l'air si proche. Sur cette photo, Alistair tenait son frère dans ses bras, et les deux riaient.
"Je suis prêt! annonça Alistair en descendant les escaliers.
Lui aussi avait mis des vêtements chauds, il ne manquait plus que les skis, que nous prendrions dans un magasin de location.
"Super, fis-je, alors allons-y"
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Seule
AdventureTous les humains ont disparu. Seule Sofia est restée. Pourquoi elle? Elle n'en a aucune idée. Mais elle est désormais seule et doit se débrouiller pour survivre. Pourra-t-elle supporter ce poids? Jusqu'où peut mener la solitude?