Seule

Chapitre 9

   Les flocons s'engouffraient dans le col de ma veste. J'avais froid. Là où j'habitai, on avait toujours eu des hivers très froids avec régulièrement des températures négatives le matin, mais là, c'était limite insoutenable. Un mois et demi après la disparition de tous les humains, la température avait considérablement chuté. L'arrêt de la pollution sur Terre avait du créer une sorte de choc thermique qui avait répandu le froid partout. Nous n'étions qu'en septembre et il neigeait déjà, c'était du jamais vu. Le thermomètre ce matin affichait -3°C. Cela faisait trois mois que je n'avais vu aucune trace d'humanité, mais aujourd'hui je me sentais plus seule que jamais.

   Mon plan avait fonctionné, j'avais fait tout ce qui pouvait me rendre heureuse, mais il restait une seule chose sur ma liste, je comptais l'accomplir le lendemain. Durant ces trois derniers mois, je m'étais fait plaisir, vêtements, activités, hôtels et tout le blablabla. Au fond, qu'avais-je fait? J'avais volé, saccagé, pénétré dans les maisons des gens. Je n'étais qu'une voleuse. Et le pire, c'est que je n'allais même pas être punie pour ça. Personne ne pouvait me juger ou même se moquer de moi. Je faisais ce que je voulais, point barre. N'importe qui aurait fait comme moi.

   Je poussai la porte et entrai dans ma maison, le froid de dehors commençant à me geler les doigts. J'avais allumé la cheminée, alors je me mis sur le canapé à côté du feu et je me perdis encore une fois dans mes pensées.

   Demain, j'achèverai enfin ma liste de "choses à faire", et le dernier élément n'était pas des moindres. Il fallait avouer que je stressais un peu, mais je n'avais pas le choix, je voulais absolument finir ce que j'avais commencé. Cette idée trottait dans ma tête depuis longtemps, avant même que je rédige ma liste. J'étais plutôt heureuse de finir par ça, et peut-être qu'après, je commencerais une nouvelle vie?

   Un chocolat chaud, quoi de mieux? Lors de la construction de ma maison, mes parents avaient eu la merveilleuse idée de mettre des plaques fonctionnant au gaz. Cela nous avait servi une ou deux fois lors d'une coupure d'électricité, mais aujourd'hui, j'étais heureuse d'avoir ça sous la main. Je pouvais les allumer avec juste une allumette. Le lait s'était bien conservé à la cave durant l'été, et maintenant il faisait suffisamment froid pour créer un frigo naturel dehors. Je versai donc le lait dans une casserole et je la mis sur le feu. Quelques minutes plus tard, j'étais assise sur le canapé, buvant lentement mon chocolat chaud. Mon dernier. Car c'était ma dernière bouteille de lait qui n'était pas encore périmée et qui n'avait pas tourné le temps que j'aille les récupérer au supermarché. Après, je pourrais boire du thé, surement la boisson la moins festive que l'on ait pu inventer.

   J'avais reposé ma tasse sur ma table basse, et j'étais désormais affalée sur le canapé, à attendre impatiemment le lendemain. La chaleur de la cheminée commençait à m'assommer. J'étais détendue et calme.

  Le noir complet. Un noir qui était rassurant, paisible. Une image. Je l'avais déjà vue. Des personnes qui font du ski, qui rigolent. Trois filles, mais je n'eus pas le temps de voir leur visage, le noir était déjà revenu. Cette autre image... J'étais dans le corps d'une autre personne, un policier me parlait, mais je n'arrivait pas à cerner ce qu'il me disait. Ma vision devint trouble, puis ce fut encore le noir. Et encore cette image. Cette image qui me revenait chaque nuit. Cette fille, moi, recroquevillée contre le mur, qui sanglotait, puis qui relevait la tête. Son visage était rouge et il exprimait une infinie tristesse. Ses yeux étaient verts bruns et inondés de larmes. Ce visage était la réplique parfaite du mien. Ça ne pouvait être que moi, le contraire aurait été impossible.

Note par moi :

Coucou, hello, buenos dias,

Bonne année à tous ceux qui liront ce message, tous ceux qui ont la patience d'attendre que je publie mes histoires et qui continuent de les apprécier, vous n'êtes vraiment pas beaucoup je sais mais MERCI ♥♥♥