Les jours passaient, tous identiques. Lorsqu'il faisait beau, je pouvais sortir pour continuer ma liste de choses qui devaient me permettre d'être plus heureuse, d'oublier ma solitude. Mais il n'en fut rien. Premièrement, le choix des activités est réduit à peu de choses lorsqu'il n'y a plus d'électricité nulle part. Deuxièmement, je m'ennuyais à mourir! Avant, quand je sortais pour faire quoi que ce soit, j'y allais généralement avec des amies ou avec mes parents. Mais là, faire des activités toute seule, sans voir aucune trace d'humanité, c'était insupportable.
La veille, j'étais allée dévaliser tous les magasins de la ville. Tout ça pour moi, gratuit, à volonté, cela aurait du me rendre euphorique, mais j'aurais préféré le partager avec une amie.
Le fait de savoir conduire m'aurait été d'une grande aide dans mon malheur, mais malheureusement, je n'avais pas encore passé la conduite accompagnée. Je n'avais donc pas tellement voyagé depuis la disparition de l'humanité.
Il fallait que je prenne l'air, sinon j'allais finir pas suffoquer à force de rester enfermée dans ma maison. Je pris mon vélo dans le garage et sortis de la maison. Je pédalai, l'air sur mon visage me faisait du bien. Je passai devant toutes ces maisons, sans ne jamais voir personne. Alors que je passai à côté d'une voiture gisant au beau milieu de la route, je pensai à quelque chose d'étrange. C'est vrai, il y avait plein de voitures sur les routes, certaines étaient sur le pas d'un portail devant une maison, mais il n'y en avait aucune dans les chaussées ni rentrées les unes dans les autres. Les humains avaient donc disparu subitement, sans même qu'ils s'en rendent compte. Peu importait de toute façon, ils avaient disparu, j'étais seule, point barre.
Au bout d'un certain temps, j'arrivai en centre ville. Ce n'était pas grand, il y avait juste une allée piétonne bordée de petits magasins, mais j'adorais cette ambiance, surtout l'hiver, lorsque des encore dans ma mélancolie.
En passant devant un bijoutier, j'aperçu une horloge qui affichait 16h05. C'était l'heure du gouter. Mais je ne goutais plus, il ne restait plus grand-chose de sucré et qui n'était pas avarié. Mais cette horloge affichait aussi la date : 25 Juillet. Cela faisait un mois tout rond que je n'avais pas vu de visage, un mois que j'étais seule, sans personne. J'avais réalisé le tiers des choses que j'avais écrites sur ma liste. Dans deux mois, je n'aurai plus qu'une chose a faire, la meilleure de toute ma liste, comme une libération, mais je la gardai pour la fin.
Aujourd'hui, je comptai aller au club de voile à cinq minutes du centre ville et aller naviguer sur le lac. C'était surement la meilleure idée que j'avais eu jusqu'à présent. Je pris mon vélo et me dirigeai vers le bord du lac. Les parcs pour enfants étaient vides, sans vie. Ce silence de mort me fit frissonner. L'eau du lac était claire, ce qui n'était pas étonnant puisque personne ne s'y était baigné depuis un mois, et aucun bateau n'avait navigué. Plus de pollution, la Terre ne pouvait s'en porter que mieux. C'est en pensant à ce sujet que je pensais aux avions. Aucun crash, comment cela pouvait-il être possible? Cela dit tant mieux, car les crashs auraient provoqué des incendies, et cela ne m'aurait pas vraiment arrangé.
J'arrivai au centre de voile. J'allai me changer. J'avais pris des vieux vêtements au cas où je tombe à l'eau. Ensuite, je pris un gilet de sauvetage. Un bateau était au bord déjà tout installé, prêt à l'emploi. A l'école, j'avais appris à monter un bateau, avec les voiles, le mat et tout ça, mais je ne m'en rappelai plus beaucoup...
Avec beaucoup de peine, je parvins à pousser le bateau dans l'eau, puis je sautai à l'intérieur. Il fallait que je sorte du port par l'ouverture entre les deux murs. Heureusement, il y avait une rame dans le bateau, et cela me permit de manipuler plus facilement l'embarcation. Je parvins à sortir du port, avec beaucoup de peine, certes, mais j'étais fière de moi.
Les petites vagues s'écrasaient mollement contre la coque du bateau. Il n'y avait pas beaucoup de vent, j'avais optimisé au maximum la position de voiles, mais je n'avançais tout de même pas vite. Au bout dix minutes de navigation, je commençai à me remémorer les cours de CM1. Je lâchai tout, et j'observais autour de moi. Les montagnes s'imposaient massivement au Sud, et je connaissais à peu près tous les sommets des alentours. J'aimais bien aller faire des randonnées en montagne avec mes parents, avant...
Ma vie d'avant me manquait terriblement, je n'aurais jamais imaginé qu'elle puisse être chamboulée d'une telle manière du jour au lendemain. Je ne me rendais pas compte à quel point j'étais entourée, j'avais des amis, j'avais une famille, j'avais un chat... Mais c'est à ce moment que je m'aperçus que je n'en avais pas profité pleinement. Si seulement il restait une seule personne dans le monde... A vrai dire, je n'en avais absolument aucune idée. Peut-être y avait-il des personnes comme moi un peu partout dans le pays. Comment pourrai- je savoir? J'étais complètement stupide, je ne savais pas fabriquer de l'électricité, j'étais totalement dépendante des usines, des services mis à disposition dans notre société, de mes parents... Je ne savais absolument pas me débrouiller sans tout ça et je n'étais ni autonome ni prévoyante.
Toutes ces pensées se bousculaient dans mon esprit, je ne savais plus où donner de la tête. Je me perdis dans un océan de mots, d'insultes envers moi-même et de pensées toutes plus inutiles les unes que les autres.
Je revins peu à peu à la réalité, et je me rendis compte que j'étais allongée dans le bateau, et j'ignorais depuis combien de temps j'avais quitté la rive, et je ne savais pas non plus si je m'étais endormie. Je m'assis péniblement et je m'étirai, puis je regardais autour de moi. A ma grande stupeur, je me rendis compte que j'étais très loin de mon point de départ. Je m'étais éloignée du rivage puis le fleuve traversant le lac m'avait emporté sur une dizaine de kilomètres. Le lac était grand, très grand. Il faisait 13km de large, mais je n'avais aucune idée de sa longueur. Tout ce que je savais, c'est que j'avais parcouru une grande distance et que j'étais au beau milieu du lac, et que le vent m'éloignai encore et encore de mon point de départ.
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Seule
AventuraTous les humains ont disparu. Seule Sofia est restée. Pourquoi elle? Elle n'en a aucune idée. Mais elle est désormais seule et doit se débrouiller pour survivre. Pourra-t-elle supporter ce poids? Jusqu'où peut mener la solitude?